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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’accord
sur ce qu’ils voient au loin. Que vont-ils dire, maintenant ? »
    Au même instant, Crom Deroil se mettait à chanter :
     
    Ô Crom Derail, que vois-tu
    à travers le brouillard ?
    N’y a-t-il pas un sanglant présage
    dans la blancheur des flocons de neige ?
    Si c’étaient des buissons,
    ils seraient au repos,
    ils ne bougeraient pas, ils ne se lèveraient pas.
    Si c’étaient des chênes ou des aulnes,
    si c’étaient des arbres sur un tertre,
    ils n’avanceraient pas sur le chemin,
    ils seraient inertes.
    Comme ils ne sont pas inertes,
    c’est qu’ils préparent un combat sanglant,
    ils sont vivants sur la plaine,
    et leurs couleurs sont rudes et violentes.
    Ce ne sont pas des arbres, le sais-tu ?
    Ils poussent d’horribles clameurs,
    car ce sont des hommes emportés par leur fureur
    et dont les armes sont déjà rouges.
     
    Comme il finissait de prononcer ces paroles, le soleil
dépassa les collines qui cernaient la plaine.
    « Eh bien ! s’écria le druide, tu la vois, maintenant,
l’armée qui s’avance vers nous ? Leurs armes étincellent-elles assez dans
la lumière du matin ? »
    La troupe des Ulates accourait en effet avec tant de
rapidité et tant de sauvagerie que le sol en tremblait tout autour et que, quand
elle fut parvenue sous les murailles de Temair Luachra, il ne fut d’arme ni de
bouclier pendu au mur à l’intérieur de la forteresse qui ne tombât sur le sol. Les
maisons vacillèrent, des piliers se fendirent, et il semblait qu’une mer
déchaînée déferlât sur Temair Luachra. Les druides basculèrent, ainsi que les
gardes, pardessus le mur et se retrouvèrent dans la prairie. Crom Deroil s’empressa
de se relever et de regagner l’abri des remparts tandis que les Ulates, d’un
bond furieux, franchissaient la palissade, envahissant le terre-plein. Et leur
ardeur était si forte qu’en quelques instants la neige fondit à trente pieds d’eux,
comme si le soleil lui-même s’était effondré dans la cour de la forteresse.
    Crom Deroil fit irruption dans la maison où Cûroi avait
rejoint Ailill et Maeve.
    « Que se passe-t-il ? demande Maeve. Quel est ce
tapage, au-dehors ? Est-ce la mer qui déborde tout à coup, ou bien le
fracas d’une armée qui se précipite à l’assaut de la forteresse ? Il
semble que l’air tout entier soit empli du bruit des armes et du vacarme des
combats. – C’est une ruée qui vient de toute l’Irlande, répondit Crom Deroil. Des
armées féroces et sauvages approchent, et je ne sais s’il s’agit là d’irlandais
ou de gens venus d’au-delà des mers. Mais si ce sont des Irlandais, ce ne
peuvent être que des Ulates. »
    Ils se précipitèrent tous à la porte et, d’un coup d’œil, découvrirent
les guerriers assis sur l’herbe de la cour, où la neige achevait de fondre.
    « Ce sont vraiment des Ulates, reprit Crom Deroil. Je
reconnais leur roi, Conor, fils de Ness, et aussi Conall Cernach et Loegairé, et
encore les fils de Conor, et Couhoulinn, fils de Sualtam et de Dechtiré, le
redoutable champion. Je vois même parmi eux Angus, fils de Dagda, des tribus de
Dana, ainsi que Dagda lui-même. C’est pour attiser l’ardeur au combat que ces
deux-là se sont glissés parmi les précédents, mais, hormis moi, nul n’est
capable de les voir. Pourtant, Dagda porte sur la tête sept capuches sombres
qui le protègent du froid et de la neige. Neuf hommes le flanquent de chaque
côté. Il tient dans sa main sa monstrueuse massue de fer, dont l’un des bouts
est bénéfique et l’autre maléfique. Et voici comment il se sert de cette massue
dans ses jeux d’adresse et ses tours guerriers : il en assène le bout
maléfique à ses neuf compagnons et les tue, puis, sur-le-champ, récidive avec
le bout bénéfique et les ressuscite en un clin d’œil. Tel est le redoutable
Dagda, le grand champion des tribus de Dana. – Cependant, dit Maeve, les
guerriers ulates sont aussi redoutables que Dagda et son fils Angus, le Mac Oc.
En reconnais-tu d’autres que ceux que tu nous as nommés ? – Certainement, répondit
Crom Deroil. Je vois là Dubtach Doel. La grande lance acérée qu’il porte à
hauteur d’épaule est magique [119]  :
lorsque la saisit la fureur guerrière de qui la brandit, elle projette autour d’elle
autant d’étincelles qu’il y a d’étoiles dans le ciel et elle brûle tout ce qu’elle
approche. Et l’on ne peut l’apaiser qu’en plongeant sa pointe dans un

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