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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sentit le froid
baiser sur ses lèvres. Il poussa un grand cri. Mais la bête monstrueuse avait
disparu. Il faisait grand jour dans la salle. Appuyée à la table se tenait une
femme d’une rare beauté, portant robe de pourpre fourrée d’hermine, chemise
brodée et ceinture garnie d’or et de pierres précieuses. Le Bel Inconnu ne
pouvait en croire ses yeux. En tremblant, il salua la femme.
    « Sois remercié de ton action, lui dit-elle. Tu viens
de me sauver de la plus terrible situation qu’on puisse imaginer. Je suis Gwenn,
fille du roi de Galles, pour qui ma suivante Hélie s’en est allée quérir
secours auprès du roi Arthur. Je vais te dire comment j’ai enduré de terribles
tourments. À peine fut trépassé le roi mon père qu’un enchanteur vint ici, en
compagnie de son frère, et toute une troupe de jongleurs d’enfer. Ils jetèrent
un sortilège sur la cité, transformant les habitants en animaux tous plus
hideux les uns que les autres, et qui s’enfuirent par la plaine. Mais ce n’est
pas tout : ils firent en sorte que les tours, les maisons et les clochers
s’écroulent. Tu aurais vu tomber les murs et voler les pierres que tu aurais
cru que le ciel et la terre s’effondraient. Et l’enchanteur maudit me réduisit
à l’état de guivre. Il venait souvent me demander de le prendre pour mari, disant
que, si je voulais l’aimer, il mettrait fin à mon épreuve. Sinon, je devais
demeurer guivre toute ma vie, à moins que le plus courageux des compagnons du
roi Arthur ne vînt me délivrer et lever les enchantements qui pesaient sur la
cité. C’est à toi qu’a été réservé de courir les aventures les plus périlleuses
et d’accomplir le fier baiser . Car il fallait,
pour que je reprisse mon aspect de femme, qu’un homme posât ses lèvres sur les
miennes. Tu as de qui tenir. Sais-tu bien qui est ton père ?
    — Sur mon honneur, répondit le Bel Inconnu, je n’ai
jamais connu mon père. Et c’est pour cela qu’à la cour du roi Arthur on ne me
connaît que sous le nom du Bel Inconnu. – Je vais te dire ton nom, reprit Gwenn.
Tu es Guiglain, fils de la fée Blancheval et du roi Gwyddno Garanhir, l’un des
plus grands seigneurs de ce pays. Les jongleurs que tu as vus aux fenêtres de
cette salle sont des habitants de la cité qui ont subi l’enchantement. Le
chevalier que tu as vaincu en premier est Évrain, le frère de l’Enchanteur Noir,
celui que tu as fini par abattre par ton courage et ta ténacité. Quand tu l’as
tué, le sortilège a été immédiatement dissipé, l’œuvre mauvaise a été détruite
et je pus sortir de l’armoire où j’étais enfermée. Mais il fallait encore que
je m’offrisse à ton baiser pour reprendre ma forme première. Je te dirai encore
que cette contrée est le Pays de Galles dont je suis la reine, que cette ville
est Senaudon [126] , ma capitale, qui fut
nommée, depuis la venue de l’Enchanteur, la Gaste Cité. Cette contrée est très
riche et très puissante et trois rois tiennent de moi leurs fiefs. Mais c’est à
toi désormais qu’ils engageront leur foi. Ce royaume est à toi : je te l’offre
avec moi, tout entière, sans aucune tromperie, et parce que tu es l’homme le
plus courageux du monde. »
    Ainsi parla la reine Gwenn au Bel Inconnu. Dehors, on entendait
les cris de joie des habitants de la cité qui avaient retrouvé leur aspect
normal et qui chantaient les louanges du courageux chevalier qui les avait
délivrés des maléfices du redoutable enchanteur. Hélie, Lampart, l’écuyer et le
nain ne mirent pas longtemps à venir retrouver le Bel Inconnu, et ils se
jetèrent tous dans les bras les uns des autres pour manifester le bonheur
intense qu’ils éprouvaient. La jeune Hélie se blottit en pleurant sur la
poitrine de la reine Gwenn, et celle-ci annonça qu’avant son mariage avec le
preux Guiglain elle irait à la cour du roi Arthur porter témoignage de la
valeur et des prouesses de celui qui avait été le Bel Inconnu.
    Elle partit quelques jours plus tard, emmenant avec elle sa
jeune suivante, la belle Hélie, et le nain qui avait si vaillamment conduit le
palefroi de celle-ci. Elle chevauchait depuis quatre journées, quand, au sortir
d’une forêt, elle rencontra quatre chevaliers montés sur des palefrois, sans
heaumes et sans boucliers. Elle les salua et ils lui rendirent son salut.
« Seigneurs, leur demanda-t-elle, d’où venez-vous et où allez-vous ?
    — Dame, répondirent-ils, nous

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