Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
Vom Netzwerk:
où figuraient leurs armoiries et leurs noms, lesquelles orneraient durant toute la durée du concile les façades des maisons où ils logeaient.
    En tête marchait Pietro de Tortosa, l’ambassadeur extraordinaire du roi de Naples, tout sauf un ami du pape Jean depuis que le roi l’avait chassé de Rome. À ses côtés, l’évêque de Montecassino Peloso qui n’aurait pu, avec la meilleure volonté du monde, dire où se situait son évêché. Venaient ensuite l’ambassadeur des doges de Venise, l’archevêque de Saint-André, l’ambassadeur du roi d’Écosse en chaussettes et en kilt rouge suivis de l’évêque de Capaccio accompagné de celui d’Astorga devant la reine et l’ambassadeur du roi d’Espagne. Le comte de Venafro était accompagné d’un secrétaire apostolique, aussi évêque de Cotrone.
    Marchaient côte à côte un prélat du palais apostolique et l’évêque de Badajoz à l’allure surprenante avec ses longs cheveux bruns. Son blason, le plus grand de tous, derrière lequel le petit archevêque de Sagonte disparaissait, montrait l’archevêque de Tarragone en gouverneur de Rome.
    Le roi de France avait envoyé comme représentant l’abbé de Saint-Antoine de Vienne.
    Dans sa longue robe violette très ajustée, juché sur des chaussures à talons, il sautillait tant bien que mal comme un cheval de cirque, car les pavés sur le sol ne se prêtaient pas à ce genre de figure.
    Lui et l’archevêque d’Acerenza, qui veillait tout particulièrement au salut du novice qui l’accompagnait, furent salués par les salves ininterrompues et excessives de rires, qui se poursuivirent lorsque le groupe suivant vint à passer et qui parurent totalement déplacées au vu des vêtements de velours sombre que portaient le comte de Palonga, de Conza et de Palene ainsi que le duc de Gravina.
    L’ambassadeur du duc de Milan et l’ambassadeur de Florence discutaient à voix haute de telle sorte que tous pouvaient entendre l’objet de leur conversation, en l’occurrence : qui de leurs maîtres, s’ils s’étaient présentés en personne au concile, aurait eu la préséance sur qui ? Une demi-lieue plus loin, comme ils ne s’étaient toujours pas mis d’accord, ils se séparèrent pour trouver une autre place dans la procession.
    L’archevêque d’Acerenza et celui de Latera ainsi qu’un clerc tout vêtu d’or chargé du protocole se disputèrent sans qu’on puisse comprendre pourquoi exactement.
    Toujours est-il que l’archevêque furieux arracha juste sous les yeux d’Afra les vêtements du maître de cérémonie qui se retrouva quasiment nu devant la foule. Il piétina les habits sur le sol comme s’il voulait tuer une vipère.
    Le cortège s’immobilisa sur la place de l’église. Afra en profita pour traverser la rue. Elle chercha en vain Ulrich. L’architecte s’était volatilisé.
    Désemparée, elle regagna son logement dans la rue du marché au poisson. Subitement, elle ne voulait plus rien savoir du concile, du pape de Rome et de tous les ambassadeurs occidentaux. Durant quelques fractions de secondes, elle avait cru que sa vie allait enfin changer. Elle avait été une fois de plus naïve et elle s’en voulait. Son passé la rattrapait à nouveau. La vie ne lui avait vraiment pas fait de cadeaux. Ulrich lui en voulait manifestement plus qu’elle ne lui en voulait. Elle avait été injuste avec lui certes, mais elle ne pouvait oublier son comportement à Strasbourg.
    Afra était complètement désespérée. Elle était certaine qu’il l’avait reconnue. Plus elle y réfléchissait, plus elle était démoralisée. Pour être ainsi parti, c’est qu’il y avait une autre femme dans sa vie.
    Qui aurait pu lui en vouloir ? La violence de leur séparation n’avait pas laissé envisager l’éventualité d’une réconciliation possible dans l’avenir.
    Ulrich n’avait pas eu le cran de lui dire la vérité. Il était parti en douce, il s’était renié lui-même, comme Judas affirmant ne pas connaître Jésus.
    Les voix stridentes des castrats poursuivirent Afra jusque dans la rue du marché aux poissons. Devant la m aison h aute de maître Pfefferhart, un homme d’allure sympathique l’attendait, un de ceux dont le grand manteau noir ne sert pas à les protéger du froid, mais à signaler leur haute fonction universitaire.
    Cet homme ne lui disait cependant rien qui vaille. Elle s’apprêtait à rebrousser chemin lorsque l’étranger vint au-devant d’elle et

Weitere Kostenlose Bücher