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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qu’il avait
examinés.
    « Je ne les reconnais pas, dit Maeve. À moins qu’il ne
s’agisse de Couhoulinn, fils de Sualtam, en compagnie de son élève Lugaid aux
Ceintures rouges et de Loeg, son cocher. Quant à la fille, elle pourrait être Finnchoem,
la fille d’Éochaid Rond, de la tribu de Mané. Heureux qui la possédera, si du
moins il a obtenu le consentement de son père et de sa mère ! Car malheur
à lui s’il l’a prise malgré eux. Ils auront à cœur de le poursuivre et de lui
faire payer très cher son impudence et sa témérité. »
    Là-dessus, Couhoulinn et ses compagnons, qui étaient arrivés
près de la porte de la forteresse, poussèrent un nouveau cri de victoire.
    « Que quelqu’un sorte, ordonna Maeve, et qu’il s’informe
des hauts faits qu’ont pu accomplir ces guerriers. »
    Des serviteurs vinrent donc demander à Couhoulinn, de la
part d’Ailill et de Maeve, ce qui motivait leur cri de victoire. On leur montra
les neuf têtes des hommes tués dans le bois de Manach, et les serviteurs les
emportèrent pour les faire voir aux souverains.
    « Savez-vous à qui appartenaient ces têtes ? demandèrent
ces derniers. – Nous ne les reconnaissons pas, répondirent leurs gens. – Ah !
s’écria soudain Maeve, je les reconnais, maintenant. Ce sont celles des
brigands qui venaient nous assaillir et nous piller sans cesse. Qu’on porte ces
têtes au-dehors et qu’on les place sur la palissade. »
    Cela fait, on vint conter la chose à Couhoulinn.
    « Par le dieu que jure ma tribu ! s’écria-t-il, je
ferai danser la palissade sur tous les habitants de la forteresse si l’on ne me
rend ces trophées qui sont le signe de ma prouesse ! »
    On lui rapporta donc ce qu’il réclamait, puis lui et ses
compagnons furent introduits dans la maison des hôtes, où on leur procura de
doux breuvages, une nourriture abondante et de bons lits pour se reposer.
    Le lendemain matin, Couhoulinn se leva le premier, prit
toutes ses armes et alla s’adosser contre une grosse pierre, non loin des
remparts. Or, le guetteur qui occupait son poste depuis le lever du soleil
entendit tout à coup retentir dans la campagne, vers le sud, un bruit sourd
comparable au roulement du tonnerre, et il s’empressa d’en informer la reine
Maeve.
    « De quoi s’agit-il donc ? demanda-t-elle. – Dis-le
toi-même, répondirent les jeunes gens qui l’entouraient, car tu le sais mieux
que personne. – J’en serais fort incapable, se défendit-elle, à moins que ce ne
soient les hommes de la tribu de Mané qui viennent, depuis le sud, sur les
traces de la fille. Regarde une autre fois. »
    Le guetteur se pencha par-dessus la muraille de la
forteresse.
    « Eh bien, dit-il, j’aperçois en effet sur la plaine, vers
le sud, un nuage si épais qu’on ne saurait distinguer les uns des autres les
gens qui viennent. – Certes, reprit Maeve, je sais de quoi il retourne. Ce
nuage est le souffle des chevaux des hommes de Mané lancés sur les traces de Finnchoem.
Regarde encore et dis-moi ce que tu vois. »
    À nouveau, le guetteur se haussa jusqu’au sommet de la
muraille et scruta longuement l’horizon.
    « Je distingue des flamboiements qui, dans la plaine, courent
depuis le gué de Mog jusqu’à la montagne de Badgné. Mais il t’appartient d’expliquer
cela, ô reine Maeve. – Ce n’est pas difficile, dit-elle. Ces flamboiements sont
l’éclat des armes et des yeux des hommes de Mané parcourant la plaine en quête
de la fille. »
    À ce moment, ils aperçurent plus nettement une troupe qui se
rapprochait. À sa tête se distinguait un héros. Dans son sillage flottait un
manteau de pourpre à quatre franges d’or. Sur son dos étincelait un bouclier
orné de huit cercles de laiton. Et il était vêtu d’une ample tunique rehaussée
de broderies d’argent depuis les épaules jusqu’aux genoux. Sa chevelure, de la
couleur du cuivre rouge, ondoyait jusqu’aux flancs de sa monture, et la chaîne
d’or qui lui enserrait la tête lui avait valu son nom d’Éochaid Rond [115] .
Sous lui piaffait un cheval fringant moucheté de jaune et muni d’un frein d’or.
Dans sa main, il tenait deux javelots niellés de clous de laiton. À sa ceinture,
pendait une épée à poignée d’or incrustée de pierres précieuses. Enfin, à son
côté, il portait une lance façonnée par un enchanteur.
    Or, à peine le cavalier eut-il aperçu Couhoulinn qu’il jeta
sa lance contre lui. Mais Couhoulinn, qui

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