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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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quiconque, que je cacherai soigneusement comme tu le fais de ton côté.
Je veux parler du péché que tu as commis avec ta sœur lorsque tu l’as connue
charnellement. Mais, je te l’affirme, ce secret, je le garderai, moins pour l’amour
de toi que pour l’amour de ton père, car nous nous sommes beaucoup aimés et
nous avons beaucoup fait l’un pour l’autre. – Parles-tu sérieusement ? dit
Arthur. – Oui, le plus sérieusement du monde, répondit l’enfant. – Alors, reprit
Arthur, par Dieu tout-puissant, je ne peux ajouter plus longtemps foi en tes
paroles, car tu n’es pas d’âge à avoir connu Uther Pendragon, et il va de soi
que vous n’avez rien pu faire l’un pour l’autre. Je te demande donc de cesser
de m’agacer avec tes inventions diaboliques et de me laisser seul, car je ne
peux supporter de rester plus longtemps en compagnie de quelqu’un qui veut me
faire croire des mensonges aussi absurdes ! »
    L’enfant parut soudain très en colère et, sans ajouter une parole,
il s’enfonça dans le bois. Mais il ne fut pas plus tôt à l’abri des regards du
roi qu’il changea son aspect et prit celui d’un vieillard de quatre-vingt-dix
ans, quasi impotent et habillé de gris. Car c’était Merlin qui avait ainsi
entretenu Arthur et lui avait dévoilé le secret de ses origines. Et ainsi
transformé, il revint devant le roi sous cette apparence respectable. « Seigneur
chevalier, lui dit-il sans faire semblant de le connaître, que Dieu te protège
et te tire d’embarras, car tu me parais agité de bien des soucis ! – Puisse-t-il
en être ainsi, noble vieillard, répondit le roi, car j’en aurais bien besoin, dans
la situation où je me trouve. Mais viens donc t’asseoir auprès de moi jusqu’à
ce que mon écuyer et mes gens me rejoignent. »
    Merlin s’assit auprès d’Arthur. La conversation s’engagea et
le roi découvrit avec une très vive satisfaction la sagesse dont son nouveau
compagnon faisait preuve dans bien des domaines. Et Merlin lui demanda pourquoi
il paraissait si préoccupé lorsqu’il était arrivé. « Noble vieillard, répondit
Arthur, jamais homme de mon âge n’a vu ou entendu, en songe ou éveillé, autant
de choses étranges que celles que j’ai vues ou entendues cette nuit. Et le plus
extraordinaire est qu’un petit garçon venu tout à l’heure me révéler des
secrets que personne au monde, me semble-t-il, n’aurait pu savoir, à part
moi-même ! » Merlin fit semblant de réfléchir, puis il dit :
« Seigneur, il ne faut pas t’étonner de ce qui t’arrive, car il n’est
secret si bien gardé qui ne soit découvert un jour ou l’autre. Même si la chose
avait été faite sous la terre, on finirait bien par l’apprendre sur la terre. Ne
sois donc pas aussi soucieux, aussi préoccupé, et dis-moi ce qui t’afflige
ainsi : je te conseillerai si bien que tu tireras au clair tout ce qui te
tourmente. » Le roi, qui commençait à estimer, à cause de sa mine et de
ses paroles, que le vieillard était plein de sagesse, décida de lui apprendre
une partie de ses préoccupations. Il lui raconta donc son rêve de la nuit précédente.
    « Seigneur, lui répondit Merlin après lui avoir laissé
dire tout ce qu’il voulait, je veux bien t’aider à propos de ce songe autant
que je le pourrai, mais sans que cela puisse me nuire. Apprends donc la
signification de ce que tu as vu et entendu pendant ton sommeil : tu seras
plongé dans la douleur et mené à ta perte par un chevalier qui est déjà conçu
mais qui n’est pas encore né. À cause de lui, ce royaume sera dévasté et entièrement
détruit. Tous les nobles, tous les preux guerriers de ce pays seront massacrés
les uns après les autres. Car c’est lui, ce dragon que tu as vu dans ton rêve, ce
dragon qui te poursuit, que tu parviens à tuer mais qui te blesse mortellement.
– Hélas ! dit le roi. N’y a-t-il pas un moyen d’écarter ce monstre ?
– Non, répondit le vieillard. – Pourtant, reprit le roi, ce serait un acte de
charité que cette malheureuse créature, qui n’est même pas encore née, soit
détruite dès maintenant ou dès sa naissance, plutôt que de causer de tels
malheurs. Or, tu m’en as tant dit à ce propos que tu ne peux ignorer quand elle
naîtra et de qui elle naîtra. Je te supplie donc de me le révéler, car si Dieu
veut que j’apprenne la vérité sur sa naissance, je la ferai brûler dès qu’elle
viendra au monde. – Non,

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