Les chasseurs de mammouths
accueillir officiellement. Ils
se trouvaient sur le territoire du Camp qui recevait, et, même si cela était
tacite, c’était plus qu’un geste de simple courtoisie d’offrir à tous les
visiteurs la libre disposition des terrains de pêche, de chasse et de cueillette
qui appartenaient par droit d’hérédité au Camp du Loup. Bien sûr, la Réunion d’Été
ne se prolongerait pas sur toute la saison, mais recevoir à la fois tant de
gens représentait une lourde charge, et il était nécessaire de préciser si
quelque territoire particulier devait être évité afin de ne pas abuser des
ressources de la région.
Talut avait été très surpris à l’annonce du changement de lieu
pour la Réunion d’Été. D’ordinaire, les Mamutoï ne se rassemblaient pas dans un
Camp. Ils choisissaient habituellement un emplacement situé sur la steppe ou
dans la vallée d’une grande rivière, susceptible d’accueillir plus aisément de
telles concentrations d’êtres humains.
— Au nom de la Grande Mère de toutes choses, le Camp du
Lion est le bienvenu, annonça une maigre femme aux cheveux gris.
En la voyant, Tulie reçut un choc. Elle se rappelait une femme
robuste, d’une grâce incomparable, qui avait assumé sans difficulté les
responsabilités de sa position de Femme Qui Ordonne. En une seule année, elle
avait vieilli de dix ans.
— Marlie, nous apprécions votre hospitalité. Au nom de Mut,
nous vous en remercions.
Un homme étreignit les deux mains de Talut, en manière de salut.
— Toujours le même, je vois, fit-il.
Valez était plus jeune que sa sœur, mais, pour la première fois,
Tulie remarqua, sur lui aussi, les signes de vieillissement. Du coup, elle prit
soudain conscience de sa propre condition mortelle. Elle avait toujours cru
Marlie et Valez proches de son âge.
Valez continuait :
— Mais voilà la plus grosse surprise, je crois. Quand
Thoran est accouru en criant que des chevaux traversaient la rivière à gué avec
vous, personne n’a pu s’empêcher d’aller voir. Et alors quelqu’un a découvert
le loup...
— Nous n’allons pas vous demander de tout nous raconter dès
maintenant, dit Marlie, même si, je le reconnais, je meurs de curiosité. Vous
allez devoir répéter trop souvent votre récit. Nous attendrons donc la
soirée : tout le monde en profitera.
— Marlie a raison, naturellement, déclara Valez, qui aurait
pourtant préféré connaître l’histoire sur-le-champ.
Il remarqua aussi que sa sœur semblait particulièrement
fatiguée. Elle allait vivre là sa dernière Réunion d’Été, il le craignait.
Voilà pourquoi il avait accepté d’accueillir ce rassemblement, quand le terrain
initialement prévu avait été inondé par un changement dans le cours de la
rivière. Marlie et lui allaient abandonner leur position de chefs cette même
saison.
Marlie reprit la parole.
— Servez-vous de tout ce dont vous aurez besoin, je vous en
prie. Êtes-vous bien installés ? Je regrette que vous deviez loger dans ce
coin isolé, mais vous êtes arrivés bien tard. Je n’étais même plus sûre que
vous alliez venir.
— Nous avons fait un détour, reconnut Talut. Mais cet
endroit nous convient parfaitement. Il est préférable pour les animaux qui ne
sont pas habitués à voir tant de monde.
— J’aimerais bien savoir comment ils se sont habitués à la
présence d’une seule personne ! claironna une voix.
Les yeux de Tulie s’illuminèrent à la vue du grand jeune homme
qui s’approchait, mais Deegie fut la première à l’atteindre.
— Tarneg ! Tarneg ! s’écria-t-elle, en courant se
jeter dans ses bras. Les autres occupants du Foyer de l’Aurochs la suivirent de
près. Tarneg étreignit sa mère, Barzec ensuite. Tous avaient les larmes aux yeux.
Druwez, Brinan et Tusie réclamèrent ensuite son attention.
Il passa un bras autour des épaules de chacun des garçons,
déclara qu’ils avaient bien grandi, avant de soulever Tusie de terre. Ils s’embrassèrent,
le jeune homme chatouilla l’enfant qui éclata d’un rire ravi. Il la reposa sur
le sol.
— Tarneg ! fit Talut de sa voix tonnante.
— Talut, vieil ours ! répliqua Tarneg, d’une voix tout
aussi sonore. Les deux hommes s’étreignirent. Il y avait entre eux un grand air
de famille : Tarneg, comme son oncle, possédait la stature et la vigueur d’un
ours. Mais il tenait de sa mère un teint et des cheveux moins hauts en couleur.
Il se pencha vers Nezzie pour
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