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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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s’arrêtèrent de jouer et dirent tous ensemble : « Dieu
sauve le chevalier qui vient, de la part du roi Arthur, pour sauver la dame ! »
Le Bel Inconnu fut fort étonné de ce salut. Mais, se souvenant des recommandations
de Lampart, il cria de toutes ses forces : « Que Dieu vous maudisse ! »
Et il passa outre. Derrière lui, un jongleur qui tenait un tambour ferma la
porte. La salle était brillamment éclairée par tous les cierges. Au milieu se
trouvait une table assise sur sept pieds scellés. Le Bel Inconnu s’arrêta là, et,
s’appuyant sur sa lance, il attendit que se produisît quelque chose.
    Alors, du fond de la salle, apparut un chevalier monté sur
un destrier gris, armé d’un bouclier gris et qui tenait à la main une énorme
lance. Il se précipita sur le Bel Inconnu. Le choc fut tel que les deux hommes
vidèrent les arçons. Ils continuèrent à combattre de leurs épées, mais bientôt
le chevalier, voyant qu’il avait le dessous, s’enfuit en direction de la
chambre du fond. Le Bel Inconnu le poursuivit. Il allait franchir la porte
quand il vit au-dessus de lui de grandes haches se mouvoir pour le frapper. Il
se tira vivement en arrière.
    La salle était maintenant plongée dans une totale obscurité.
Il ne parvenait pas à retrouver son cheval. Soudain, l’un des jongleurs
réapparut, les cierges se rallumèrent un à un, la clarté fut de nouveau
éblouissante et les jongleurs reprirent leur concert. Le Bel Inconnu alla droit
à son cheval et ramassa sa lance. Mais il s’était à peine remis en selle que, de
la chambre du fond, surgit un chevalier de grande taille, dont les armes
étaient noires et qui était monté sur un destrier fringant, à l’œil clair comme
du cristal et qui avait une corne au milieu du front. Par la gueule, il
soufflait du feu et des flammes et son haleine puante était embrasée. Le
chevalier aux armes noires se rua sur le Bel Inconnu comme le tonnerre. Le pavé
de la salle jeta des étincelles sous les quatre fers du destrier. Le Bel
Inconnu se signa et baissa sa lance. La bataille fut longue et acharnée. Pourtant,
le Bel Inconnu parvint à faire voler le heaume de son adversaire. Celui-ci, se
voyant désarmé, voulut s’enfuir, mais le Bel Inconnu lui assena un tel coup qu’il
lui fendit la coiffe et la tête, l’abattant sur le sol. De la bouche et du
corps s’exhalait une fumée noire et infecte. Le Bel Inconnu lui toucha la
poitrine pour savoir s’il était encore en vie, mais l’étrange chevalier avait
déjà changé d’aspect et sa figure était épouvantable à voir.
    Alors les jongleurs disparurent, chacun emportant sa lumière.
Ils tirèrent la porte derrière eux si violemment qu’un grand bruit fit trembler
la salle, à tel point que le Bel Inconnu eut grand-peur qu’elle ne s’écroulât. L’obscurité
redevint totale. Le Bel Inconnu chancela, rompu par le combat qu’il venait de
mener, abasourdi par ce bruit d’enfer, se signant plus de dix fois pour se
garder de la malignité des diables. Puis il chercha la table à tâtons. « Seigneur,
miséricorde ! murmura-t-il. Je ne sais ce que je vais devenir. Quand donc
finira cette diablerie ? Je ne sais plus où est mon cheval. Pourquoi tout
cela ? Me suis-je mal conduit envers la Pucelle aux Blanches Mains que j’ai
quittée si peu courtoisement en m’enfuyant avant qu’elle ne fût levée ? Par
Dieu tout-puissant, si je puis m’échapper d’ici, j’irai implorer son pardon. »
    C’est alors qu’une grande armoire s’ouvrit. Il en sortit une
guivre [125] qui jetait une telle
lumière que tout le palais en fut illuminé. Elle était effroyable à voir, large
comme un tonneau, longue de quatre toises, le dos bigarré, le dessous doré, la
queue trois fois nouée, les yeux gros et luisants comme des escarboucles. Elle
se dirigea vers le Bel Inconnu. Celui-ci se signa et saisit son épée. Mais la
guivre s’inclina devant lui en signe d’humilité. Il remit son épée au fourreau.
Alors la guivre se remit à ramper vers lui. Le Bel Inconnu reprit son épée et
allait la frapper, quand la serpente s’inclina encore, comme si elle voulait
lui manifester son amitié. Puis elle avança encore.
    Le Bel Inconnu fit un pas en arrière, terrifié par la
laideur du monstre. Mais la guivre le regardait intensément, avec des yeux qui
brillaient étrangement. Fasciné, il demeura immobile, regardant la bouche
vermeille de la serpente. La guivre le frôla, le toucha et il

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