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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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s’expliquer et se justifier auprès de gens qui n’y comprenaient rien. Pour finir, il dit à Simon :
    — Fais ce que tu veux. Je n’ai pas envie de te considérer comme mon ennemi, ni comme mon prisonnier. Si tu veux être mon écuyer, je t’accepte à mon service. Si tu veux t’en aller, pars. Mais si tu veux me suivre, sache que pour l’heure je fais confiance à Taqi. Dussé-je y perdre un peu plus mon honneur, mon âme et ma vie.
    Simon était perplexe. Il avait l’étrange impression d’être en faute. Pourtant, c’était lui qui était dans le vrai, non ? Cet homme, il ne savait comment dire… n’était décidément pas comme les autres.
    Certes, ce n’était pas la première fois que Simon se sentait ainsi troublé. Avant Morgennes, ses frères, puis Wash el-Rafid et Renaud de Châtillon l’avaient également marqué. Mais Morgennes était de tous le plus insaisissable, le plus étonnant. D’une certaine façon, tous avaient des traits en commun. Parlant peu, agissant de façon rapide et déterminée, ils renvoyaient chacun l’image de personnalités fortes, incorruptibles. Mais il y avait une faille chez Morgennes. Et cette faille avait touché Simon.
    En proie à un affreux pressentiment, sentant les larmes lui monter aux yeux, il dit simplement :
    — J’accepte de vous suivre.
    — J’en suis heureux, dit Morgennes.
    Ils talonnèrent leur monture pour rattraper leur retard sur Cassiopée et Taqi, dont les chevaux n’étaient plus visibles, mais dont le passage se lisait encore par terre, dans des crottins et des traces de fers.
    — Me direz-vous enfin comment est mort mon frère ? l’interrogea Simon.
    — Il a demandé à Dieu de lui pardonner ses fautes et de l’accueillir en Sa maison, répondit Morgennes. Et je suis sûr qu’il y est actuellement. Mais, un peu avant, il a dit une phrase en latin : Gloria, laus…
    — … et honor Deo in excelsis ! Ce sont les dernières paroles que prononça notre père, quand il nous chargea d’une mission, nous, ses cinq fils, afin de déterminer celui d’entre nous qui serait le plus digne d’être son héritier.
    — Une mise à l’épreuve ?
    Simon répondit avec un sourire :
    — Il nous a chargé de lui rapporter la Vraie Croix.
    — Un fragment ne lui suffisait pas ?
    — Il devra bien s’en accommoder…
    — Espérons-le !
    Cassiopée, profondément marquée par ses épreuves, restait à peu près silencieuse – comme obsédée par quelque mystère. Quant à Taqi, Terrible lui manquait ; la jument sur laquelle il chevauchait actuellement n’ayant en outre ni la puissance ni l’endurance de celle qui l’avait accompagné pendant tant d’années.
    — Mais, disait-il à Cassiopée, s’il est un paradis pour les humains, il doit bien y en avoir un pour les chevaux comme Terrible. Elle valait mieux que nombre de personnes que j’ai connues…
    Cassiopée n’écoutait pas son cousin. Certes, elle était heureuse de l’avoir retrouvé, de même qu’elle se réjouissait d’avoir été tirée des griffes des Templiers, mais elle se posait des questions sur Morgennes. Car c’était lui qu’elle recherchait. Elle en était maintenant certaine. Bientôt, elle le lui dirait. Il était temps de rentrer en France, et, pour Morgennes, de quitter les ordres. Ce qui ne devrait pas être très difficile à obtenir : l’Hôpital lui ayant remis sa charte de départ. Cependant, Morgennes était tellement imprévisible… Bien malin qui pouvait dire ce qu’il ferait dans un an, dans un mois, voire le lendemain matin.
    Cassiopée, elle, n’aurait même pas parié sur la prochaine heure. Non que Morgennes fût une girouette, mais sa destinée échappait aux hommes. Comme tout le monde, il recherchait quelque chose. Quoi, elle n’aurait su le dire ; mais elle était sûre qu’il le poursuivait avec autant d’avidité, d’ambition et de passion que ceux qui s’épuisaient à courir après la gloire, les femmes, le pouvoir ou l’argent. Si Morgennes semblait inconstant, c’est qu’on ne voyait pas la route sur laquelle il cheminait. En fait, il était clair qu’il y marchait seul, dramatiquement seul.
    Les plaines, les maisons, les champs et les vergers abandonnés se succédaient, tous dévastés. Enfin, alors que les sommets du mont Thabor s’estompaient derrière eux, une grande plaine blonde s’étendit jusqu’à l’horizon. Leurs montures y levaient une fine poussière claire, plus pâle encore

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