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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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les
apporte. Et si cette proie ne te suffit pas, envoie tes gens s’emparer du
bateau qui amenait les Fomoré : il se trouve encore sur le rivage. »
    Ensuite, elle désigna le jeune homme qui l’avait sauvée, et
le roi Aed, tout heureux, ordonna aux femmes de sa maison de prendre soin des
jeunes gens et de leur toilette. Or, pendant qu’ils se trouvaient au bain, la
main de Couhoulinn rencontra celle de la fille d’Aed le Rouge.
    « Certes, dit la jeune fille, grande est la part de
valeur et de bravoure que recèle cette main-là. »
    Et elle le conduisit, toujours le tenant par la main, jusqu’à
la chambre où se tenait son père.
    « Mon père, dit-elle, voici l’homme à qui doit revenir
le butin laissé par les Fomoré. Il serait ingrat à nous de ne rien lui laisser
car, si je suis sauve, nous en sommes bien redevables à sa bravoure et à sa
valeur. – Voilà qui est bien parlé, ma fille, répondit Aed le Rouge. Et m’est
avis que ce jeune homme a non seulement gagné le butin des Fomoré, mais aussi
toi-même. »
    Le butin pris sur les Fomoré fut donc remis à Couhoulinn, mais
il n’en garda rien pour lui. Il le divisa en trois parts. La première, il la
donna aux hommes qui se trouvaient dans la maison d’Aed le Rouge, la deuxième
aux jeunes gens d’Irlande, et la troisième en dot à la fille. Mais, cette
nuit-là, il eut la fille du roi au jeu du lit.
    Couhoulinn et les jeunes gens d’Irlande demeurèrent quelques
jours dans la maison du roi Aed le Rouge, puis ils prirent congé de leur hôte. On
leur procura un bateau pour leur permettre de regagner leur pays. Ils s’en
allèrent donc sur la mer et abordèrent au rivage d’Ulster. De là, ils
regagnèrent Émain Macha où on leur fit bon accueil.
    Cependant, lorsque Couhoulinn demanda des nouvelles d’Émer, il
apprit que, déjà informé de son retour d’Écosse, le père de celle-ci, Forgall
Manach, était moins que jamais décidé à la lui donner. Aussi l’avait-il
enfermée dans sa forteresse et entourée de gardes pour l’empêcher de s’enfuir. Couhoulinn
devint rouge de colère et, rassemblant les jeunes gens avec lesquels il avait
appris les tours d’adresse et les prouesses de valeur et de bravoure chez les
femmes-guerrières d’Écosse, il les emmena avec lui sur les terres de Forgall
Manach.
    Ils assiégèrent la forteresse et finirent par s’y introduire,
saccageant tout sur leur passage. Après quoi, Couhoulinn revint chez lui en
compagnie d’Émer, fille de Forgall Manach, et il vécut désormais avec elle [111] .

CHAPITRE VII

L’étrange voyage de Couhoulinn
    Après son retour d’Écosse, où il avait appris des prouesses
que nul autre ne connaissait, Couhoulinn s’établit dans la terre de son père
Sualtam, mais il séjournait très souvent à Émain Macha auprès de son oncle, le
roi Conor. Il avait à présent un cocher nommé Loeg, fils de Riangabar, qui
passait pour l’un des plus habiles et des plus courageux qui fussent en ce
temps-là. Et, en vertu de sa grande valeur, on lui avait donné un fils adoptif [112] en la personne d’un jeune guerrier qu’on appelait Lugaid aux Ceintures rouges.
    Il existait une coutume, en Ulster, que tous respectaient, à
savoir que si chaque héros devait recevoir des Ulates et les nourrir pendant
une nuit chaque année, le roi, quant à lui, devait les recevoir trois jours et
trois nuits au commencement de chaque saison [113] et les nourrir et les abreuver pendant ce temps. Or, voici qu’arriva le tour de
Bricriu à la Langue empoisonnée d’accueillir le roi et son peuple.
    Bricriu fit donc apporter chez lui tout ce qui était
nécessaire au festin. Les femmes des Ulates recevaient à cette occasion, de la
part de la femme de celui qui donnait la fête, sept bœufs et sept porcs, sept
tonneaux de bière, sept pots, sept coupes, sept verres à bière, sept services
de poissons, d’oiseaux et de légumes variés. Et l’on remplissait, à l’intention
du roi, un grand tonneau, muni de deux échelles, l’une à l’extérieur, l’autre à
l’intérieur, dont on se servait pour aller y puiser la bière.
    Or, quand il vit le roi Conor et les Ulates, une fois réunis
en sa maison, s’apprêter à faire honneur au festin, Bricriu, qui les observait,
ne put s’empêcher de dire tout haut : « Ils seront célèbres dans l’avenir,
les exploits qui vont être accomplis dans l’espoir d’une bière pour rire et d’un
repas pour rire. »
    Tout le monde

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