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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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manifestant clairement sa tendresse et lui posant des
questions en apparence très innocentes. « Merlin, lui dit-elle un jour, tu
connais les choses qui ont été et celles qui seront, mais elles concernent le
monde. Mais qu’en est-il de toi-même ? Est-ce que tu connais ton destin ?
– Dieu m’a permis de connaître ce qui est advenu et ce qui adviendra, du moins
en partie, car je ne suis qu’un être imparfait soumis au destin, comme le sont
tous les hommes. Et mes pouvoirs sont limités, dans le temps comme dans l’espace.
Quant à mon propre destin, il m’échappera toujours, car si je le connaissais
entièrement, je n’aurais plus ma liberté.
    — Je comprends, dit Viviane. Je ne pourrais plus vivre
si je connaissais exactement la date et l’heure de ma mort. Cependant, toi qui
sais déjouer les sortilèges des autres, tu pourrais facilement échapper à ton
destin. – Non, répondit tristement Merlin. Si j’étais victime d’un enchantement,
je ne pourrais le lever qu’en perdant mon âme, ce que je refuserais quoi qu’il
pût m’arriver. » La jeune fille comprit alors combien Merlin pouvait être
vulnérable, mais elle se garda bien de commenter cet aveu, se promettant de le
mettre à profit au moment opportun.
    Merlin demeura plusieurs semaines auprès de Viviane. La
jeune fille habitait un beau pavillon à l’écart du manoir de son père, et
personne ne s’apercevait qu’elle y recevait Merlin toutes les nuits. Ils
dormaient tous les deux dans le même lit ; mais Viviane, déjà fort experte
en magie, avait composé un charme et l’avait placé sous l’oreiller : quand
Merlin s’allongeait, il s’endormait immédiatement, et ne se réveillait que
lorsque Viviane était déjà levée et qu’elle ôtait le charme. Ainsi
protégeait-elle son pucelage, au grand désappointement de Merlin qui espérait
toujours pouvoir la prendre toute nue dans ses bras et lui faire le jeu auquel
se livrent tous les amants sincèrement épris l’un de l’autre.
    Un jour qu’ils se promenaient, ils passèrent près d’un grand
étang sur lequel se reflétait la cime des arbres d’alentour. Tout était
paisible et calme. Merlin et Viviane s’assirent sur un rocher, au bord de l’eau.
« Quel est donc le nom de cet étang ? demanda la jeune fille. – C’est
le Lac de Diane », répondit Merlin. Viviane se mit à sourire :
« Je suis bien heureuse de me trouver ici, dit-elle, car j’éprouve grande
affection pour cette Diane qui fut la marraine de mon père et lui permit de
connaître les sciences d’autrefois. Et je me plais à imaginer, chaque fois que
je cours dans ces bois, que mes pas me conduisent exactement aux lieux que
fréquentait la belle Diane. – Il me semble, dit Merlin, que tu te fais
certaines illusions sur Diane. Tu la vois gracieuse, son arc sur l’épaule, suivie
par une biche ! Tu ne sais donc pas que Diane était une femme cruelle, qui
n’hésitait pas à tuer ceux dont elle voulait se débarrasser ? – Comment
cela ? demanda Viviane. – Suis-moi, je vais te montrer quelque chose. »
    Il l’entraîna le long du lac jusqu’à un petit promontoire et,
là, Viviane vit une tombe de marbre. S’approchant plus près, elle s’aperçut qu’il
y avait une inscription en lettres d’or sur la tombe, et elle put lire :
« Ci-gît Faunus, l’amant de Diane. Elle l’aima de grand amour et le fit
mourir vilainement. Telle fut la récompense qu’il eut de l’avoir loyalement
servie. » Viviane se retourna vers Merlin : « Diane a fait
mourir son amant ? Comment cela ? Je voudrais bien le savoir. – Je
vais te raconter toute l’histoire », dit Merlin.
    « Diane régnait au temps de Virgile, bien avant que
Jésus-Christ ne descendît sur terre pour sauver les hommes. Son occupation
favorite était la chasse, et, dans ce but, elle parcourait toutes les forêts de
la Gaule et de la Bretagne. Mais elle se plut tellement dans ces bois qu’elle
décida d’y résider, se faisant construire une magnifique demeure au bord de ce
lac. Le jour, elle chassait à travers les bois, et le soir, elle revenait près
du lac. Elle vécut ainsi sans autre occupation que la chasse, et ce, jusqu’au
jour où le fils d’un roi qui tenait tout ce pays en sa possession la vit et en
tomba amoureux, tant pour sa beauté que pour son habileté de chasseresse. Elle
avait en effet une telle résistance, elle était si agile et si rapide qu’aucun
homme n’aurait pu

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