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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’abord au rendez-vous de la fille, mais
celle-ci sut si bien y faire qu’il resta avec elle beaucoup plus de temps que
prévu. Et quand, enfin, l’honneur l’y obligeant, il parvint à l’endroit de la
rencontre, ce fut pour y découvrir le corps de Drutwas atrocement déchiqueté. Car
Drutwas, curieux de savourer son triomphe, était allé voir sur place comment
ses oiseaux lui avaient obéi ; et ceux-ci avaient si bien suivi ses ordres
qu’ils s’étaient précipités sur lui et l’avaient déchiqueté, puisqu’il était le
premier homme à s’être présenté devant eux.
    Et, après cet événement, la renommée d’Arthur ne fit que
croître [31] .
    Cependant, le temps approchait où allait naître l’enfant qu’Arthur
avait engendré, la nuit où il avait couché avec Anna, la femme du roi Loth, sans
savoir qu’elle était fille d’Ygerne, et donc sa propre sœur. Et en dépit des
avertissements de Merlin, il était bien décidé à tout mettre en œuvre, sinon
pour tuer l’enfant, du moins pour le mettre à l’écart. C’est pourquoi le roi
fit rechercher dans tout le royaume les nouveau-nés à cette date approximative,
puis ordonna de les lui amener. Les gens du royaume étaient bien loin d’imaginer
ce que le roi voulait en faire : ils pensaient qu’Arthur remettait à l’honneur
une vieille coutume qui consistait à faire élever les enfants nobles dans une
autre famille que la leur [32] et, sans hésiter, ils
confièrent leurs fils aux envoyés du roi. Et il y en eut tant que, quelques
jours avant la naissance de celui qu’il redoutait si fort, Arthur avait déjà réuni
dans une tour plus de cinq cent cinquante enfants dont le plus âgé n’avait pas
plus de trois semaines.
    Le roi Loth, qui savait que sa femme était enceinte et sur
le point d’accoucher, demanda à Arthur ce qu’il entendait faire de tous ces
enfants ; mais Arthur se garda bien de lui dire quoi que ce fût. Et
lorsque le roi Loth apprit la naissance d’un fils, il le fit baptiser sous le
nom de Mordret et dit à la reine : « Femme, j’ai l’intention d’envoyer
notre fils au roi, ton frère, comme le font tous les gens du royaume. – J’y
consens bien volontiers, répondit-elle, puisque tel est ton désir. » Loth
ordonna alors de coucher l’enfant dans un magnifique berceau ; mais, au
moment où sa mère l’y plaçait, Mordret se heurta le front et se fit une plaie
très profonde dont il conserva la marque toute sa vie. Loth, comme tous ceux
qui étaient là, fut très ennuyé de cet incident, mais il ordonna que l’on mît
tout de même l’enfant dans le berceau. Ensuite, il fit emmener le berceau sur
un navire, avec une petite escorte de femmes dévouées et d’hommes de confiance.
Il dit à ceux-ci : « Voici. Prenez la mer vers le roi Arthur et
dites-lui que je lui envoie son neveu. » Ils l’assurèrent qu’ils accompliraient
leur mission fidèlement et qu’ils transmettraient leur message si Dieu leur
donnait d’arriver sans encombre.
    Les hommes du roi Loth partirent donc de la cité d’Orcanie [33] .
Le vent gonfla les voiles de leur navire qui se trouva bientôt en pleine mer, loin
de tout rivage. Ils naviguèrent tout le jour et la nuit suivante. Alors, une
terrible tempête s’éleva. Tous, sur le bateau, se mirent à crier : « Ha !
Jésus-Christ ! ne nous laisse pas périr ici ! Aie pitié de nous et de
ce petit enfant, ce fils de roi qui n’a jamais commis un seul péché ! »
    Ainsi se lamentaient-ils, implorant les saintes et les
saints, multipliant les vœux et les actes de contrition. Finalement, chassé par
les vents, ballotté par les flots, le navire vint heurter un rocher et se brisa
aussitôt en plus de dix morceaux. Tous les passagers périrent, sauf l’enfant. Après
le naufrage, son berceau continua de flotter et parvint jusqu’au rivage. Or, un
pêcheur, qui était venu dans les parages avec sa barque, remarqua le berceau, vit
qu’il y avait un enfant dedans et, très heureux de sa découverte, il recueillit
le tout à son bord. Lorsqu’il aperçut les riches vêtements que portait l’enfant,
vêtements entièrement faits de soie et d’autres étoffes précieuses, il comprit,
avec une joie accrue, qu’il était de haute naissance. Il regagna donc bien vite
le rivage, suspendit à son cou le berceau avec le nouveau-né et revint en hâte
chez lui par un chemin détourné, sans être vu de personne. Il montra alors à sa
femme ce que Dieu leur

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