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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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les traces à terre, Morgennes et Simon étaient allés dans cette salle immense, qu’il apercevait au bord extrême des torches tenues par ses hommes.
    — Par ici ! s’exclama Taqi.
    Ils avançaient en tenant leur monture par la bride, tant le terrain était inégal. De nombreuses galeries s’étaient effondrées, et ils avaient déjà dû faire plusieurs fois demi-tour, contraints de prendre des voies que Morgennes et Simon n’avaient pas empruntées – ceux-ci ayant dû ramper, ou le plafond s’étant écroulé après eux. « Seigneur, faites que je les retrouve ! » priait Taqi en son for intérieur. Mais il avait la conviction qu’il allait les revoir. Morgennes et lui ne pouvaient se séparer ainsi.
    Menant sa poignée d’hommes vers la grande salle qu’ils avaient aperçue devant eux, Taqi fut stupéfait de voir la pyramide de squelettes qui se dressait au centre. Quelques-uns de ses guerriers échangèrent à mi-voix des paroles, où il était question d’ogres mages et d’éfrits. Beaucoup portaient à leurs lèvres la main de Fatima pour la baiser ; mais aucun n’eut seulement l’idée de fuir. Ils restaient avec leur chef.
    Un éclaireur entré peu avant dans la grande chambre mortuaire revint auprès de Taqi.
    — Ils sont passés par là, seigneur, cela ne fait aucun doute. Ces os ont été dérangés récemment, et… à moins qu’ils n’aient bougé tout seuls, je ne vois pas d’autre solution que…
    Soudain, un crâne pivota sur lui-même, dardant ses orbites vides sur le soldat du Yazak. Celui-ci eut un geste de recul en même temps que Taqi, qui avoua :
    — J’ai eu peur, j’ai cru que…
    Mais une voix déjà montait de derrière le crâne. Elle disait :
    — Maître Taqiiii ! Je suiiiis siii content de vouuus revoiiir !
    Les hommes du Yazak tressaillirent, dégainèrent leur cimeterre et s’avancèrent dans la crypte précédés par Taqi.
    — Je connais cette voix, affirma ce dernier.
    Celle-ci reprit de plus belle :
    — Paaaar iciiii !
    Taqi donna un violent coup de pied dans une cage thoracique, l’envoyant promener. Elle cachait Rufinus, qui s’exclama en le voyant :
    — Enfiiin quelqu’uuuun à qui paaaarleeer !
    *
    D’un troisième escalier, Sohrawardi surgit avec ses hommes et siffla :
    — Ne le croyez pas ! Ce garçon ment ! Je le sens à sa voix. Il ment, il ment ! Il s’agit bien de la Vraie Croix !
    Mais Châtillon refusa d’écouter le sorcier.
    — Je connais ce garçon, expliqua-t-il. Il est incapable de mentir. Trahir, nous abandonner, nous, ses frères, oui. Mais mentir, non. Quand bien même le voudrait-il, il ne le pourrait pas… Il a trop peur de finir en enfer !
    Simon restait tête basse. Il ne savait que faire. Il avait menti, oui. Et non. En tout cas, ce n’était pas ce qu’ils croyaient. Pour lui, cela ne faisait aucun doute : ce n’était pas seulement la foi qui faisait l’authenticité de l’objet, comme le disait Morgennes. C’était Morgennes lui-même. Quand il s’était allongé, blessé, sur la croix que tenait à présent Châtillon, et qu’il avait été guéri, ce n’était pas uniquement à cause de la foi, ou de la Vraie Croix. C’était aussi à cause de Morgennes, qui avait tout donné pour sauver cette croix, y compris son honneur et son âme. Simon lui devait plus que la vie. Il lui devait de lui avoir ouvert les yeux. Il lui devait la vraie foi. Cette croix était vraie parce qu’elle était celle de Morgennes et que lui, Simon, l’avait aidé à la porter ; comme jadis Simon de Cyrène avait aidé le Christ à porter la sienne. L’histoire se répétait, voilà tout.
    Si Châtillon la jetait dans le puits, ce serait l’Apocalypse.
    « Ce n’est pas le moment de défaillir, pas le moment d’avoir peur », pensa Simon, s’efforçant de ne pas quitter Châtillon des yeux, de rendre son regard aussi droit qu’une lance, aussi dur que l’acier qui en composait le fer. Et cela parut réussir, puisque Châtillon se troubla, marmonnant :
    — Pas la Vraie Croix ? Vous nous auriez menti depuis le début ? Vous avez même menti aux habitants de Jérusalem ?
    Sohrawardi s’approcha alors de la croix tronquée et tendit la main pour la palper, mais Kunar Sell l’en empêcha :
    — N’y touchez pas !
    Wash el-Rafid, désignant la croix de son arbalète à deux plateaux, demanda :
    — Êtes-vous devenus fous ? Qu’avons-nous à redouter ? Ou c’est elle, et tout est

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