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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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songeur.
    « Assurément, se dit-il, il y a eu ici une terrible
bataille. Voici Cêt et voici Conall. Je suis persuadé que l’Irlande entière se
réjouira de la mort de ces deux chiens de meurtre. L’un et l’autre ont commis
suffisamment de méfaits pour n’être regrettés de personne ! »
    Sur ces entrefaites, il toucha de la pointe de son épée la
poitrine de Conall.
    « Éloigne ton épée de moi ! s’écria celui-ci. – Tu
es donc vivant ! hurla Belchu. – Ce n’est certes pas toi que j’en dois
remercier, répondit Conall, mais je suis vivant. – Je m’en aperçois, mais je me
demande si c’est un bien ou un mal. – Tu as voulu me tuer. J’ai senti ton épée
me piquer la poitrine. – Je ne l’aurais pas fait, car je te croyais mort, et l’on
ne frappe pas un homme que l’on considère comme un cadavre. – C’est parce que
tu avais peur de moi ! reprit Conall. Tu n’oserais sans doute pas, même
maintenant, enfoncer ton épée dans mon vêtement. – Voilà qui te trompe ! rétorqua
Belchu. Je ne te tuerai pas maintenant, parce que tu es blessé et affaibli. Mais
je te propose une chose : je vais t’emporter dans ma maison, je t’y
soignerai, et, lorsque tu seras complètement guéri, je t’obligerai à me
combattre. »
    Alors Belchu chargea Conall Cernach sur son dos et, tout en
le traînant à demi derrière lui, car le blessé était trop lourd, parvint à le
mener chez lui et y fit venir des médecins pour le soigner. Et ceux-ci s’y
employèrent avec tant d’adresse et tant d’art que Conall fut bientôt guéri. Mais
plus il se rétablissait, plus Belchu déplorait sa propre témérité.
    « Voici ce que nous allons faire, dit-il un jour à ses
trois fils. Cet homme est redoutable et n’épargne personne quand il est en
colère. Il serait bon que vous veniez cette nuit, pendant qu’il dort, le percer
de vos poignards. Ainsi en serons-nous débarrassés. Je laisserai la porte
ouverte, et vous n’aurez qu’à le frapper. »
    Mais Conall Cernach avait entendu la conversation.
    « Va donc fermer la maison, dit-il à Belchu quand fut
venu le moment de dormir. – Certainement, répondit Belchu. Pour que tu reposes
à loisir, il convient que la porte soit fermée. »
    Il alla vers le seuil et, après avoir fait semblant de
fermer la porte, retourna vers Conall et lui souhaita une bonne nuit.
    « Bien ! dit Conall. Maintenant, je veux que tu
prennes mon lit, j’irai dans le tien. Il me semble que j’y dormirai mieux. – Non !
s’écria Belchu. Le lit que je t’ai préparé est meilleur et tu y seras bien pour
te reposer. – Je t’ai dit de changer de lit ! reprit Conall en saisissant
son épée. Ta tête te manquera si tu n’obéis pas. – Puisque tu m’y obliges, je t’obéirai »,
dit Belchu, pris de tremblement.
    Mais, avant d’aller s’étendre sur le lit qu’il avait apprêté
pour Conall, il s’en alla fermer la porte de la maison pour empêcher ses fils d’entrer
et, cela fait, s’endormit bientôt. Mais Conall, lui, se leva silencieusement, alla
rouvrir la porte et vint se recoucher.
    Les trois fils de Belchu trouvèrent donc la porte ouverte. Ils
entrèrent dans la maison, se dirigèrent droit vers le lit où ils croyaient que
dormait Conall et, de la sorte, tuèrent leur propre père à coups de poignard. Alors,
Conall se leva et, saisissant son épée, les en frappa tous trois de telle sorte
qu’ils moururent. Puis il coupa la tête des quatre hommes et, au petit matin, repartit
vers Émain Macha où il reçut l’accueil enthousiaste de Conor et des compagnons
de la Branche Rouge [143] .

CHAPITRE XI

Les aventures incertaines
    Conor, fils de Ness, dormait une nuit dans la maison royale
d’Émain Macha quand, en songe, il vit venir à lui une femme dans la fleur de sa
jeunesse, aux belles formes harmonieuses, à la longue chevelure blonde et aux
lèvres vermeilles qui, l’abordant, lui dit :
    « Mon apparition te sera bénéfique, roi Conor. Ne sois
pas inquiet, car seul le soin de ton bien m’amène. – Es-tu vraiment une bonne
apparition ? répondit Conor dans son sommeil. Je voudrais bien savoir ce
que signifie la vision que j’ai de toi. – Honneur et bonne fortune, voilà ce
qui t’attend, dit-elle. – L’avenir me sera donc favorable ? – Il va se
passer des événements faits pour te surprendre, roi Conor. D’abord, tu seras
terrifié, car tes femmes, tes filles, tes fils, ainsi que tout ton bétail,

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