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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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de Baudouin IV, Amaury I er de Jérusalem. C’est à l’occasion des nombreuses expéditions de ce dernier en Égypte que Morgennes avait appris à connaître, et à aimer, ce beau pays dont il parlait la langue couramment. Plus tard, la maladie de Baudouin s’étant déclarée, et s’aggravant au fur et à mesure qu’il grandissait, il était devenu urgent de trouver un remède – d’autant que les efforts de Guillaume de Tyr, précepteur et médecin du petit roi lépreux, s’avéraient vains.
    En raison de sa bravoure et de sa connaissance de l’Orient, Morgennes fut choisi pour partir en quête d’une relique mahométane réputée guérir de la lèpre : les larmes d’Allah, dont nul ne savait à quoi elles ressemblaient.
    Pour être bien certain que Morgennes accomplirait sa mission jusqu’au bout sans faillir, et s’assurer du pouvoir de la relique, on lui donna à boire un bol de sang mêlé de pus du petit roi lépreux. Quelques semaines plus tard, il contractait l’horrible maladie. Et quelques mois plus tard, au terme d’une aventure restée confidentielle, mais que de rares initiés cherchaient à reconstituer en s’en racontant des fragments, Morgennes parvenait enfin à retrouver la relique. Il la cacha dans le pommeau de Crucifère, l’épée qu’Amaury et lui avaient découverte dans un antique tombeau de la ville de Lydda.
    Tandis que Cassiopée allait chercher quelques branchages, que Taqi embrasait à l’aide d’une pierre à feu, Morgennes regardait tour à tour ses nouveaux amis : Cassiopée, Taqi… et même Simon.
    — On m’a beaucoup aidé, dit-il après avoir approché ses mains de la flambée. Autant qu’on m’a trahi, et ce n’est pas peu dire. Massada, ce marchand juif que Cassiopée connaît (la jeune femme opina du chef), me donna de précieux renseignements, mais chercha finalement à me voler. N’y étant pas parvenu, il préféra me dénoncer au Temple, qui – jaloux des pouvoirs que l’Hôpital obtiendrait si jamais j’arrivais à soigner Baudouin IV – me tendit une embuscade, dans laquelle je tombai. Gravement blessé, je délirai de nombreux jours, perdant la mémoire, oubliant jusqu’à mon propre nom… Jusqu’au nom même de Dieu…, poursuivit Morgennes en repensant aux dernières paroles de Raymond de Tripoli. J’avoue qu’aujourd’hui encore je n’ai pas totalement recouvré l’ensemble de mes souvenirs. Je vis dans une sorte de brouillard. Je ne sais pas d’où je viens, même si je sais que je suis français. Enfin, tout cela eut pour conséquence de me faire arriver en retard au chevet de Baudouin IV, qui était mort pendant ma convalescence. Je ne me suis jamais remis de cet échec, et ne m’en remettrai jamais. À l’époque déjà, l’Hôpital m’avait sévèrement jugé, me condamnant à la perte de l’habit pour un an… Cette mission devait rester secrète, et c’est – je crois – pour me remercier de n’en avoir jamais parlé que quelques personnes haut placées intercédèrent en ma faveur pour me faire gagner le rang d’Apôtre de la Vraie Croix ; honneur que je n’avais jamais demandé, mais qui me donnait, du moins le croyais-je, une occasion de me racheter. Le plus curieux, je trouve, c’est ce qui est arrivé à Massada. En voulant me voler les larmes d’Allah, il empêcha la guérison de Baudouin IV, et précipita, au regard des événements actuels, le royaume vers sa perte. On ne peut pas dire qu’il en ait été récompensé, car j’ai pu constater à Damas qu’il avait lui aussi contracté la lèpre. Quand et comment cela est-il arrivé ? Pourquoi n’en est-il pas mort ? Je n’en sais rien, mais il s’agit probablement d’un de ces miracles dont l’Histoire est pleine.
    Cassiopée et Taqi avaient écouté Morgennes avec une grande attention, laissant les crépitements du feu remplacer ses paroles quand il se taisait, à la recherche de ses souvenirs. Souvent, pendant son récit, ils s’étaient retenus d’intervenir, pour apporter une précision sur un sujet resté obscur pour Morgennes, ou lui demander de développer tel ou tel point ; ils se disaient : « Chaque chose en son temps. Notre heure de parler viendra. »
    À la fin de son histoire, Taqi et Cassiopée ouvrirent la bouche, presque ensemble, pour dire à peu près ceci : « Il est un autre miracle que tu ne sais pas ! »
    Ils se regardèrent, bouche bée, confus d’avoir parlé au même moment, gênés de s’être

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