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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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étaient emplies non pas de vin, mais d’autres parchemins. Plus loin, dans des wagonnets posés sur des rails, des livres aux pages grises s’entassaient, entremêlant leurs sombres couvertures de cuir.
    — C’est magnifique ! dit Morgennes. Mais alors, les mines d’or et d’argent, tout ça, ce n’est qu’une légende ?
    — Non, répondit Guillaume. C’est un point de vue… L’or et l’argent des Moniales proviennent bien de cet endroit. Du savoir contenu dans ces écrits. Ici, vous avez des recettes de potions aphrodisiaques, là, de préparations pour soigner les brûlures d’estomac ; ailleurs, de remèdes pour les maux de tête, les cors aux pieds, les verrues, la mauvaise haleine, la goutte au nez, les rhumatismes, les panaris, la pourriture pourpre du pénis, la fièvre des marais, les écrouelles… Sans compter les formules permettant de fabriquer crèmes et onguents pour se prémunir contre le vieillissement ou différents péchés, tels l’avarice, l’orgueil, la luxure, l’envie, la colère, la paresse… Pour la gourmandise, malheureusement, il n’y a rien à faire… Peut-être qu’un jour…
    — C’est incroyable, dit Morgennes.
    Puis Yemba les mena vers d’autres galeries, à la voûte basse, et où les torches étaient interdites – on ne s’y déplaçait qu’avec des lanternes à capuchon fermé. Ce que Morgennes venait de voir n’était que la première partie d’une longue série de tunnels, qui tous semblaient se prolonger à l’infini.
    Taqi donna de violents coups de sabre à droite, et couvrit son flanc gauche avec son bouclier. Rawdân ibn Sultân le talonnait, le harcelant mieux qu’une bête enragée : le cheik des Maraykhât était, comme Taqi, un cavalier hors pair. Il était sur le point de frapper le neveu de Saladin avec son glaive empoisonné, lorsqu’un javelot d’or lui traversa la bouche, le faisant tomber de selle. Zénobie, montée sur une gazelle caparaçonnée d’or, en avait débarrassé Taqi, qui la remercia de la main. La reine courba la tête, puis lui lança, avant de repartir vers d’autres adversaires :
    — Vous ne devez pas rester ici ! Ils en ont après vous, partez ! Fuyez ! C’est un ordre !
    Mais Taqi ne pouvait se résoudre à battre en retraite. Déjà, il recommençait à se battre avec acharnement, faisant voler de tous côtés son sabre serti de pierres précieuses, parant les coups avec son petit bouclier en forme de cœur.
    Cassiopée, dont la monture avait reçu au poitrail un violent coup de lance, avait sauté de selle et gagné le refuge d’une guérite en hauteur, d’où elle tirait à l’arbalète sur les Maraykhât. À côté d’elle, quelques Moniales envoyaient des billes de fronde d’un genre particulier : elles explosaient en répandant un nuage de poudre vomitive ou soporifique, forçant les Maraykhât à rompre le combat ou à s’effondrer, perclus de fatigue. (Les Amazones, elles, étaient immunisées.) Soudain, elle aperçut Simon : il courait, tel un fou furieux, la Vraie Croix dans les mains.
    Dès le début du combat, Simon s’était précipité vers la chambre où les Moniales avaient remisé la Vraie Croix – du moins, celle qu’il appelait ainsi (en fait la croix de Hattin). C’était l’occasion ou jamais de l’essayer au combat ; et, puisque les Moniales étaient chrétiennes, il avait pensé que la vue du Saint Bois les inspirerait. Il en était sûr, grâce à elle, ils vaincraient ces barbares, ces odieux sbires de Lucifer. Car les Maraykhât étaient des lâches. Ils se battaient non pas courageusement, mais avec une sorte de folie qui les tenait loin de la mort et de la crainte qu’elle inspire. Sitôt qu’elle apparaîtrait sur le champ de bataille, les Maraykhât s’enfuiraient. Il s’était dit aussi que sa tenue de Templier blanc les impressionnerait peut-être – enfin, qu’elle les déstabiliserait.
    Le fracas du combat redoublant d’intensité, il était ressorti, muni pour seule arme de la croix tronquée, qu’il tenait à deux mains comme une épée de chevalier. Passant non loin de Cassiopée, il hurla :
    — Dieu le veut !
    Simon débordait d’une force prodigieuse. Dès qu’il fut au contact de l’ennemi, un formidable tumulte de sons et d’odeurs l’assaillit. Aux plaintes des mourants s’ajoutaient la vocifération des vainqueurs, le chant des cordes d’arcs, le vrombissement des billes de fronde, la plainte des impacts, le tonnerre des

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