Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
anneaux ? » demanda Arthur. Mais personne,
parmi ceux qui l’entouraient, ne put répondre à cette question. À ce moment, un
valet s’approcha du roi et lui dit qu’un cavalier venait de sortir au grand
galop de la forteresse et se dirigeait dans la direction où l’on avait vu
partir Gauvain. « Qui est-ce ? demanda le roi. – Je ne l’ai pas
reconnu », répondit le valet. Alors Bedwyr, qui avait une vue perçante, se
haussa sur les remparts, regarda l’horizon et dit : « Je le vois bien,
c’est Yder, le fils du roi Nudd ! » Quand il entendit ces mots, le
roi Arthur se sentit envahi par une mauvaise pensée : « Et s’il ne
revenait pas… » se dit-il en lui-même.
    Pendant ce temps, Gauvain poursuivait sa route le long de la
rivière, ne sachant pas où il allait et se fiant à l’instinct de son cheval. Il
arriva bientôt près de la mer et vit sur le rivage, échouée sur le sable, une
barque identique à celle qui avait amené à Carduel le mort inconnu. Gauvain s’arrêta
et s’écria : « Y a-t-il quelqu’un ? » Il ne reçut aucune
réponse et, sans descendre de cheval, il passa à bord, non pour y embarquer, mais
simplement pour vérifier s’il n’y avait pas un être vivant caché à l’intérieur.
Il examina soigneusement l’ensemble du bateau et n’y découvrit rien qui pût y
faire supposer une présence quelconque. Mais quelle ne fut pas sa surprise
quand il s’aperçut que, pendant sa visite des lieux, la barque avait quitté le
rivage et voguait maintenant en pleine mer. « Après tout, se dit-il, c’est
peut-être là le signe que j’attendais ! » Et se recommandant à Notre
Seigneur, il s’assit sur un tas de cordages, attendant sans impatience ce qui
allait lui arriver.
    La barque longea des côtes et navigua au milieu d’îles verdoyantes,
puis aborda dans un estuaire où elle s’échoua sur le sable. Gauvain prit le
Gringalet par la bride et regagna la terre ferme. Il ne connaissait pas ce pays
et se demandait bien où il se trouvait. S’étant rassasié de fruits sauvages et
ayant bu abondamment de l’eau qui coulait d’une fontaine entre deux arbres, il
remonta en selle et poursuivit son chemin, laissant aller le Gringalet où bon
lui semblait. L’homme et le cheval se sentaient perdus dans une grande lande
désertique où le vent faisait vibrer les rares touffes d’ajoncs qui tentaient
avec acharnement de se dresser vers le ciel.
    Comme il venait de traverser la lande, Gauvain aperçut une
jeune fille montée sur une mauvaise mule grise. Il s’approcha dans l’intention
de lui demander où il se trouvait et fut bien étonné de voir qu’elle portait
tous ses vêtements à l’envers. Il l’interrogea à ce sujet : « C’est
en signe de deuil, répondit la jeune fille, et j’ai juré de ne jamais avoir des
vêtements à l’endroit tant que ne sera pas vengé le preux Raguidel, qui était
mon ami très cher. Il a été tué par son ennemi Guenguasœn, à cause des armes
magiques de celui-ci. Mais, lorsqu’il a porté le coup mortel dans la poitrine
de Raguidel, sa lance s’est brisée, et le fer est resté dans le corps. »
Gauvain montra à la jeune fille le tronçon qu’il avait arraché au défunt, sur
la barque échouée devant Carduel. « Est-ce ce fer ? demanda-t-il. – Oui,
c’est bien le fer de la lance qui a tué Raguidel, répondit-elle. Je vois que c’est
toi qui dois venger mon ami, puisque tu as réussi l’épreuve. C’est moi qui ai
écrit la lettre dans laquelle j’expliquais comment justice devait être faite, et
c’est la fée de la montagne qui m’a fait placer le corps dans cette barque
magique grâce à laquelle tu es arrivé ici. Mais la fée de la montagne m’a bien
dit que tu ne pourras rien accomplir seul. Il te faudra l’aide d’un chevalier
qui aura réussi à enlever les cinq anneaux qui étaient au doigt de Raguidel.
    — Je me sens capable de faire justice moi-même », dit
Gauvain. La jeune fille reprit : « Quand bien même tu le voudrais, tu
ne le pourrais pas, car Guenguasœn est un redoutable magicien. Il connaît les
secrets qui rendent invulnérable et ne peut être tué que dans certaines
conditions. Ainsi me l’a révélé la fée de la montagne : il faut qu’un
chevalier le frappe avec le tronçon de lance enlevé du corps de Raguidel tandis
qu’un autre chevalier doit attaquer l’ours féroce qui accompagne toujours Guenguasœn.
Et, de plus, cet autre chevalier doit

Weitere Kostenlose Bücher