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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pas l’intention de rester, une fois qu’ils nous auraient mis le grappin dessus…
    Ma compagne murmura à sa nouvelle copine :
    — Ce clown se serre les jambes ! Il n’y aurait pas des toilettes ?
    — Dans la cour, chérie.
    — Viens Falco, je t’y accompagne !
    Elle me fit traverser au beau milieu du spectacle, mais personne ne parut surpris. On crut sans doute que nous en étions – ce qui fut d’ailleurs le cas, l’espace d’un instant cocasse. Une jeune Amazone toute gigotante recula dans les bras d’Helena ; elle me la transmit comme on passe un plat. J’embrassai la fille vigoureusement et le regrettai aussitôt – l’ail ne se supporte que si les deux en ont mangé… Je la posai sur une table et elle disparut sous les embrassades insistantes d’un groupe de Corses réjouis par une telle aubaine. D’autres groupes d’étrangers rugirent de jalousie. La table se renversa, arrachant au passage un rideau, et l’on découvrit un citoyen très affairé auprès d’une jeunette de la maison, son arrière-train blanchâtre s’élevant en rythme tel quelque dieu lunaire. Le pauvre lapin se crispa dans son élan, puis s’éclipsa. On applaudit. Helena riait.
    — Bon vent !
    Les chauffeurs et dockers enragés s’étaient levés, prêts à tâter du poing avec le premier venu et sous n’importe quel prétexte. Le singe croquait une pomme en attendant qu’on fasse appel à lui. Je claquai des doigts au-dessus de sa tête, m’emparai de sa pomme dès qu’il eut levé les yeux, et la projetai à la manière d’un lanceur de javelot vers le gang qui nous avait suivis. Montrant les dents, le singe sauta vers eux et mordit tous les visages qui s’offraient à lui.
    Helena Justina avait trouvé une porte basse. Elle me fit sortir dans l’allée qui courait derrière l’immeuble. Et nous n’avions même pas eu le temps de boire un verre.
    Certes, on ne va pas au bordel pour boire un verre.
    L’espace entre les immeubles mesurait tout au plus un mètre. Des balcons cachaient le ciel. Il y régnait une odeur aussi forte que l’urine de lion ; je me cognai le genou contre une caisse d’oignons. Je sentais la boue sous mes sandales et, après quelques pas, elle s’était infiltrée entre mes orteils.
    Je boitais mais la fille du sénateur m’attrapa par le bras pour m’aider à aller plus vite.
    — Je ne vous croyais pas si timide, Didius Falco !
    — Et moi je croyais que vous l’étiez plus, marmonnai-je.
    Je finis par sentir les blocs de lave d’une rue bien pavée.
    — Maintenant que nous fréquentons le même bordel, vous permettez que je vous tutoie ?
    — Pas question. Le spectacle promettait, dommage que nous l’ayons raté !
    — Il était temps de partir. Ce singe galeux vous regardait bizarrement.
    — C’était un chimpanzé, rétorqua Helena avec une certaine pédanterie. Et j’avais plutôt l’impression qu’il avait des visées sur vous.
    Nous avions ralenti l’allure. Nous sommes finalement tombés sur une artère principale. Le couvre-feu avait été levé, et on faisait entrer les charrettes de livraison. Un trafic impressionnant convergeait vers le centre, en provenance de toutes les portes de Rome. Les essieux crissaient, les jurons fusaient ; il fallut nous couvrir les oreilles. Il faisait nuit sombre, malgré la lumière cahotante des lanternes sur les véhicules. Soudain, des cris. Nous étions repérés. D’imposantes silhouettes se lançaient à notre poursuite. À la démarche de ces ombres, je crus reconnaître des soldats. Ils venaient vers nous sans hâte excessive, des deux côtés de l’avenue. Ils se frayaient un chemin à travers les carrioles, avec l’aisance de bouchons de liège flottant en eau trouble.
    — Encore des gros bras… Nous allons faire du stop…
    — Par Junon ! gémit Helena. Falco, je ne me vois pas faire la course sur les sept collines…
    La ville s’éveillait. Les rues s’emplissaient, des files d’attente se formaient, le bruit s’amplifiait. Je posai le pied à l’arrière d’une charrette assez lente, me hissai à bord et aidai ensuite Helena à monter. Pendant un pâté de maisons nous avons tenu compagnie à un buste en marbre ; nous avons changé de véhicule pour nous retrouver dans du fumier, avant d’atterrir enfin au milieu d’une cargaison de choux.
    Je m’efforçais de piquer vers le sud où les rues m’étaient familières. Le transporteur de choux s’arrêta pour engueuler un

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