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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dit Ibar, maintenant,
petit garçon, laisse les chevaux paître. – Certainement pas, ô Ibar, s’obstina
l’enfant. Cette grande route, là, devant nous, peux-tu me dire où elle mène ?
– En quoi peut-elle t’intéresser, petit garçon ? bougonna Ibar, je te
crois simplement insatiable ! – Et s’il me plaît à moi, ô Ibar, de poser
des questions au sujet des grandes routes du royaume de mon père Conor ? Jusqu’où
va celle-ci ? – Jusqu’au Gué de la Garde, dans la montagne de Fuat. – Pourquoi
l’appelle-t-on Gué de la Garde ? Le sais-tu, Ibar ? – Bien sûr que je
le sais ! Un bon guerrier d’Ulster s’y tient en permanence pour le garder.
Si de jeunes étrangers venaient chez les Ulates dans l’intention de les
provoquer au combat, c’est lui qui les affronterait au nom de tous les Ulates. Et
si des gens de la classe des poètes quittaient les Ulates et le royaume
mécontents qu’on les eût mal traités [81] ,
c’est lui qui leur donnerait des compensations en trésors et en richesses afin
que l’honneur des Ulates ne soit pas compromis. Enfin, si des poètes étrangers
venaient dans le pays, c’est toujours lui qui, les prenant sous sa protection, les
conduirait vers le roi Conor afin qu’ils puissent chanter leurs vers devant les
Ulates, en grand triomphe, à Émain Macha. – Sais-tu qui est de garde aujourd’hui,
sur ce gué ? demanda alors Couhoulinn. – Bien sûr que je le sais ! C’est
Conall Cernach, fils d’Amorgen, le champion victorieux, le roi des guerriers de
l’Irlande. – Eh bien, dit Couhoulinn, mène-nous au Gué de la Garde, afin que je
rencontre Conall Cernach. »
    Ils arrivèrent bientôt au Gué de la Garde.
    « Voilà donc l’enfant qui a pris les armes aujourd’hui ?
demanda Conall Cernach. – Cela se voit, n’est-ce pas ? ricana Ibar. – Oui,
grommela Conall, et bien trop tôt, selon moi. Il n’est pas de taille à lutter
ni à accomplir des exploits. – J’en suis parfaitement capable ! protesta
Couhoulinn. Mais dis-moi, toi, ô mon père Conall, que fais-tu donc ici sur ce
gué ? – Tu le vois : je monte la garde et je veille sur le royaume. –
Eh bien, retourne dans ta maison pour cette fois, ô mon père Conall, dit l’enfant.
Je monterai la garde à ta place et veillerai sur le royaume. – Y penses-tu, petit
garçon ! s’écria Conall. Je ne doute ni de ton courage ni de ton audace
mais, reconnais-le, tu ne saurais encore affronter un guerrier expert au
maniement des armes… – Dans ce cas, dit Couhoulinn avec entêtement, j’irai plus
au sud pour voir si je ne trouverai pas à me rougir les mains dans le sang d’un
ennemi des Ulates. – Puisque tu y tiens tant, vas-y, petit garçon, dit Conall. Mais
je te suivrai afin de te protéger, car il ne serait pas bon que tu t’aventures
seul en pays dangereux. – Je n’ai que faire que l’on me protège. – Que tu le
veuilles ou non, je te suivrai quand même. Tous les Ulates me blâmeraient de te
laisser pénétrer seul sur le territoire ennemi. »
    On amena donc les chevaux de Conall Cernach, on les attela à
son char, et le champion s’élança sur les traces de Couhoulinn, afin de veiller
sur lui. Mais lorsqu’il l’eut rejoint et fut parvenu à sa hauteur, ce dernier
se persuada que l’occasion était bonne de tenter un haut fait : il se
pencha hors de son char, ramassa une pierre à pleine main sur le sol du chemin
et la lança avec tant d’adresse et de force contre le joug du char de Conall qu’il
le brisa en deux et que Conall, jeté à terre, se démit l’épaule.
    « Que s’est-il passé, ô garçon ? demanda Conall, tout
éberlué de son accident. – Rien d’extraordinaire, se rengorgea Couhoulinn. J’étais
désireux de vérifier si je visais juste et si j’avais l’étoffe d’un guerrier, j’ai
lancé une pierre contre ton char, et voilà ! j’ai atteint mon but. – La
peste soit de ton coup ! s’écria Conall. La peste soit de toi-même, mon
garçon ! Tu peux bien livrer ta tête à tes ennemis, maintenant, je n’irai
pas plus loin pour te défendre ! – Ainsi feras-tu comme je t’avais demandé,
conclut posément Couhoulinn. Surtout qu’il existe un interdit, chez les Ulates,
celui de poursuivre sa route à bord d’un char qui n’est pas entièrement sûr. »
    Conall repartit donc vers le nord, en direction du Gué de la
Garde, tandis que Couhoulinn s’engageait plus au sud, tant et si bien que vint
la fin du

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