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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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diables
au plus vite ! » Mais le Bel Inconnu ne voulut rien entendre. Piquant
des deux, il se précipita sur le géant qui voulait forcer la jeune fille. Il
lui enfonça sa lance dans la poitrine et le coup lui fit éclater le cœur :
ses yeux se troublèrent, il trébucha et s’effondra dans le brasier. L’autre
géant s’était levé, brandissant une terrible massue. Le Bel Inconnu évita le
coup et éperonna son destrier. Le géant se précipita à sa suite et frappa avec
une telle furie que peu s’en fallut qu’il n’abattît le cheval et le cavalier. Mais
le Bel Inconnu se mit hors de portée. Alors, le géant bondit, près de frapper
de son redoutable bâton. Le Bel Inconnu l’attendait, immobile, et quand le
géant leva sa massue, il lui lança son fer dans les côtes. Poussant un cri de
douleur, le géant leva la massue et se prépara à l’abaisser d’un coup sur son
adversaire, mais celui-ci, pensant qu’il valait mieux s’esquiver, se trouva
très vite hors de portée. Le géant fut saisi d’une rage effroyable. Il frappa
sur un arbre avec une telle force qu’il le fit s’écrouler avec toutes ses
branches. Mais il avait tant mis d’efforts dans ce coup que la massue lui
échappa des mains. Le Bel Inconnu en profita pour se précipiter vers lui et, d’un
seul coup de son épée, il lui coupa la tête. Le combat était terminé. Le Bel
Inconnu descendit de cheval et enleva son heaume.
    Alors, le nain dit à Hélie : « Tu as eu grand tort
de blâmer et de mépriser le chevalier. C’est un homme de valeur. – Tu as raison »,
dit-elle. Elle descendit de son palefroi, s’avança vers le chevalier, le salua
très doucement et lui demanda pardon pour les méchantes paroles qu’elle avait
pu lui dire. « N’en parlons plus ! » répondit le Bel Inconnu. Et
ils s’assirent tous devant le feu qu’avaient allumé les géants. La jeune fille,
qui avait été ainsi délivrée, était accourue auprès de son sauveur, et elle
jura au Bel Inconnu qu’elle serait éternellement sa servante. Il lui demanda
qui elle était et dans quelles circonstances elle avait été ravie par les
géants. La jeune fille répondit : « Je me nomme Clarie, et je suis la
sœur de Tor, qui est un des compagnons du roi Arthur. Hier, j’étais allée dans
le verger de mon père afin de me divertir, mais la porte en était restée
ouverte. Un géant qui passait par là s’en aperçut, entra, se saisit de moi et m’emporta
ici où vous m’avez trouvée. »
    L’écuyer et le nain s’en allèrent fouiller la maison des
géants. Ils y découvrirent un prodigieux amas de pains, de jambons salés, d’oiseaux
gras tout rôtis et accommodés, ainsi qu’une grande quantité de vin. Les géants
avaient pillé et dévasté tout le pays et ils avaient apporté tout cela dans
leur repaire. Comme il était l’heure de manger, on décida de se restaurer grâce
à ces provisions. On étendit des nappes sur l’herbe verte. Les jeunes filles s’assirent
de chaque côté du Bel Inconnu, tandis que l’écuyer et le nain faisaient le
service. Et quand on se fut rassasié, chacun s’en alla se reposer.
    Le lendemain matin, alors que le Bel Inconnu dormait encore,
l’écuyer était en train de faucher l’herbe du pré avec une faux qu’il avait
trouvée sur le chemin. Tout à coup, il entendit du bruit et aperçut trois
cavaliers bien armés qui galopaient vers lui. C’étaient les trois vassaux de
Bliobléris qui cherchaient le Bel Inconnu afin de venger leur seigneur. L’écuyer
prévint immédiatement son maître. Le Bel Inconnu se leva lentement, tandis que
les jeunes filles commençaient à craindre pour sa vie. Les trois arrivants s’arrêtèrent
devant lui : « En garde ! Défends-toi ! s’écrièrent-ils. Nous
sommes les hommes de Bliobléris que tu as blessé si lâchement au Gué Périlleux.
Mais il ne sera pas dit que ta mauvaise action restera impunie ! »
    Le Bel Inconnu revêtit ses armes sans se presser. Et quand
il fut prêt, il sauta sur son cheval. L’écuyer lui tendit sa lance et Hélie son
bouclier. L’un des trois, celui qui avait nom Hélin, vint alors le combattre. Les
boucliers se choquèrent, le fer des lances se brisa et le bois résonna. Au bout
d’un moment, le Bel Inconnu transperça le corps d’Hélin. Il tomba sur le sol et
ne bougea plus. Alors se présenta l’un des deux autres : le combat fut
aussi rude, mais de courte durée, car le Bel Inconnu le blessa de telle

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