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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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souffrait tant qu’il ne put recevoir Petro à son chevet.
    L’entrepôt était certes vide au moment de notre découverte, mais nous ne doutions pas qu’il ait servi. On pouvait voir dans la cour les traces récentes du passage de carrioles. N’importe quel individu au courant de la maladie du propriétaire avait pu s’installer en catimini. Mais visiblement, on avait ensuite déménagé.
     
    Il n’y eut aucun incident au cours des funérailles. Nous n’avons remarqué aucune présence louche. Si quelqu’un se sentait de trop, c’était plutôt nous !
    Le moment était arrivé pour les proches de se réunir afin de recueillir les cendres ; les autres participants devaient partir. Avant de m’éclipser, je pris mon courage à deux mains et allai aborder le père éploré de Sosia Camillina.
    — Publius Camillus Meto.
    Je le voyais pour la première fois depuis l’incident avec Pertinax. C’était le type d’homme qu’on oubliait facilement : le visage lisse et ovale, totalement dénué d’expression, le regard lointain, tout juste teinté d’un mépris arrogant. Ce fut quasiment l’unique fois où je le vis en compagnie de son frère. Publius faisait plus vieux, avec son crâne chauve, mais ce jour-là, pour présider la cérémonie, il portait une toque. Quand il fit mine de me tourner le dos, je ne pus que remarquer une touche d’élégance, un air décidé dans le profil, ce qui manquait à mon cher Decimus. En s’écartant, il laissa derrière lui une légère odeur de myrrhe. Je remarquai aussi sa bague en intaille avec une émeraude impressionnante ; ces légères vanités de vieux garçon m’avaient échappé auparavant. C’était sans importance, mais je me sentis encore plus maladroit.
    — Monsieur, vous jugerez sans doute le moment inopportun (à en croire son expression, je ne me trompais pas…). Monsieur, je vous promets – comme j’ai promis à votre fille – de retrouver l’assassin. Peu importe ce que ça coûtera, j’y passerai le temps nécessaire.
    Il me fixa comme s’il avait perdu l’usage de la parole. Julia Justa, l’épouse de son frère, m’effleura le bras. Elle me lança un regard agacé mais je ne cédai pas. Publius était du genre à dissimuler sa peine derrière un sourire discret, mais cette douceur cachait une dureté comme je n’en avais jamais rencontrée.
    — Vous en avez fait bien assez comme ça pour ma fille ! s’exclama-t-il. Allez-vous-en ! Laissez-nous en paix !
    Il haussa le ton ; de plus en plus tranchant, il criait presque. Sa voix vacilla. Le recueillement de cette matinée avait disparu ; maladroitement, j’avais retourné le couteau dans la plaie. Ne sachant qui rendre responsable, il s’en prenait à moi.
    Mais il y avait autre chose. Sa peine semblait conférer à Publius Camillus une maîtrise excessive de ses émotions. On sentait un homme prêt à craquer, mais pas maintenant. Pas en public. Plus tard, ailleurs. Il avait toujours fait bonne figure dans la vie, mais cette perte l’avait secoué.
    Je pleurais cette enfant si pleine de vie avec autant de sincérité que lui. Parce que c’était elle, je souffrais pour lui. Et lui ouvris mon cœur.
    — Monsieur, nous partageons…
    — Nous ne partageons rien, Falco !
    Il s’éloigna.
    J’observai la pâle épouse du sénateur guider Meto vers le bûcher – elle se sentait obligée d’épauler le frère de son mari au cours de cette journée effroyable. Des serviteurs rassemblaient les enfants. Les esclaves se regroupaient. Des hommes importants, sur le point de partir, serraient la main du sénateur tout en suivant son frère d’un regard grave.
    Je savais me faire comprendre du sénateur, il accepterait toujours de m’écouter. Avec son frère Publius, je me heurtais à un mur. Pour l’heure, je décidai d’en rester là.
    Les deux frères avaient partagé l’existence de Sosia comme ils partageaient son départ. Decimus avait pris les choses en main. Publius se contentait de fixer les yeux sur les fragments d’os qui restaient accrochés au bûcher. Alors que le père de Sosia se tenait seul à l’écart, son oncle s’apprêtait à verser le vin pour éteindre les braises. Les gens avaient choisi ce moment pour commencer à partir. Decimus interrompit sa tâche, attendant un moment plus intime.
    À la manière de celui qui accorde aux autres le droit de lui présenter leurs condoléances, Decimus s’avança vers Petronius Longus – un

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