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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’un des trois fils de Necht.
    « Ne dételle pas tes chevaux, ô cocher, dit-il. – Je n’en
ai pas l’intention, répondit Ibar. Comme tu peux le voir, j’ai encore les rênes
et les guides en main. – À qui appartiennent ces chevaux ? demanda Foill.
– Au roi Conor. – En effet, je reconnais leurs têtes mouchetées. Mais qui donc
a mené ces chevaux chez nous, si loin en dehors de la province d’Ulster ?
– Un petit garçon qui a pris les armes pour la première fois aujourd’hui. Il n’a
traversé la frontière que pour faire montre de son allure. – Eh bien, dit Foill,
voilà qui lui promet bien mauvaise aventure. Si je le savais en état de
combattre, il ne repartirait vers le nord, en direction d’Émain Macha, que mort.
Car je n’ai jamais laissé aucun guerrier d’Ulster revenir chez lui sain et sauf.
– En vérité, dit Ibar, ce petit garçon est incapable de combattre. Il ne
convient pas même d’en dire un mot. À peine est-il entré dans sa septième année. »
    À ces mots, Couhoulinn se réveilla, se mit debout et, portant
la main à son visage qui s’empourprait, se mit en rond, telle une meule de
moulin, depuis la tête jusqu’aux pieds [84] .
    « En vérité, s’écria-t-il, je suis non seulement
parfaitement capable de combattre mais venu ici précisément dans cette
intention ! – À la bonne heure ! répondit Foill. Voilà une réponse
qui me convient, et même elle me plaît mieux que le prétexte inverse… – Elle te
plaira mieux encore lorsque nous nous rencontrerons sur le gué. D’ici là, va
chercher tes armes, puisque je te vois venu sans elles, tel un lâche. En effet,
sache que je ne tue ni les cochers, ni les messagers, ni les gens qui ne
portent pas d’armes. »
    Foill, fils de Necht, se précipita à l’intérieur de la
forteresse et en ressortit bientôt, armé de pied en cap.
    « Méfie-toi bien de celui-là, petit garçon, murmura
Ibar, c’est l’un des fils de Necht. Il est redoutable et, sur lui, nulle arme
ne saurait avoir de prise, ni pointe, ni tranchant. – Ce n’est pas à moi qu’il
faut conter pareilles sornettes ! s’écria Couhoulinn avec violence. Sache
que j’empoignerai ma balle de fronde, qui est en fer fondu, que je la lui
décocherai, et qu’elle atteindra si bien le plat de son bouclier et le plat de
son front qu’elle emportera aussi gros qu’elle de cervelle, traversera les
muscles de sa nuque et fera un si joli trou de part et d’autre de sa tête que l’on
verra la lumière à travers ! »
    Foill, fils de Necht, s’en alla sur le gué et le garçon fit
comme il avait dit : il empoigna sa balle de fronde et la lança contre l’adversaire
avec tant d’adresse et de force qu’elle l’atteignit au plat du bouclier et au
plat du front, lui emporta aussi gros qu’elle de cervelle à travers les muscles
de la nuque, et qu’on vit la lumière par l’orifice. Là-dessus, il lui trancha la
tête et l’emporta jusqu’au char.
    Tuachall, deuxième fils de Necht, sortit sur ces entrefaites
de la forteresse et se rua dans la prairie.
    « Tu ne te vanteras jamais de ce que tu viens de faire !
s’écria-t-il à l’adresse du jeune garçon. – Tu as bien raison, rétorqua
Couhoulinn. Jamais je ne me vanterai de n’avoir tué qu’un seul guerrier. Va
donc chercher tes armes, puisque tu es venu ici comme un lâche et que je ne
saurais tuer un homme désarmé. »
    Tuachall se précipita vers la forteresse et en ressortit équipé.
    « Prends garde, petit garçon, souffla Ibar. Cet
homme-là se nomme Tuachall, et il est redoutable. Si tu ne l’atteins du premier
coup, du premier jet ou au premier contact, tu ne l’atteindras jamais, tant il
apporte d’insolence et de malice à esquiver la pointe du fer. – Ce n’est pas à
moi qu’il faut conter pareilles sornettes ! s’écria Couhoulinn. Sache que
j’empoignerai le javelot impétueux de Conor et le darderai si bien qu’il
atteindra son bouclier à la hauteur de sa poitrine, et qu’il lui brisera une
côte du côté opposé après lui avoir percé le cœur. Après ce coup, nul ne pourra
le guérir ni le préserver de mourir ! »
    Ils se rencontrèrent sur le gué, et le petit garçon décocha
si bien à Tuachall le javelot venimeux du roi qu’il lui perfora d’un trait le
bouclier et la poitrine, puis il lui trancha la tête avant même qu’il n’eût
touché le sol et la déposa sur le char.
    Le plus jeune fils de Necht sortit à son tour

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