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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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d’arriver. Sa voiture avait versé sur un des chemins sinueux du col de l’Arlberg et s a s ainteté était tombée tête la première dans la boue. Le pape Jean avait interprété l’incident comme un avertissement du destin. À grand renfort d’insistance et de paroles pieuses, les cardinaux et les prélats de la cour avaient réussi à le persuader de reprendre son voyage dès qu’il aurait retrouvé sa blancheur immaculée.
    La vue des lansquenets fort armés, montant la garde sur les remparts de la ville, les toits et les tours pour assurer sa sécurité, ne parvenait pas à le rassurer. Il voulait entrer dans Constance caché derrière les rideaux tirés de sa voiture. Néanmoins, lorsqu’il vit le dais brodé d’or et le superbe cheval blanc que le parlement de la ville envoyait à sa rencontre, sa vanité eut raison de ses craintes.
    Sa s ainteté se décida à faire son entrée dans la ville juchée sur ce noble palefroi coiffé de ce dais d’or.
    Déjà, lors de la mise en place du cortège devant la porte de Kreuzling, il y eut quelques différents entre les autorités religieuses et laïques sur les préséances à respecter dans le cortège. Les évêques et les ambassadeurs des princes, les premiers arrivés à Constance revendiquaient le droit de marcher en tête devant les courtisans et les évêques de la suite papale.
    Les honorables dignitaires n’appréciaient pas, méprisaient même la centaine d’évêques présents.
    Nul n’ignorait que le pape Jean accordait, selon son bon plaisir, des charges et des distinctions à des entremetteurs et des crapules promus subitement évêques et dotés d’évêchés que même le Saint-Esprit n’aurait pu connaître puisqu’ils sortaient tout droit de l’imagination du pontife.
    Pietro de Tortosa, l’ambassadeur extraordinaire du roi de Naples se prit de bec avec le maître de cérémonie du pape et l’archevêque en titre de Sainte-Eulalie au sujet de la formation du cortège : fallait-il que le saint palefroi de s a s ainteté précède les ambassadeurs des princes étrangers ? Fallait-il réserver les honneurs à un canasson catholique romain ou à un diplomate étranger ? La question échauffa les esprits des croyants et divisa l’opinion en trois camps dont l’un, celui des Français, exigea que la question soit mise à l’ordre du jour du concile.
    Au milieu de ce bruit confus de paroles, le latin était la langue dominante émaillée de mots empruntés à des langues étrangères, car le dictionnaire du latin d’église n’avait pas de mots pour traduire « fantoche », « idiot » ou « coureur de jupons ».
    Le latin restait la langue la plus parlée même si les ecclésiastiques ne la possédaient pas couramment. C’est même le moins qu’on puisse dire. Mais le latin d’église semblait plus compréhensible que l’anglais austère, l’espagnol ou l’italien chantant – sans même parler de l’allemand si peu mélodique.
    Les discussions concernant les préséances dans le cortège se soldèrent par une décision soucieuse de préserver l’esprit d’équité à l’instar du jugement de Salomon dans le l ivre des Rois : chacun, qu’il soit cheval ou évêque, prélat ou ambassadeur pourrait se mettre à la place qu’il souhaitait. Que de palabres pour en arriver là…
    Les trompettes retentissaient devant les remparts de la ville. Des tambours rythmaient les pas du cortège précédé par un chœur de castrats chantant d’une voix cristalline le Te Deum .
    Le pape au teint livide, coiffé de sa tiare blanche, promenait des regards angoissés sur la foule. Dans ce vacarme, il maîtrisait difficilement sa monture. De temps en temps, il tendait une perche munie d’une main en bois que les gens auraient dû baiser au passage, mais rares étaient ceux qui l’embrassaient.
    Dans l’ensemble, les bourgeois de Constance se montraient assez réservés vis-à-vis du pape. Ils se penchaient aux fenêtres, les yeux écarquillés pour voir ce pontife à la mauvaise réputation. Les applaudissements et les démonstrations de respect étaient rares. Hormis les couleurs chamarrées, la procession avait plutôt l’allure d’un cortège d’enterrement.
    L’intérêt de la foule et, plus particulièrement celui des jeunes filles, allait à la suite papale, aux prélats de la cour, aux secrétaires apostoliques et aux écuyers fringants à la réputation aussi entachée que celle de leur maître. La nuit, Constance

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