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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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quand la nuit devint très sombre, les
serviteurs, informés du plan conçu contre les Ulates, s’esquivèrent sans dire
un mot, et le dernier à s’en aller referma soigneusement la porte derrière lui.
On fixa alors les sept chaînes de fer autour de la maison, on les scella aux
sept piliers qui se dressaient dehors, au milieu de la cour. Ensuite, on amena
trois cinquantaines de forgerons munis de leurs soufflets que l’on chargea d’activer
le feu [121] .
On fit trois cercles autour de la maison. On alluma le feu au-dessous de la
maison de fer, et également au-dessus, si bien que la chaleur traversa bientôt
la cloison. Les Ulates, en sentant cette chaleur augmenter, commencèrent à s’inquiéter
et observèrent un profond silence.
    « Que se passe-t-il ? demanda Bricriu. Quelle est
la cause de l’intense chaleur qui nous vient tant du sol que du toit ? M’est
avis qu’il faudrait le savoir. Ne serait-ce pas que l’on veut nous brûler
par-dessous comme par-dessus ? Cette maison me paraît, en plus, hermétiquement
close… – Voici qui nous renseignera ! » s’écria Triscoth, l’un des
champions ulates.
    Il se leva, se dirigea vers l’un des murs et y donna un coup
de pied d’une puissance à ébranler n’importe quelle cloison de pierre, mais le
mur n’en frémit même pas, et Triscoth n’y gagna qu’une violente douleur au pied.
    « Du fer…, s’ébahit-il, et brûlant ! À l’évidence,
on nous a enfermés là pour nous faire périr de chaleur. – Ah ! ce n’est
vraiment pas pour notre bien que tu nous as invités à ton festin, ô Couhoulinn !
s’écria Bricriu à la Langue empoisonnée. Tu peux te vanter de nous avoir menés
droit dans la gueule de nos plus cruels ennemis. – Ne parle pas ainsi, Bricriu !
s’emporta Couhoulinn. Je suis responsable de vous tous, je vous tirerai de ce
piège. Avec mon épée, je vais pratiquer une brèche qui vous permettra de sortir,
vous verrez ! »
    Il brandit son épée mais eut beau l’enfoncer profondément
dans le mur, celui-ci n’en fut même pas ébranlé.
    « Ma foi, reprit-il, nous nous trouvons dans une maison
bâtie entièrement en fer. Et les maisons de bois contiguës risquent de prendre
feu si l’on n’y prend garde. Voilà qui nous mettrait en grand danger… – Ce
serait pire que tout ! s’exclama Bricriu. Quelle bonne inspiration a eue
Couhoulinn de nous inviter chez lui ! Chez Fintan, à Dun Da Ben, nous
serions en sécurité, nous aurions tout loisir de laisser se dissiper notre
ivresse… – Que ce bavard de Bricriu se taise ! ordonna Sencha. C’est bien
le moment de se perdre en regrets oiseux et d’accuser n’importe qui ! Il
nous faut coûte que coûte sortir d’ici et, pour ce faire, choisir lequel d’entre
nous saurait se frayer un passage à travers ces murs brûlants. »
    Comme ils se regardaient tous les uns les autres, Dagda se
rendit visible et s’excusa de ne pouvoir rien faire car, à heurter le mur, sa
massue rebondirait sur les prisonniers et en tuerait bon nombre. Triscoth prit
la parole à son tour et prétendit ne pouvoir rien tenter, car son simple regard
était capable de tuer trois neuvaines de guerriers. D’autres, en revanche, s’avouèrent,
en dépit de leur force, impuissants à détruire les murs qui les entouraient.
    « Puisqu’il en est ainsi, déclara Sencha, je suis d’avis
qu’incombe au plus valeureux d’entre nous de tenter quelque chose. Or, vous
savez très bien, vous tous, que le plus valeureux d’entre nous se nomme
Couhoulinn. Il lui revient donc d’accomplir une action d’éclat pour nous tirer
de ce mauvais pas, et ce d’autant plus qu’il est notre protecteur, pour nous
avoir conduits ici. »
    Alors, Couhoulinn fit un bond en l’air, ainsi qu’il l’avait
appris chez Scatach, mais, au lieu de le suspendre et de planer comme au milieu
des vents, il le prolongea et, heurtant la toiture, la projeta d’un coup vers l’extérieur,
avant de retomber lui-même devant l’une des maisons de bois. Et le fracas qu’il
provoqua en touchant terre fut tel que la forteresse entière en trembla et que
les armes suspendues aux murs des maisons se décrochèrent en grand tapage.
    Lorsque Cûroi mac Daeré, Maeve et Ailill virent que les
Ulates pouvaient sortir de la maison en fer par l’emplacement béant du toit, ils
allèrent leur ouvrir les portes et les firent sortir. On les conduisit pour
lors dans une maison en chêne, dont les portes en bois

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