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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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m’expliqua ce qui l’avait conduit à son divorce.
    Et en entendant son récit, stupéfait et incrédule, je ne pus que penser aux cochons d’argent.

34
    — L’année des quatre empereurs, commença Helena, ma famille accorda son soutien à Vespasien. Père, oncle Gaïus et moi étions d’accord. Oncle Gaïus le connaissait depuis des années, et nous l’admirions tous. Mon mari n’avait pas d’opinion arrêtée ; c’est avant tout un négociant : épices d’Arabie, ivoire, porphyre d’Inde, perles… Un jour, plusieurs personnes réunies chez nous parlaient de Domitien, le deuxième fils de Vespasien ; c’était l’époque où il se trouvait impliqué dans la révolte germanique, juste avant que Vespasien ne rentre à Rome. Les invités s’étaient convaincus que ce gamin prétentieux ferait un empereur idéal – suffisamment séduisant pour être populaire, mais facile à manipuler. J’étais furieuse. Dès qu’ils furent partis, je me tournai vers mon mari…
    Elle eut une hésitation. Je la regardai de biais et décidai qu’il était préférable de ne pas intervenir. Dans la pénombre, ses yeux avaient pris la teinte du vieux miel – ces dernières gouttes qui se réfugient dans les recoins du pot, juste hors d’atteinte des doigts, et que l’on se refuse à jeter…
    — Oh, Didius Falco… Comment vous expliquer ? Cette dispute ne mit pas fin à notre mariage, mais j’ai alors compris le fossé qui nous séparait. Il ne me mettait jamais dans la confidence, je ne pouvais pas l’épauler comme j’aurais voulu. Pire encore, il n’acceptait même pas d’écouter mon point de vue…
    Le malheureux savait sans doute ce qu’il faisait, mais je n’aurais jamais osé dire cela à Helena – même sous la menace d’un taureau crétois fou furieux.
    — Avec le porphyre et les épices, il doit avoir une belle situation, remarquai-je. Vous auriez pu mener une existence paisible sans interférer dans…
    — En effet ! reconnut-elle avec un mouvement de colère.
    Certaines femmes y auraient trouvé leur compte. Prendre un amant, voire plusieurs, se plaindre à maman pendant qu’on dépense l’argent du mari… Un peu à contrecœur, je ne pouvais qu’admirer sa rigueur.
    — Et pourquoi vous a-t-il épousée ?
    — Par convenance sociale : une épouse lui était indispensable. Et en me choisissant, il se liait à oncle Publius.
    — Votre père appréciait-il votre époux ?
    — Vous connaissez les familles… Les pressions diverses s’accumulent au fil des années. Mon père a l’habitude d’agir selon les volontés de son frère. Et puis, mon mari paraissait un homme on ne peut plus normal : un nombrilisme exacerbé, une capacité très limitée à s’amuser…
    J’étais mal placé pour répondre. Pour l’apaiser, je posai une question pratique :
    — Je croyais que les sénateurs n’avaient pas le droit de faire du commerce…
    — C’est pour cela qu’il s’est associé à oncle Publius. Il s’est chargé de la mise de fonds, mais tous les papiers étaient au nom de mon oncle.
    — Votre mari est donc très riche ?
    — Son père l’était, même après le contrecoup de l’année des quatre empereurs…
    — Qu’est-il arrivé ?
    — Ma parole, Falco, c’est un véritable interrogatoire !
    Subitement elle éclata de rire. Je la voyais pour la première fois se livrer avec une telle bonne humeur et, conquis, je ris avec elle.
    — Bon ! Quand Vespasien dévoila ses ambitions et fit saisir les réserves monétaires d’Alexandrie, afin de mettre la pression sur le Sénat, le commerce vers l’est s’en est ressenti. Mon mari et mon oncle ont bien tenté de trouver de nouveaux débouchés en Europe – Publius a même été voir du côté de la Bretagne si les Celtes ne produisaient rien d’exportable. Oncle Gaïus ne l’a pas vu d’un très bon œil.
    — Ah oui ?
    — Ils ne s’entendent pas bien.
    — Pourquoi ?
    — Question de caractère.
    — Et Aelia Camilla, qu’en pensait-elle ? Elle a pris parti pour son mari ou pour son frère Publius ?
    — Elle a un petit faible pour Publius : elle aime chez lui tout ce qui a le don d’agacer Gaïus !
    La noble demoiselle trouvait cela drôle. J’aurais volontiers entendu son rire à nouveau et je saisis donc l’occasion offerte.
    — Qu’y a-t-il de si drôle ?
    — Je ne sais pas si je dois vous le dire… Bien, mais ne vous moquez pas… Il y a des années, quand ils

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