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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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qui devait séjourner à Venise en ce moment.
    Les deux hommes se lancèrent des regards étonnés, comme si les questions d’Afra leur paraissaient bizarres. Un des gardes réaffirma qu’il ne connaissait pas Gereon Melbrüge. De surcroît, depuis que l’épidémie de pestilenza s’était déclarée à Venise, plus aucun marchand étranger n’était autorisé à sortir ou à pénétrer dans la ville. Quand Afra objecta qu’ils savaient pertinemment qu’il suffisait de payer pour entrer, les deux nièrent et prirent des mines offusquées.
    Ce ne serait que des bruits colportés ces jours-ci à travers les rues et les canaux.
    Afra quitta le Fondaco inquiète. L’attitude des deux hommes lui semblait quelque peu singulière. Mais plus elle y réfléchissait, moins elle ne trouvait d’explication. Elle errait à travers la ville à la recherche d’un homme qu’elle n’avait encore jamais vu. L’aurait-elle croisé qu’elle ne l’aurait pas reconnu.
    À force de voir la misère, elle s’y habituait et ne remarquait même plus ce qui se déroulait autour d’elle. Elle demeurait insensible aux portes ouvertes marquées à la craie d’une ou de plusieurs croix indiquant le décès de la plupart des habitants. Afra ne pensait plus à ces milliers de morts et ne s’interrogeait plus sur les raisons de sa présence dans cette ville.
    Quant à ces gens qui se mortifiaient, se flagellaient jusqu’au sang le torse à moitié nu, défilaient à travers la ville en procession, priant et geignant, elle s’en moquait. Et bien qu’elle sache que son temps était compté, qu’elle ne tarderait pas elle aussi à être victime de l’épidémie, elle demeurait singulièrement sereine. Elle prenait de temps à autre une gorgée du vin que le médecin lui avait donné.
    Ce n’était pas elle qui marchait à travers la ville, c’était une autre.
    Dans cet inextricable lacis de ruelles, la flèche de l’église de la Madonna dell’ o rto, située au nord à proximité de l’auberge, lui servait de point de repère. Elle passa sur un vieux pont de bois moussu et éreinté qui partait du Campo dei Mori pour rejoindre directement la place de l’église.
    Sa façade en brique rouge lui donnait une allure de bastion du nord des Alpes, assez éloigné du style des lieux de culte vénitiens. La façade était flanquée d’une énorme rosace rappelant vaguement celle du couvent des dominicains à Strasbourg.
    Afra remarqua immédiatement une silhouette près du porche. C’était Gysela. Elle semblait attendre quelqu’un. Afra se rencogna dans le renfoncement d’un mur près du pont. Elle n’eut pas longtemps à guetter avant de voir arriver, longeant la rive gauche du canal, un homme vêtu de noir dont la tenue n’avait rien de la soutane d’un prêtre ou du froc d’un moine. On eût dit un élégant universitaire.
    Aussi bien qu’Afra ait pu en juger à une telle distance, Gysela ne connaissait pas l’homme. Ils se saluèrent discrètement. Se pouvait-il que cet inconnu soit Gereon Melbrüge ? Pourquoi diable se serait-il accoutré de la sorte ?
    Après avoir échangé brièvement quelques mots, Gysela et l’homme disparurent dans l’obscurité du porche et rentrèrent dans l’église. Qu’est-ce que cela signifiait ?
    Afra traversa la place à la hâte et s’engouffra derrière eux sous le porche. L’intérieur était très sombre, éclairé par des myriades de minuscules petits cierges devant les autels latéraux de part et d’autre de la nef. Une douzaine de personnes priaient assises ou allongées sur les dalles.
    Une forte odeur de fumée flottait dans l’air où s’élevaient les murmures de pieuses prières.
    Afra découvrit Gysela et l’inconnu assis benoîtement sur un banc devant un autel et, apparemment, recueillis en silence. Afra s’approcha dans la pénombre et se cacha derrière un pilier, à quelques pas d’eux, à une distance lui permettant d’écouter leur conversation sans prendre de risques.
    — Redites-moi encore votre nom, chuchota Gysela.
    — Joachim von Floris, répondit l’homme en noir avec une voix aiguë de castrat.
    — Ce n’est pas le nom qu’on m’avait donné !
    — C’est vrai. Vous vous attendiez à rencontrer Armandus Villanovanus.
    — Exactement, c’est ce nom que j’avais retenu.
    — Armandus Villanovanus a eu un empêchement. Il vous faudra faire contre mauvaise fortune bon cœur.
    L’inconnu retroussa le bas de sa manche et tendit à

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