Les chevaliers de la table ronde
en as plusieurs. Sans doute, il y a longtemps que
je ne les ai vues, mais je sais fort bien qu’elles sont vivantes et en fort
bonne santé. »
Très réconforté par ces nouvelles, et au fond très curieux
de savoir de qui il était le fils, Arthur restait néanmoins persuadé qu’il
avait affaire à un diable. Qui donc, sous l’apparence d’un garçon de quatre ans,
aurait pu lui tenir un tel discours et connaître ce qu’il était le seul à
connaître ? C’est pourquoi il persista dans son attitude dubitative, affirmant
que l’enfant lui mentait. « Si tu peux me dire la vérité sur mes parents
et mes sœurs, si tu me dis de quelle famille je suis issu, tu pourras me demander
ce que tu voudras. Je te le donnerai si je le peux. – M’en donnes-tu ta parole
de roi ? Si jamais tu te dédisais de cette parole, tu pourrais en pâtir
plus que tu ne penses ! – Je te le jure en toute loyauté ! – Je vais
donc te l’apprendre et je m’engage à te donner la preuve de ce que j’avancerai.
Je t’affirme donc que tu es de noble race et de très haute naissance puisque tu
es fils de roi et de reine et que ton père fut un homme de très grand mérite et
un vaillant défenseur de ce royaume. Il est donc juste que tu sois roi. »
Arthur se demandait s’il n’était pas en train de rêver.
« Que me racontes-tu ainsi ? Si j’étais fils de roi, je n’aurais de
cesse d’avoir soumis à mon pouvoir la plus grande partie du monde ! »
L’enfant se mit à rire : « Voilà bien les grands de ce monde ! s’écria-t-il.
Quand ils ont le pouvoir, cela ne leur suffit pas et ils désirent tous en
abuser ! Cela dit, si tu veux dominer une partie du monde, ce n’est pas le
défaut de noblesse qui peut t’en empêcher. Mais avant d’entreprendre quoi que
ce soit, il serait bon que tu te poses la question de ce que tu ferais de ce
pouvoir si tu l’obtenais. Mais il est vrai que si tu as autant de mérite que
ton père, en son temps, loin de perdre des terres, tu risques d’en conquérir
davantage. »
Arthur supportait mal le ton moralisateur que prenait l’enfant
et commençait à s’impatienter. « Comment s’appelait mon père ? Peux-tu
me le dire ? – Oui, bien sûr, répondit l’enfant. Ton père se nommait Uther
Pendragon et régnait sur toute l’île de Bretagne. – Par Dieu tout-puissant !
s’écria Arthur, s’il fut vraiment mon père, je ne peux manquer de valeur !
– Ni d’orgueil ! » murmura l’enfant. Mais Arthur ne l’entendit pas et
poursuivit : « J’ai tant entendu vanter les mérites du roi Uther que
je sais bien qu’il n’aurait pu engendrer un mauvais fils. Mais, en admettant
que tout cela soit vrai, comment pourrais-tu, toi, un petit garçon, le faire
admettre aux barons de ce royaume ? – Je le leur prouverai si bien qu’avant
la fin de ce mois ils seront convaincus que tu es bien le fils d’Uther Pendragon
et son héritier direct sur le trône de Bretagne. »
Arthur regardait le jeune garçon avec intérêt, car il était
partagé entre sa curiosité et une totale incrédulité. « Tout cela est bien
surprenant, dit-il, et j’ai beaucoup de mal à croire ce que tu me racontes. Si
j’étais le fils de celui que tu dis, on n’aurait pas confié à un modeste
vavasseur le soin de m’élever, avec beaucoup de tendresse et d’amour d’ailleurs,
comme ce fut le cas, et mon origine ne serait pas aussi mystérieuse. Cet homme
qui m’a élevé, et que je respecte comme si j’étais réellement son fils, m’a
avoué lui-même qu’il n’était pas mon père, mais qu’il ignorait tout de mes
origines. Et toi, un jeune enfant perdu dans cette forêt, tu pourrais en savoir
plus que cet homme qui m’a recueilli, élevé et éduqué avec tant de soin et d’affection ?
Je ne croirai plus une seule de tes paroles. – Tu es entêté, répondit l’enfant,
si entêté que tu es incapable de discerner la vérité qui t’aveugle ! Si je
t’ai menti en quoi que ce soit, considère-toi comme quitte de la promesse que
tu m’as faite tout à l’heure en acceptant de me donner ce que je te demanderai.
D’ailleurs, je ne t’ai pas parlé ainsi pour me moquer de toi, ou parce que je
suis animé d’une haine quelconque. C’est par amour pour toi que je t’ai dit ces
choses que tu n’acceptes pas. Mais fais bien attention : je t’ai également
révélé un secret, une chose que tu ne peux nier, un secret que je ne révélerai
jamais à
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