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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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préparer, et je t’accompagne. »
    Dès l’arrivée des deux hommes à Émain Macha, les Ulates se
réunirent dans la maison de la Branche Rouge autour du roi Conor. Et voici à
quelle compensation Celtchar se vit condamner pour le meurtre de Blai Briuga :
il devrait débarrasser l’Ulster des trois calamités qui l’affligeaient en ce
temps-là, à savoir de Conganges, fils de Deda, qui le ravageait en y tuant tous
ceux qu’il y rencontrait, de la Souris Brune, un chien ravageur qui en décimait
les troupeaux et du Chien Noir qui déchiquetait et massacrait tous les êtres
vivants qu’il y rencontrait.
    « C’est bon, dit Celtchar, je ferai ce que vous me
dites. »
    Conganges, fils de Deda, des tribus de Dana, était non
seulement cruel et impitoyable mais, au surplus, invincible car, au lieu de le
blesser, les lances et les épées rebondissaient sur sa peau comme sur de la
corne.
    « Voilà la première calamité que tu dois éliminer, prononça
Conor. – Je vais m’y employer », promit Celtchar.
    Or, Celtchar avait une fille qui avait pour nom Niam [131] .
Il alla la trouver et, de concert avec elle, échafauda un plan pour atteindre
son but. Après quoi, il se rendit dans la demeure de Conganges et, posément, tendit
son piège.
    « Je sais que tu n’as pas d’épouse, lui dit-il. Aussi, comme
je désire établir paix et amitié entre nous, te donnerais-je volontiers ma
fille, Niam, ainsi qu’un festin pour cent personnes, servi chaque soir, pendant
la fête de Samain . »
    Enchanté de l’offre, Conganges accepta et, lors des noces
qui s’ensuivirent sans retard, accompagnées de grandes réjouissances, Celtchar
ne négligea pas de combler son gendre de présents splendides. Mais, une fois
seule avec son mari, Niam n’hésita pas à suivre le plan concerté avec son père.
    « Je serais curieuse de savoir, murmura-t-elle un soir,
d’où te vient ton invincibilité dans les combats. Les javelots et les lances n’ont
aucune prise sur toi, et tu ne peux être tué par aucun de tes adversaires. – Il
est vrai, se rengorgea Conganges, je suis invincible dans toute bataille, et
les pointes rebondissent sur mon corps sans y pouvoir pénétrer. – Ainsi, s’extasia
Niam, tu ne saurais être tué ? – Hélas ! si, je peux l’être, mais
dans certaines conditions que ne connaîtront jamais mes ennemis. – Lesquelles ?
demanda-t-elle d’un air innocent. – Je t’en ai trop dit, grommela Conganges. Il
est préférable que personne ne les connaisse, sans quoi je me sentirais en
danger. »
    Mais Niam sut si bien insister durant les nuits suivantes, elle
y déploya tant de patience et tant de rouerie que Conganges finit par lui
révéler son secret.
    « Il serait très difficile de me tuer, dit-il, car, pour
ce faire, il faudrait m’enfoncer des pointes rouges dans la plante des pieds et
dans les tibias. Et cela ne serait possible que si j’étais profondément endormi,
car je suis toujours en alerte, et le moindre bruit me réveille [132] . »
    Ayant de la sorte appris tout ce qu’elle voulait, Niam s’empressa
d’aller trouver son père et lui raconta tout. Celtchar fit alors fabriquer deux
grandes pointes et demanda à un druide de prononcer un charme de sommeil sur
Conganges, tandis que lui-même rassemblait une troupe d’hommes en armes. Ceux-ci
s’approchèrent de Conganges en rampant sur le sol et, dès qu’ils l’eurent cerné,
lui enfoncèrent si profondément les pointes dans la plante des pieds, à travers
les os, à l’aide de marteaux, qu’il en mourut. Et Celtchar lui coupa la tête, sur
laquelle on amassa un tertre de pierres. Et chaque homme qui passait par là y
ajoutait sa pierre [133] .
    « Tu as satisfait à ta première obligation, dit alors
Conor à Celtchar. Il te faut maintenant éliminer la deuxième calamité qui
désole l’Ulster. »
    Cette deuxième calamité était la Souris Brune. On avait
donné ce nom à un jeune chien que le Fils de la Veuve [134] avait trouvé dans le creux d’un chêne [135] et que la Veuve avait
élevé jusqu’à ce qu’il fût devenu adulte. Mais cet animal destructeur s’en prit
aux moutons de la Veuve et les massacra tous les uns après les autres, avant d’attaquer
toutes ses vaches et, pour finir, de la tuer elle-même. Ce dernier forfait
accompli, il se rendit dans la vallée de la Grande Truie [136] et, là, chaque nuit, il y détruisait une habitation des Ulates, tandis que, le
jour, il se réfugiait dans

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