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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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évité le sujet. Être pris pour l’amant d’Helena Justina ne me faisait pas franchement rire.
    Nous avons retrouvé son frère cadet à la grande base militaire d’Argentoratum, sur le Rhenus, où il se trouvait en poste. Je m’entendis bien avec lui : les martyrs de sœurs cruelles forment une confrérie très soudée…
    Le jeune Camillus organisa un dîner qui s’avéra être le seul moment agréable de ce voyage épouvantable. Après quoi il me tira à l’écart et me demanda si quiconque avait pensé à me payer pour l’escorte de la belle dame. Je reconnus que je touchais déjà sur deux tableaux. Quand il eut cessé de rire, nous sortîmes pour goûter la vie nocturne. Il me confia que sa sœur avait connu une existence tragique. Je me gardai bien de rire ; c’était un gamin, il avait bon cœur, et de toute manière il était ivre mort.
    Elle avait l’air de tenir à son frère, ce qui ne m’étonna pas. J’étais plus intrigué par l’affection qu’il lui portait.
    À Lugdunum nous avons pris un bateau pour descendre le Rhodanus, et j’ai bien failli tomber à l’eau. Nous allions rater le bateau : ils avaient retiré la passerelle et largué les amarres, mais l’équipage lança un grappin vers la rive pour nous permettre de sauter à bord. Je fis passer les bagages par-dessus le bastingage. Puis, comme aucun des mariniers ne levait le petit doigt, je mis un pied sur l’embarcation tout en en gardant un à terre, pour servir de passerelle humaine à mademoiselle.
    Helena n’était pas du genre à se laisser démonter. Je lui tendis les deux mains tandis que le bateau s’éloignait davantage. Elle s’accrocha courageusement et je la fis passer à bord. Les bateliers décrochèrent aussitôt leurs grappins. Je vacillai. Le bateau s’écartait. Je me préparais à un bain glacé dans le Rhodanus quand Helena, se retournant, vit ce qui se passait et agrippa mon bras. L’espace d’un instant, je me retrouvai à faire le grand écart ; elle resserra davantage sa prise, je parvins à donner un coup de reins et j’atterris sur le pont, les quatre fers en l’air.
    Je ne savais plus où me mettre. La plupart des gens auraient échangé un sourire, mais Helena Justina me tourna le dos sans rien dire.
     
    Quatorze cents milles…
    D’interminables journées, tellement épuisantes, auxquelles succédaient des nuits dans des auberges étrangères qui se ressemblaient toutes, fréquentées – pour une fois, Helena avait raison – par d’ignobles types. Elle ne se plaignait jamais. Le mauvais temps, les fontes printanières, les courriers méprisants, moi  : pas le moindre grincement de dents de sa part. Arrivé à Massilia, j’avais du mal à retenir mon admiration.
    Je commençais aussi à me faire du souci. Elle paraissait fatiguée, sa voix était éteinte. L’auberge était bondée, et je savais maintenant combien elle détestait la cohue. Au moment du dîner, je montai la chercher dans sa chambre, pour prévenir son appréhension. Elle affirma ne pas vouloir descendre, prétendant qu’elle n’avait pas faim. Avec mon air enjoué, je réussis à la convaincre de sortir.
    — Tout va bien ?
    — Oui, Falco. Inutile d’en faire un plat.
    — Vous ne m’avez pas l’air en très bonne forme.
    — Je vais très bien.
    Elles ont toutes des jours sans… Après tout, elle était humaine. Je lui passai un châle autour des épaules ; j’aurais dorloté un porc-épic, s’il m’avait payé aussi bien qu’elle.
    — Je vous remercie.
    — C’est compris dans le service, dis-je.
    Je l’emmenai dîner.
    J’étais content qu’elle soit venue. Je ne voulais pas manger seul ; pas le soir de mon anniversaire.
    Personne n’était au courant. J’avais 30 ans.
     
    À Massilia, nous logions dans une auberge située près du port. Ce n’était ni pire ni mieux que le reste de la ville : tout juste épouvantable ! Trop d’étrangers font du tort à une ville. J’étais fourbu après une si longue route, et j’avais peur pour mes côtes endolories. Je ressentais aussi une inquiétude permanente, comme si l’on nous épiait. Quant à la nourriture, je l’ai trouvée dégoûtante.
    La salle à manger était assourdissante : on ne s’y entendait pas. Le capitaine de notre navire vint m’y trouver. Il souhaitait organiser le voyage. Il n’y alla pas par quatre chemins : paiement d’avance, aucun extra, départ à l’aube, à nous de porter les bagages et de trouver

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