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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’if très solide avaient
trois pieds d’épaisseur, et où se trouvaient deux crochets de fer munis chacun
d’une broche en fer. Et après qu’on leur eut fourni des couvre-pieds et des
couvertures, le druide Crom Deroil leur fit envoyer leurs armes pour qu’ils se
sentissent en sécurité. Ils s’assirent donc dans cette maison de chêne, non
sans avoir constaté que les armes de Couhoulinn se trouvaient suspendues
au-dessus de leurs têtes.
    « Qu’on fasse chauffer de l’eau, pour leur permettre de
se laver », ordonna le roi Ailill, extrêmement gêné que l’on eût infligé
aux Ulates, alors qu’ils étaient ses hôtes et ceux de Cûroi mac Daeré, un
pareil affront.
    On apporta donc de l’eau chaude, et ils se lavèrent, de la
nourriture, et ils mangèrent, de la boisson, et ils burent de si bonne grâce
que l’ivresse ne leur faillit point. Et Crom Deroil vint leur rendre visite, sous
couleur de s’enquérir de leurs désirs éventuels, au vrai pour les espionner et
savoir au juste de quoi ils parlaient entre eux. Au bout d’un moment, le druide
Sencha frappa le sol de sa baguette et, aussitôt, les Ulates, malgré leur
ivresse qui était grande, firent silence et l’entourèrent.
    « Rendez grâces à nos hôtes et à leur générosité !
s’écria Sencha. Ils vous ont procuré force bière et force nourriture, il
convient de le reconnaître et de manifester votre gratitude. – Tu parles d’or !
cria Doeltenga, l’un des champions des Ulates, sous l’emprise de la boisson. Je
jure par le dieu que jure ma tribu que je ne quitterai pas ce pays sans en
emporter de riches trésors et autant de femmes qu’il m’en faut, à seule fin de
prouver ma reconnaissance envers la prodigalité de nos bienfaiteurs ! Et
si les habitants de Munster trouvent excessif le prix à payer, je ne partirai
pas avant que quelques têtes n’ornent ma ceinture. – En attendant, dit Bricriu,
je crois bien que nous voici tombés dans une autre prison dont il ne nous sera
pas si aisé de sortir… – Il n’a pas tort, dit Dubthach. Regardez la solidité de
la maison et l’épaisseur des fortifications qui l’entourent. Il est impossible
de sortir d’ici, à moins que le meilleur des guerriers ulates ne nous donne une
nouvelle preuve de sa supériorité… »
    Alors, Couhoulinn bondit et exécuta si bien le saut du
saumon que, dans son élan, il emporta le toit, se retrouva perché sur celui de
la maison voisine et, de là, vit, en bas, la troupe des guerriers de Connaught
et de Munster qui se formaient en ligne de bataille pour les assaillir. Or, tandis
que, quittant son perchoir, il rentrait dans la maison de chêne, Ailill, scandalisé
de voir les siens attaquer des hôtes, s’adossa à la porte des Ulates pour les
protéger, et ses sept fils se prirent par la main pour lui faire un rempart de
leur corps. Mais Couhoulinn donna un si violent coup de pied dans la porte que
sa jambe la traversa jusqu’au genou et, la porte une fois disloquée, il se
retourna vers ses compagnons et les avertit : « Nos ennemis vont nous
attaquer. Il faut nous attendre à lutter. – Quel est ton avis, ô Couhoulinn ?
demanda Sencha. – Mettez-vous tous le dos contre le mur. Que chacun garde ses
armes à la main. En cas de besoin, nous pousserons la maison mais, d’ici là, qu’on
envoie quelqu’un parlementer avec nos assaillants. »
    Ainsi fit-on, et l’on désigna Triscoth pour les négociations.
Les ennemis lui opposèrent Fer Caille [122] , qui s’avança en
compagnie de neuf hommes.
    « Regarde-moi, lui dit Triscoth. Ai-je l’allure de
quelqu’un qui va mourir ? »
    Pour toute réponse, Fer Caille le saisit par la jambe et le
fit si bien tournoyer qu’il tua les neuf hommes. Et, sur ce, les gens de Connaught
et de Munster cernèrent la maison pour y donner l’assaut, mais les Ulates la
poussèrent, avec leurs dos et leurs nuques, de telle sorte que nombre d’agresseurs
périrent écrasés. Le combat néanmoins se prolongea jusqu’au milieu du jour
suivant, et les Ulates ne plièrent finalement que devant le nombre.
    Depuis la muraille de la forteresse, Ailill observait, désolé,
ce qui se passait.
    « Hélas ! gémissait-il, je vois trop que ceux de
Connaught et de Munster ne commettent que trahison aujourd’hui. Il est honteux
d’attaquer ainsi des gens à qui l’on avait accordé l’hospitalité. Voilà qui
viole mon honneur, et si j’en souffre grandement, je sais que je n’ai

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