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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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renseignements les concernant. Prenez-en soin, elles sont précieuses !
    Il tendit le coffret à Morgennes. Qui, encombré de sa croix, ne pouvait s’en saisir.
    — Laissez, je vais le porter pour vous, dit Yemba avec un grand sourire. Ainsi, j’aurai une excuse pour partir…
    Morgennes les remercia chaleureusement, et demanda à Yemba :
    — Vous quittez l’oasis ?
    — Pourquoi pas ?
    — Hâtons-nous, mes amis, hâtons-nous ! coupa Guillaume. Nous n’avons pas fini !
    Ils se précipitèrent vers un autre corridor, fermé par une lourde porte de bronze. Fouillant dans son aumônière, Guillaume sortit un grand trousseau de clés, et en introduisit une dans la serrure. La porte s’ouvrit avec un bruit de respiration sur une petite grotte sombre, où se trouvait une charrette à bras chargée de jarres en terre.
    — Nous y voici, dit Guillaume. Ces jarres sont scellées hermétiquement. Elles devraient pouvoir traverser le temps. Promettez-moi de les mettre en sécurité…
    — Où ça ? s’enquit Morgennes.
    — Dans un réseau de cavernes, situé au nord de la mer Morte. Ces textes sont extrêmement importants pour l’histoire de la chrétienté. Mais dangereux, aussi. Il faut les tenir à l’abri de Rome, qui les ferait certainement brûler si elle mettait la main dessus. Dans certains de ces documents, il est question d’un Maître de Justice, qui serait antérieur à Notre Seigneur Jésus-Christ. Or…
    Morgennes était tout ouïe.
    — Or, poursuivit Yemba, les paroles prononcées par ce Maître de Justice semblent avoir été reprises par Jésus. Le Christ a-t-il eu connaissance de ces écrits ! S’en est-il inspiré ? Toujours est-il qu’ils remettent en cause l’originalité de son message.
    — Mais pas sa valeur, reprit Guillaume. Nous n’avons malheureusement pas achevé l’étude de ces textes, par ailleurs en très mauvais état. Beaucoup sont à l’état de fragments, impossibles à assembler entre eux. D’autres me paraissent trop dangereux pour pouvoir être étudiés maintenant sans réveiller d’anciennes forces maléfiques. Un jour, peut-être, les hommes pourront se pencher sur ces mystères. Mais ils ne le pourront que si ces jarres leurs parviennent…
    Ils se rendirent ensuite dans une galerie plus large et fort humide, taillée dans la roche. Ils y voyaient à peine, à la lueur de la lanterne tenue par Guillaume. Enfin, ils parvinrent à un terre-plein qui dominait une falaise, au pied de laquelle coulait une rivière. Isabeau se trouvait là, avec la carriole de Massada et les autres chevaux.
    — Quel est cet endroit ? demanda Morgennes, émerveillé.
    — C’est là que le fleuve al-Assi, celui qui coule à l’envers, entame son dernier voyage, répondit Guillaume. Sa partie souterraine, qui l’emmène Dieu sait où. Aucun de nous, personne en fait, n’a jamais remonté son cours jusqu’à sa source. En le suivant dans le sens contraire vous parviendrez dans le désert, non loin d’ici. Je vous ai fait remettre des torches et des provisions pour plusieurs jours, expliqua-t-il en s’approchant de la carriole de Massada. Ainsi que ceci, fit-il en soulevant une bâche sous laquelle était Crucifère…
    — Comment vous remercier ? demanda Morgennes.
    — Protégez les jarres, répondit Guillaume.
    — C’est promis.
    Les deux amis s’étreignirent longuement, sachant qu’ils ne se reverraient jamais. Puis deux Moniales arrivèrent, l’une tenant Isabeau et Carabas par la bride, l’autre Massada, au bout d’une chaîne. Le petit homme ne cessait de sangloter, se lamentant sur son sort, pleurant sur Jérusalem, dont il n’arrêtait pas de répéter le nom, inlassablement :
    — Jérusalem ! Jérusalem ! Jérusalem !
    Quand il aperçut Morgennes, Massada tomba à genoux, lui baisa les pieds, lui demanda pardon, l’implora d’avoir pour lui la clémence de Dieu.
    — Demande pardon à Dieu, dit Morgennes. Pas à moi.
    Massada leva vers lui son visage baigné de larmes. On aurait dit que la lèpre y avait creusé de nouveaux sillons, plus profonds, qui n’épargnaient pas un pouce de sa peau. Le Juif était quasi méconnaissable.
    — Pardon ! Pardon, pardon, pardon !
    — Si Dieu veut que tu sois guéri, tu le seras ! lâcha froidement Morgennes. Mais pour l’instant je n’ai pour toi que du mépris…
    Puis il se détourna pour vérifier son équipement et s’entretenir une dernière fois avec Guillaume, lorsqu’un

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