Les chasseurs de mammouths
délégation ?
— Nous sommes venus faire une offre pour Ayla, expliqua une
des visiteuses avec dignité en faisant comme si son offre n’avait pas été
refusée. Mon fils n’a pas de sœur.
Vincavec ne mit pas longtemps à faire le tour de la question et
sa décision fut vite prise.
— Moi aussi, je compte faire une offre, dit-il, une offre
en bonne et due forme, mais ce sera pour plus tard. Pour l’instant, je tenais à
te dire, Tulie, afin que tu puisses y réfléchir, que j’aimerais m’unir à Ayla.
Se tournant vers l’intéressée, il lui prit les deux mains et ajouta :
— Je veux m’unir à toi, Ayla. Je veux t’emmener avec moi et
que tu fasses de mon Foyer du Mammouth autre chose qu’un simple nom. Il n’y a
que toi qui puisses faire ça pour moi. Tu m’apportes ton Foyer, mais en
échange, je te donne le Camp du Mammouth.
Ayla était stupéfaite. Vincavec savait qu’elle était déjà engagée.
Pourquoi lui demandait-il de devenir sa compagne ? Même si elle en avait
envie, pouvait-elle brusquement changer d’avis et s’unir avec lui ?
Pouvait-on si aisément rompre une Promesse ?
— Elle a déjà donné sa Promesse à Ranec, dit Tulie.
Vincavec regarda la Femme Qui Ordonne dans les yeux et lui
adressa un sourire de connivence. Puis il fouilla dans sa sacoche, en retira sa
main fermée, l’ouvrit devant elle et lui montra les deux magnifiques morceaux d’ambre
poli qui étaient posés au creux de sa paume.
— J’espère que le Prix de la Femme qu’il t’a proposé est
élevé, Tulie, dit-il.
Tulie écarquilla les yeux. L’offre de Vincavec lui coupait le
souffle. Il lui avait effectivement demandé de dire son prix, et de le dire en
ambre, si elle le désirait, mais elle ne lui avait pas répondu, pas de manière
aussi précise en tout cas.
— Ce n’est pas à moi de décider, répondit-elle, en fermant
à moitié les yeux. C’est à Ayla de choisir.
— Je sais. Mais accepte cet ambre. C’est un cadeau que je
te fais pour te remercier de m’avoir aidé à construire mon habitation, dit-il
en lui tendant les pierres.
Tulie était au supplice. Elle ne pouvait pas accepter. Si elle
le faisait, il aurait barre sur elle. Mais c’était à Ayla de décider :
Promesse ou pas, elle restait libre de faire son choix. Quand Tulie s’empara de
l’ambre, Vincavec eut une expression de triomphe et elle eut soudain l’impression
de s’être laissé acheter pour deux morceaux d’ambre. Il savait qu’elle
repousserait maintenant toutes les autres offres. Il ne lui restait plus qu’à
convaincre Ayla. Il ne la connaît pas, songea Tulie. Qui pouvait se vanter de
la connaître ? Même si elle était maintenant mamutoï, elle restait une
étrangère. Qui pouvait prévoir ses réactions ? Tulie jeta un coup d’œil à
l’homme tatoué qui observait intensément Ayla, puis elle examina le visage de
celle-ci. Aucun doute : Ayla semblait intéressée.
— Tulie ! Comme je suis heureuse de te revoir ! s’écria
Avarie en s’approchant d’elle, les mains tendues. Nous arrivons bien tard. J’ai
l’impression que toutes les bonnes places sont prises. Tu ne pourrais pas nous
indiquer un endroit où dresser notre camp ? Où se trouve le vôtre ?
— Ici, répondit Nezzie en s’approchant pour saluer à son
tour la Femme Qui Ordonne du Camp du Mammouth.
Elle avait suivi avec beaucoup d’intérêt les propos qu’avaient
échangés Tulie et Vincavec. Ranec n’allait pas être heureux d’apprendre que
Vincavec voulait faire une offre pour Ayla. Mais Nezzie n’était pas sûre du
tout que Vincavec parvienne à convaincre Ayla, aussi élevée soit l’offre qu’il
comptait faire.
— Vous êtes installés ici ? s’étonna Avarie. Si loin
de tout ?
— Nous avons préféré nous installer à cet endroit à cause
des animaux, dit Tulie, comme si elle avait délibérément choisi cet
emplacement. Quand il y a trop de monde autour, cela les rend nerveux.
— Si le Camp du Lion s’est installé ici, pourquoi ne
ferions-nous pas de même, Vincavec ? proposa Avarie.
— Cet endroit n’est pas mal, dit Deegie. L’avantage, c’est
qu’on n’est pas les uns sur les autres.
Elle se dit que si le Camp du Mammouth s’installait à côté du
leur, il y aurait alors presque autant d’animation qu’au centre du campement.
— Je ne crois pas qu’on pourrait rêver meilleur endroit que
le voisinage du Camp du Lion, répondit Vincavec en souriant
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