Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
nuit.
    Helena Justina avait l’air si triste que je dis :
    — Vous feriez mieux de ne pas penser à Pertinax
    — Arrêtez.
    — Et n’allez pas vous mettre dans la tête qu’il était triste d’avoir divorcé…
    — Arrêtez, Falco !
    Je me blottis dans mon coin, l’air vexé. Elle tenta de s’excuser.
    — Vous vous impliquez tellement quand vous donnez des conseils… Votre frère le héros avait-il une femme ?
    — Très jeune, et une enfant qu’il n’a jamais connue.
    — Marcia ! s’exclama-t-elle. J’étais persuadée que c’était la vôtre.
    — Mais je vous avais dit que non !
    — Oui.
    — Je ne vous mens jamais.
    — Non, je vous demande pardon… Qui s’occupe d’eux ?
    — Moi.
    Je m’étais exprimé brusquement et j’avais laissé transparaître une certaine nervosité, mais cela n’avait rien à voir avec notre conversation.
    J’en eus la certitude une fois arrivés au Forum : des pas furtifs nous suivaient, beaucoup trop rapprochés.
    — Que se passe-t-il, Falco ?
    — On nous suit, depuis le palais…
    Je frappai sur le toit et me glissai dehors dès que la chaise s’arrêta. Helena Justina me suivit sans me laisser le temps de lui tendre la main. J’attrapai le sac d’or et poussai la jeune femme vers la porte à peine signalée du premier bouge venu – elle ne serait pas la première belle dame à se payer une visite guidée des bas-fonds nocturnes de Rome.
    Dans la lumière blafarde de l’entrée, je découvris sur son visage une excitation non dissimulée ; elle se prêtait sans trop de peine à mon petit jeu.

45
    Le buste brinquebalant d’une Vénus joufflue trônait au-dessus de la porte, à côté d’une enseigne racoleuse. Avant d’entrer, un type étonnant nous extorqua une petite fortune. C’était un bordel, mais je n’y pouvais pas grand-chose ; au moins nous n’étions plus dans la rue. L’endroit était sombre et bien chauffé, et renforça sans nul doute Helena Justina dans sa piètre opinion de moi.
    Le prix d’entrée serait pour ma poche – je me voyais mal demander au sénateur de vider ses coffres pour traîner sa fille dans un endroit aussi sordide.
    Les tenanciers du lieu tiraient un maigre profit des fornications diverses, mais une coquette fortune en faisant les poches de leurs clients et en revendant toutes sortes d’habits volés. Dans une vaste pièce aux allures de caverne, des peaux accrochées à des tringles délimitaient une série de cabines où l’on pouvait extorquer, voler et tuer dans la plus parfaite intimité. Les autres formes de relations se pratiquaient là où l’on se trouvait, dans la déprime générale.
    Un spectacle était en cours au centre de la pièce, éclairé par des flambeaux, au son enjoué des castagnettes. Trois adolescentes aux bras fluets et à la poitrine impressionnante s’en donnaient à cœur joie sur un tapis, sourire figé aux lèvres et fouet à la main. Un singe attendait dans un coin ; je préférais ne pas savoir quel était son rôle. Autour de la pièce, de sombres figures attablées devant des boissons au prix exorbitant contemplaient ce spectacle, lâchant de temps à autre un vague cri.
    Une petite hôtesse bien en chair nous toisa du regard. Les épaules nues, elle portait une tunique de gaze violette, fendue à la taille de sorte à laisser voir un bon mètre de ses jambes pleines de varices. Contrairement à l’effet recherché, sa tenue transparente me passait toute envie d’en voir plus. Elle demanda, avec un reste de provocation lasse :
    — Cogne-moi un peu les tambourins, centurion !
    Sans me laisser le temps de réagir, Helena lança :
    — Vous allez me couper tous mes effets ! Ce beau prince est avec moi.
    Cette touche inattendue ranima la servante ; et moi par la même occasion…
    — Ce sera deux p’tites pièces en or, quatre si on amène sa propre fille.
    Le type à l’extérieur m’avait taxé plus, mais sans doute que lui et le singe touchaient leur part.
    — Ça coûte cher d’amener sa consommation ! lança Helena.
    J’étais choqué d’entendre de telles grossièretés dans la bouche d’une femme.
    — Vous pourriez mieux vous tenir… Par Vénus, pourquoi a-t-il fallu qu’on nous suive… Nous voilà dans de beaux draps !
    J’aperçus soudain sur le pas de la porte quelques types baraqués, aux intentions peu joviales. À entendre le portier protester, ils n’avaient pas payé leur entrée ; mais ils n’avaient

Weitere Kostenlose Bücher