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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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conduisait au palais royal.
    — Dieu le lui aura murmuré à l’oreille, répondit Josias en souriant.
    Chefalitione, ne sachant que penser de cette repartie, fit la moue.
    — Ne soyez pas anxieux, continua Josias. C’est au contraire tout à notre avantage.
    — Comment cela ?
    — Il aura peut-être entendu d’autres choses.
    Chefalitione parut sceptique.
    — Vous doutez ? s’enquit Josias.
    — Oui.
    — Vous avez tort. On a déjà vu plus mystérieux qu’un roi annoncer à ses sujets la venue d’un homme…
    — Quoi ?
    — Un homme annoncer la venue d’un Dieu.
    Le palais des rois normands avait été bâti sur les ruines d’une ancienne place forte sarrasine, que le grand-père de Guillaume II, Roger II, premier roi de Sicile, et son père, Guillaume I er , dit le Mauvais, avaient relevée puis renforcée.
    Guillaume II le Bon régnait sur la Sicile depuis 1166, année de ses douze ans. Il entrait à présent dans sa trente-quatrième année, et se trouvait dans la force de l’âge. Les traits de son visage, taillés à la serpe, ainsi que son regard, perçant comme celui d’un aigle et ombragé par d’épais sourcils, signalaient un caractère autoritaire, préoccupé de vérité et détestant le mensonge. D’origine normande, il était, comme ses ancêtres, légat apostolique – charge que le pape Urbain II avait confiée à sa famille dès 1098. Guillaume s’était toujours efforcé, dans la mesure de ses maigres moyens, de prêter main-forte aux Francs de Terre sainte. Malheureusement, une guerre avec le nouveau basileus de Constantinople, Isaac Ange, l’empêchait d’aider la chrétienté autant qu’il le souhaitait. En outre, Venise et Pise gênaient considérablement ses affaires en lui faisant une concurrence effrénée, et bien souvent les navires de ces trois États s’entre-attaquaient. Pour le plus grand bénéfice des Génois et des Sarrasins. Il était donc rare d’apercevoir un bâtiment battant pavillon vénitien dans les eaux de Palerme.
    Guillaume II leur réserva un excellent accueil. On leur donna des chambres, pour qu’ils puissent s’y reposer des fatigues de la traversée, et on leur servit un repas : de la tortue assaisonnée d’épices, accompagnée d’une soupe aux algues. Puis Guillaume les fit venir à sa cour. Il s’y trouvait en compagnie de quelques-uns de ses plus proches conseillers, dont Margaritus de Brindisi, le commandeur de la flotte. Ce dernier était un homme de petite taille, au visage sombre et au regard fier. Fils de pêcheur, il avait été anobli par Guillaume I er le Mauvais après une importante campagne navale contre les Byzantins.
    Guillaume II demanda à Josias de lui exposer la situation en Terre sainte. L’archevêque en fit un tableau si poignant que le roi de Sicile exprima le souhait d’échanger ses habits royaux contre une robe de bure :
    — Nous ne la quitterons que lorsque Jérusalem sera redevenue chrétienne ! s’écria-t-il.
    — Mais, sire, intervint Josias, Jérusalem l’est encore.
    — Plus pour longtemps, dit le monarque avec tristesse.
    Enfin, Guillaume II s’entretint quelques secondes à voix basse avec Brindisi, puis déclara :
    — Nous ordonnons la mise en chantier immédiate d’une nouvelle flotte. Nous ne pouvons malheureusement envoyer, comme précédemment, le nombre extraordinaire de deux cent quatre-vingts navires, mais nous vous prêtons plus de trois cents de nos meilleurs chevaliers, dont le Chevalier Vert. Ils partiront pour Tripoli à bord d’une dizaine de nefs…
    — Bien, sire, dit Brindisi. Et les Byzantins ?
    — Faites-leur savoir que je demande une trêve.
    Brindisi s’inclina et prit congé. Les ordres de son roi ne souffraient pas d’attendre.
    — Tripoli ne doit en aucun cas tomber, expliqua Guillaume II.
    — Pourquoi, sire, Tripoli plutôt que Tyr ou Alexandrie ? demanda Josias en nommant les deux villes auxquelles Guillaume II était venu en aide autrefois.
    — Parce que Tripoli n’a jamais été aussi menacée qu’aujourd’hui, et que, si la ville tombe aux mains des Sarrasins, c’en est fini du krak des Chevaliers…
    — Vous êtes donc proche des Hospitaliers ?
    — Nous n’aimons pas les Templiers, monseigneur, dit simplement Guillaume. Et nous soutenons qui nous voulons.
    — Sire, pardonnez ma curiosité, s’excusa Josias.
    Après un court instant de silence, le roi se tourna vers Chefalitione :
    — Capitaine, lui

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