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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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lendemain, dès la pointe du jour, les voyageurs se remirent
en chemin, et Girflet voulut lui-même les reconduire. Le Bel Inconnu demanda à
la jeune fille à l’épervier ce qu’elle comptait faire. Elle répondit qu’elle
voulait retourner dans son pays retrouver ses frères et son père, le roi
Agolant. Alors le Bel Inconnu pria Girflet de faire convoyer la jeune fille par
ses meilleurs chevaliers. Girflet agréa la demande. Quant à Hélie, elle prit la
jeune fille à part et lui dit : « Tu aurais dû me faire savoir que tu
es ma cousine. J’avais entendu parler de toi et je désirais te connaître. Maintenant,
je te porterai toujours dans mon cœur et, en gage d’amitié, je vais te donner
mon brachet. Emporte-le avec l’épervier. Tous deux ont été conquis par bataille,
et il n’y a pas de meilleur chien dans toute la Bretagne. » Et les deux
jeunes filles prirent congé l’une de l’autre en pleurant d’émotion.
    Après avoir erré tout le jour, ils se trouvèrent devant une
ville fermée, située sur la longueur d’un promontoire. Un bras de mer
contournait la cité d’une part, et de l’autre la grande mer battait au pied de
la forteresse. Les murailles qui en faisaient le tour étaient de marbre blanc
et s’élevaient aussi haut qu’un arc peut tirer. Les créneaux ne redoutaient
aucune attaque. Deux grosses tours vermeilles se dressaient, reluisant dans le
soleil couchant, et vingt autres tours de couleur bleue complétaient les
défenses.
    Celui qui avait édifié cette forteresse devait être sûrement
un enchanteur : nul n’aurait pu dire de quelle matière elle était faite. Les
pierres ressemblaient au cristal, le pavé était merveilleux et les voûtes
étaient recouvertes d’argent. Une escarboucle brillait au faîte, qui rendait, la
nuit, une telle clarté qu’on se serait cru en plein jour. Quant à la cité, elle
était riche et bien faite. De nombreux marchands y amenaient leurs produits par
la mer, et le passage rapportait beaucoup. On nommait cet endroit l’Île d’Or. Une
jeune fille la gouvernait, qui savait les sept arts et la magie. Son père n’avait
eu d’autre héritier qu’elle, et elle n’était point mariée : on l’appelait
la Pucelle aux Blanches Mains.
    Le Bel Inconnu s’arrêta avec ses compagnons. Une chaussée, contre
laquelle l’eau bouillonnait, donnait accès à un pont, puis, de là, à la
forteresse. Mais il fallait passer devant un pavillon et devant une palissade
faite de pieux aigus. Sur chaque pieu était fichée une tête d’homme. Dans le
pavillon, il y avait un chevalier qui laçait ses chausses de fer. C’était l’ami
de la Pucelle aux Blanches Mains, et, été comme hiver, à toute heure du jour ou
de la nuit, il attendait l’aventure.
    Le Bel Inconnu s’avança vers le pavillon et fit mine de franchir
la palissade. « Vassal ! cria le chevalier, on ne passe pas sans se
mesurer avec moi ! » Alors Hélie dit au Bel Inconnu : « Il
dit vrai, car tel est l’usage ici. Celui qui est vaincu a la tête coupée et
fichée sur un des pieux de la palissade. Ce chevalier se nomme Mauger le Gris, et
il est l’ami de la dame du lieu. Il est ici depuis cinq ans, mais il n’a jamais
encore obtenu les faveurs de la Pucelle aux Blanches Mains. Il doit l’épouser
dans deux ans, s’il peut durer jusque-là. Ainsi l’a promis la Pucelle. »
    Telle était en effet la coutume. Quand un de ses amis
mourait au combat, la dame de l’Île d’Or était obligée de prendre à sa place
celui qui l’avait tué, et il devait défendre à son tour la chaussée dans l’espoir
de devenir, au bout de sept ans, le seigneur de l’Île d’Or. Mais, à vrai dire, la
Pucelle aux Blanches Mains espérait bien être débarrassée avant deux ans de
Mauger le Gris : elle le détestait, car il était méchant, félon et déloyal,
et tous les habitants de la cité le haïssaient pareillement.
    Les deux hommes se préparèrent. « Seigneur, dit le Bel
Inconnu, je te prie de nous laisser passer. C’est le roi Arthur qui m’envoie et
nous n’avons pas le temps de nous attarder ! – Ce que tu me demandes là
est folie pure, répondit Mauger, car on ne passe pas ici. – Puisqu’il en est
ainsi, dit le Bel Inconnu, je passerai de force et je me défendrai de tout mon
pouvoir. » Le défi étant ainsi lancé, les deux hommes reculèrent pour
mieux prendre leur élan.
    Pendant ce temps, les habitants de la cité s’étaient massés
aux

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