Les chasseurs de mammouths
la tunique.
Tulie l’aida à l’enfiler. La tunique s’ouvrait devant, et se fermait avec des
garnitures en laine de mammouth rouge.
— Tu peux la porter fermée comme ceci, expliqua Nezzie.
Mais le jour de la cérémonie, tu devras l’ouvrir comme ça, fit-elle en
détachant le haut. Quand elle s’unit, une femme doit exhiber fièrement ses
seins.
Les deux femmes se reculèrent pour admirer la Promise. Quelle
poitrine magnifique ! pensa Nezzie. Une poitrine faite pour allaiter.
Dommage qu’Ayla n’ait pas de mère, elle serait fière de sa fille.
— Pouvons-nous entrer ? demanda Deegie en passant sa
tête par l’ouverture de la tente.
Les femmes du Camp entrèrent à sa suite admirer Ayla dans sa
tenue de cérémonie. Ayla comprit qu’elles étaient toutes dans le secret.
— Ferme la tunique, maintenant, conseilla Nezzie, et sors
la montrer aux hommes. Il ne faut pas la porter ouverte en public avant la
cérémonie.
Ayla obtempéra et déclencha des murmures émerveillés chez les
hommes du Camp du Lion. Des Mamutoï d’autres Camps étaient venus se joindre aux
admirateurs. Vincavec, dans la confidence, avait tenu à être présent. Lorsqu’il
la vit, il se jura de s’unir à elle, même s’il devait la partager avec une
dizaine de Mamutoï.
Un homme, qui n’était pas du Camp du Lion, bien qu’on le
considérât comme un de ses membres, assistait aussi à la scène. Jondalar avait
suivi Mamut et Ayla, incapable d’accepter la rebuffade qu’il avait essuyée.
Danug l’avait prévenu de ce qui se préparait et il avait attendu dehors avec,
tout le monde. Lorsqu’Ayla était sortie, sa beauté l’avait bouleversé, mais son
visage s’était peu à peu crispé dans une expression douloureuse. Il avait perdu
Ayla ! Elle montrait à tous qu’elle s’unirait à Ranec le lendemain.
Hébété, il décida de ne pas assister à son Union avec le sculpteur à la peau
noire. Il était temps pour lui de s’en aller.
Ayla avait remis ses habits de tous les jours et était repartie
avec Mamut. Jondalar se précipita sous la tente, et fut soulagé de la trouver
déserte. Il rangea les affaires qu’il comptait emporter, et les enroula dans sa
fourrure de couchage. Il décida d’attendre le matin, de dire au revoir à tout
le monde et de partir aussitôt après le repas. D’ici là, il ne préviendrait
personne.
Jondalar passa la journée à rendre visite à ceux avec qui il
avait sympathisé à la Réunion d’Été, mais sans dévoiler ses intentions. Le
soir, il s’attarda auprès des membres du Camp du Lion qu’il considérait comme
sa famille. Il savait qu’il ne les reverrait jamais, et les adieux s’annonçaient
difficiles. Il voulait parler une dernière fois avec Ayla, mais l’occasion ne
se présentait pas. Enfin, il la vit se diriger en compagnie de Latie vers l’auvent
qui abritait les chevaux, et leur emboîta le pas.
Leur conversation resta superficielle, mais la tension qu’elle
devinait chez Jondalar intimidait Ayla. Lorsqu’elle le quitta, il resta
bouchonner l’étalon. La première fois qu’il avait vu Ayla, elle aidait Whinney
à mettre bas, et cette vision l’avait profondément troublé. Jondalar se rendit
compte qu’il aurait du mal à quitter le jeune étalon pour lequel il éprouvait
des sentiments qu’il n’aurait jamais cru possibles.
Finalement, il retourna sous la tente et se glissa dans son lit.
Mais le sommeil le fuyait. Il repensa à Ayla, aux jours heureux passés dans sa
vallée, à leur amour naissant lentement. Non, il l’avait tout de suite aimée !
Il avait simplement mis du temps à le reconnaître, et c’était pourquoi il l’avait
perdue. Il regretterait toute sa vie d’avoir rejeté son amour. Comment avait-il
pu être aussi stupide ? Il n’était pas près de se le pardonner. Jamais il
n’oublierait Ayla.
La nuit fut longue et pénible, et aux premières lueurs de l’aube,
il n’y tint plus. Il ne pouvait se résoudre aux adieux, et décida de partir
sans dire au revoir à Ayla ni aux autres. Il ramassa ses affaires en silence et
se glissa dehors.
— Tu as choisi de partir à l’aube, murmura Mamut. Je m’en
doutais. Jondalar se retourna, surpris.
— Je... euh... je dois partir. Je... je ne peux plus rester
davantage. Il est temps que... euh... que je... bégaya-t-il.
— Je sais, Jondalar. Et je te souhaite un bon voyage. Un
long chemin t’attend. C’est à toi de décider ce qui est le mieux pour toi,
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