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Les chemins de la bête

Les chemins de la bête

Titel: Les chemins de la bête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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corps.
    — Nous ne sommes pas parvenus à retrouver la missive
dont il était porteur. La mère abbesse des Clairets en était l’auteur, elle
nous l’a confirmé, bien que ne souhaitant pas nous révéler sa teneur. Selon
elle, les deux autres moines ne se sont jamais présentés à l’abbaye. Quant à
celui qui repose dans votre grange, la description bien sommaire que nous lui
en avons fait ne lui rappelle rien. Jusque-là, nous ignorons à peu près tout
d’eux.
    — Pourtant, vous affirmez qu’il s’agit de moines.
    — En effet.
    — Pourquoi une telle certitude ?
    — Un détail qui ne concerne que les enquêteurs,
répondit le bailli avec une courtoise fermeté.
    La tonsure, pensa aussitôt Clément.
    Agnès avait perçu l’avertissement. Elle se tient coite
quelques instants. Lorsqu’elle reprit la parole, son changement de ton sidéra
l’enfant tassé derrière la porte. Il était devenu plus sec, presque
péremptoire :
    — Où voulez-vous en venir, messire bailli ?
    — Comment cela, madame ?
    — J’ai l’étrange sensation que vous biaisez.
    Un silence se fit qui inquiéta Clément. Monge de Brineux
était un homme puissant. Il tenait directement sa charge et son autorité du
très influent comte Artus d’Authon. Ami de jeunesse du roi Philippe, ce dernier
avait eu le bon sens de refuser des faveurs qu’il savait volatiles pour se
consacrer à l’administration de son domaine. Ce soin qu’il avait pris de ses
affaires lui avait permis de conserver l’amitié du souverain  – qui voyait
une dignité désintéressée dans l’attitude d’Artus, quand il ne s’agissait que
de méfiance politique  – et de faire de son petit comté l’un des plus
riches et des plus paisibles de France. Clément se rassura pourtant. La finesse
d’Agnès n’avait d’égale que son intelligence. Elle avait dû jauger son
interlocuteur avant d’opter pour une telle stratégie.
    — Comment cela, madame ? répéta-t-il.
    — Allons, monsieur, faites-moi la grâce de ne pas me
méjuger. Il paraît évident que nulle bête n’a attaqué ce pauvre hère, vous
comme moi en sommes convaincus. Je n’ai pas vu les autres victimes, mais votre
présence me renseigne assez. Ces hommes, du moins trois d’entre eux, ont été
assassinés, et leur ou leurs meurtriers ont tenté de maquiller ces crimes en
griffant sauvagement la face de leurs victimes.
    En griffant bien maladroitement la face de ces hommes,
rectifia aussitôt Clément de son poste d’espionnage.
    Un nouveau silence, plus bref cette fois, précéda l’aveu de
M. de Brineux :
    — C’est en effet la conclusion à laquelle j’en suis
rendu.
    — Mais alors, pourquoi cette urgente visite ? Car
vous n’avez pas ainsi chevauché, accompagné de trois de vos hommes, dans le
seul but d’examiner le corps malmené qui se décompose dans la grange. En quoi
ces meurtres concerneraient-ils Souarcy et sa maîtresse ? Allons,
monsieur, la vérité.
    — La vérité..., hésita le bailli. La vérité, madame,
c’est que nous avons découvert une lettre tracée dans la terre sous les
cadavres de deux des victimes. Mes hommes fouillent en ce moment les buissons
d’épineux désignés par ce Gilbert de votre maison pour s’assurer de...
l’absence de la lettre.
    Mon Dieu, ce A de terre sous l’émissaire du pape qu’il avait
brossé de la main sur une impulsion.
    — Une lettre ? Quel genre de lettre ? demanda
Agnès.
    — Une lettre de l’alphabet. Un A.
    — Un A  ? Je vois... Comme dans
« Agnès » ?
    — En effet, ou dans d’autres mots ou prénoms, je vous
l’accorde.
    Un rire incongru lui coupa la parole. La dame de Souarcy se
reprit rapidement avant d’ajouter :
    — Une pléthore... je puis, sans réfléchir, vous en
donner une trentaine ! Eh quoi, monsieur ? M’imaginez-vous courant la
forêt armée d’un griffoir, attaquant des hommes deux fois plus lourds que moi
si j’en juge par la corpulence de celui qui patiente dans mes communs ? Il
faudrait de plus supposer que je suis assez familière de mes victimes pour
qu’elles connaissent mon prénom et n’hésitent pas à l’utiliser pour me
désigner. Si la situation n’était si grave, vos suppositions seraient tout simplement
grotesques. Enfin, et si je puis me permettre cette remarque, je serais bien
sotte d’avoir procédé de la sorte.
    — Je ne vous comprends pas.
    — C’est pourtant fort simple. Or donc, je suis un
monstre assoiffé

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