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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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concurrent qui venait d’érafler sa carriole. Nous en avons profité pour descendre.
    — Gare à vos pieds !
    Je reculai, évitant une roue de justesse.
    — Merci ! Allez, là-dedans !
    Nous avons sauté dans un haquet dont les quatre côtés étaient ouverts au vent.
    — On vous a déjà dit que vous ressembliez à une amphore de bon rouge du Latium…
    Je me laissai tomber, encore tout choqué ; Helena mima l’amphore, les mains sur les hanches pour représenter les anses, son visage rappelant un bouchon en craie craquelée.
    Six chars à bestiaux plus tard, les ombres menaçantes gagnaient encore du terrain sur nous. Nous irions plus vite à pied. Nous nous sommes glissés à nouveau à terre. Mes sandales élégantes atterrirent dans quelque chose de tiède, laissé là par un chien. Je n’avais pas lâché le sac donné par Titus, et je redoutais de ne pouvoir accorder toute mon attention à Helena. J’avais eu peur de la perdre, mais au rythme où elle allait, le contraire était plutôt à craindre… Elle attrapa ma main libre, prête à bondir. À la lumière d’une taverne, j’observai l’éclat de son regard. Je m’étais bien trompé en la prenant pour une mijaurée ; elle vendrait chèrement sa peau. Elle éclata de rire en voyant mon air ahuri. Je ris avec elle et accélérai ma course, fouetté par l’excitation.
     
    Les carrioles nous avaient permis de traverser le Forum et de franchir la via Aurelia, toujours en direction du sud. Après avoir dépassé le cirque Maximus pour nous retrouver du côté où partaient les courses, nous avons filé vers l’est pour atteindre l’obélisque central. Dès que la douzième Région fut en vue, je m’arrêtai et cherchai refuge dans une impasse pour souffler un instant. Je plaquai Helena contre un mur sans fenêtres, et la retins d’un bras tandis que je jetai un coup d’œil à la ronde, l’oreille aux aguets. Au bout d’un moment, j’abaissai mon bras et posai doucement mon sac sur le sol. Je n’entendais rien sinon le lointain murmure derrière les immeubles. L’endroit semblait paisible, un îlot de silence. Moi, la fille du sénateur, la silhouette d’un hibou se détachant au sommet d’un arbre, l’odeur de cosses de haricots dans une poubelle… Une scène d’un romantisme fou, pour qui aimait les pois mangetout…
    — On les a semés, chuchotai-je. Vous passez une bonne soirée ?
    Elle rigola presque silencieusement.
    — Dire que j’aurais pu rester assise au bord d’une fontaine, à contempler des esclaves broder des ourlets sur des culottes !
    Une envie me tourmentait. J’étais sur le point de me confier quand une voix inconnue vint occuper le terrain.
    — Voilà un beau collier étrusque, ma belle ! C’est dangereux de traîner avec ça dans la rue ! Allez, passe la camelote !

46
    Helena Justina portait rarement des bijoux, mais ce soir-là elle avait revêtu ses plus belles pièces. Malgré la pénombre, je sentis toute son angoisse. Se gardant bien de bouger, elle me demanda à voix basse :
    — Que dois-je faire ?
    — À mon avis, il faut lui obéir. Il n’est pas très grand, mais il est armé.
    J’avais repéré l’ombre, à deux mètres sur ma droite. J’avais deviné la présence de la lame par instinct. Je fis glisser Helena vers ma gauche. Un rire moqueur se fit entendre.
    — On cherche à dégager sa main pour mieux dégainer l’épée… Faudrait encore en avoir une ! Allez la gonzesse, fais passer le magot !
    Avec un mouvement d’agacement, Helena décrocha ses boucles d’oreilles étincelantes, deux bracelets à tête de panthère, et sa fine tiare. Les mains chargées de toutes ces pièces, ses doigts eurent du mal avec le fermoir du collier.
    — Laissez-moi faire…
    — Monsieur a de l’entraînement ! railla le voleur.
    Il n’avait pas tort, j’avais détaché bon nombre de colliers dans ma vie. Celui-ci ne me résisterait pas. Je pressai les deux boucles de métal l’une contre l’autre avant de les séparer avec une légère torsion ; quand il était porté, le poids du collier suffisait à les maintenir en place. Son cou restait doux et tiède après notre course folle – à quoi bon défaire un collier si l’on ne peut pas chatouiller la dame…
    — Et voilà pour le nœud d’Hercule, fis-je en déposant la fine chaînette en or dans sa main.
    Une main décharnée s’avança pour recevoir son dû. Puis il me lança avec hargne :
    — Ta

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