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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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démonter, il saisit son épée et se mit à en frapper
les serpents avec tant de rapidité qu’il les eut bientôt tous tronçonnés. Alors,
les Ulates cherchèrent une porte pour franchir la muraille, en découvrirent une
aussi bardée de fer que la précédente, et que Couhoulinn, d’un simple coup de
pied, disloqua à son tour. Les Ulates se ruèrent donc à l’intérieur mais, une
fois sous la troisième enceinte, ils se virent assaillis par de monstrueux
crapauds à tête pointue qui, pleuvant sur eux, leur collaient même au visage et
les renversaient à terre tant leur nombre était grand. Alors, Couhoulinn fit le
saut du saumon et, retombant sur ses pieds, écrasa nombre des hideuses bêtes et
s’y reprit si bien, autant de fois qu’il le fallut, que l’espace compris entre
la deuxième et la troisième muraille s’en retrouva bientôt débarrassé. Restait
toutefois à franchir l’avant-dernière enceinte.
    Ils en firent le tour et la découvrirent percée d’une porte
basse en bronze contre laquelle, cette fois, Couhoulinn donna vainement du pied.
Aussi fallut-il que Conall Cernach et quelques autres vinssent l’aider pour que
la porte de bronze finît par céder à leur furieux assaut. Tous franchirent
alors la troisième enceinte et se retrouvèrent dans un vaste espace clos où ils
se virent attaqués par des hommes en armes qu’ils affrontèrent avec tant d’énergie
qu’ils eurent bientôt le champ libre, tous leurs adversaires gisant sur l’herbe
verte, morts ou blessés.
    Comme ils cherchaient par où franchir la quatrième muraille,
ils découvrirent une porte basse de cuivre et d’argent, munie de serrures en
fer. Couhoulinn y porta la main, et ces dernières se brisèrent. Alors, se ruant
à l’intérieur, ils virent une grande maison dont la porte était ouverte, et
autour de laquelle s’étendait une vaste prairie où, dans l’herbe abondante, paissait
un troupeau de vaches blanches.
    Ils pénétrèrent dans la maison, et le spectacle les
émerveilla. Au milieu de la grande salle, se trouvait en effet un chaudron d’argent
dont les bords cerclés d’or étaient incrustés de pierres précieuses qui
jetaient mille feux diaprés et multicolores. Au-dessus tournoyaient trois
oiseaux qui chantaient un chant si suave qu’à l’entendre on oubliait
instantanément toutes ses fatigues et tous ses chagrins. Le plumage de l’un des
oiseaux était blanc, le plumage du deuxième rouge, le plumage du troisième noir.
Et, près du chaudron, se tenait, très droite dans sa longue robe d’or, une
jeune fille d’une merveilleuse beauté, à la peau blanche comme une neige d’hiver,
aux sourcils et aux cheveux noirs comme le plumage de l’oiseau qui voletait
au-dessus d’elle, et aux lèvres plus rouges que le sang. Couhoulinn, en la
voyant, se sentit pris d’un désir fou pour elle, tant elle était belle et
harmonieuse, tant son allure avait de grâce et son sourire de pureté.
    « Ô fille, dit Couhoulinn, qui es-tu ? – Je suis
la fille de Gerg et de Buan, répondit-elle d’une voix douce. On m’a donné le
nom de Ferb, fille de Gerg. – Eh bien, reprit Couhoulinn, voilà un nom qui ne
te sied pas. Ta beauté et ta fraîcheur sont telles que tu sembles être née des fleurs . Aussi t’appellerai-je désormais Blathnait [147] .
    Et tous les gens présents dans la maison à ce moment-là s’écrièrent,
éblouis par la beauté et la douceur de la jeune fille, que Couhoulinn avait
trouvé là le seul nom qui fût digne d’elle. Aussi, dès lors, n’appela-t-on plus
la fille de Gerg que Blathnait.
    « Ô fille, reprit Couhoulinn, consens-tu à nous
accompagner ? – Oui, répondit-elle, car il a été prédit dès longtemps que
je quitterais cette île avec un homme que j’aimerais et que je lui donnerais ce
chaudron en témoignage de mon amour pour lui. »
    Les Ulates rassemblèrent alors les trésors qu’ils avaient
trouvés dans la forteresse et, avec Blathnait et le troupeau des vaches, ainsi
qu’avec le chaudron d’argent, ils regagnèrent le rivage où Conor et leurs compagnons
les attendaient. Quand ils eurent tout transporté, ils se partagèrent le butin.
Mais ils ne donnèrent rien à l’Homme au grand Manteau gris, c’est-à-dire à
Cûroi, fils de Daeré, commettant là une grande injustice qui fut cause de bien
des malheurs. Car, en se voyant outragé de la sorte, il courut vers les vaches,
les rassembla devant lui, s’empara aussi des oiseaux

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