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Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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étaient tirées par des hommes à travers tout le pays. Sur l’une figurait le nom de son propriétaire : « Jakob l’ardent ». La roulotte avait une minuscule fenêtre sur le côté et une étroite porte à l’arrière avec un marchepied escamotable. À l’avant, un tuyau sortant du toit laissait échapper un nuage de fumée noire.
    — Ce n’est pas très luxueux mais il y fait bon et chaud, et on est à l’abri de l’humidité, commenta Jakob en ouvrant la porte de sa maison ambulante.
    Afra n’était jamais entrée dans une roulotte ; elle fut surprise de découvrir autant de meubles dans un si petit espace : un poêle, un lit, une table, une patère, une malle sous la fenêtre, l’essentiel indispensable pour un saltimbanque.
    Elle retira sa cape et apprécia la chaleur agréable qui régnait dans l’étroitesse des lieux. Cela faisait des années qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien.
    —  à quoi pensez-vous ? s’enquit Jakob qui l’observait en silence depuis un moment.
    Afra ne put s’empêcher de rire.
    — Si je vous le dis, vous allez me prendre pour une folle.
    — Pourquoi ? Vous m’intriguez !
    — Je pensais juste que cela doit être merveilleux d’aller par monts et par vaux avec sa roulotte, de s’arrêter à sa guise, et surtout d’être libre et indépendant. Je partirais bien avec vous.
    Le jeune homme, déconcerté, regarda Afra dans les yeux.
    — Qu’est-ce qui vous en empêche ? Êtes-vous promise à un homme qui vous attend ou avez-vous d’autres obligations ? lui répondit-il hésitant.
    Afra serra les lèvres et secoua la tête en silence.
    — Alors, pourquoi tant d’hésitations ? Mon métier peut nourrir deux personnes. Je gagne suffisamment d’argent même si ma roulotte ne le laisse pas supposer. Par les temps difficiles que nous vivons, contrairement aux années fastes, les gens sont friands de distractions. Nous ne pouvons pas rester plus d’une semaine ici, on nous a demandé de quitter la ville. C’est notre sort à nous les saltimbanques. Vous disposez donc de cinq jours pour réfléchir.
    Afra fit une moue espiègle. Quelle mouche venait de la piquer pour qu’elle ôte maintenant sa robe ? Même plus tard, en y repensant, elle ne comprenait toujours pas ce qui l’avait prise à cet instant-là. Sa robe était humide, certes, mais cela justifiait-il qu’elle se déshabille devant ce jeune homme ? é prouvait-elle vraiment de l’attirance pour lui ou était-elle seulement excitée par l’idée de séduire un jeune homme qui n’avait peut-être encore jamais couché avec une femme ?
    Quoi qu’il en soit, elle retira naturellement sa robe et la posa sur le dossier de la chaise pour la faire sécher. Puis elle s’avança vers Jakob, assis, un peu gêné sur le bord du lit, dont les yeux étaient rivés sur son nombril. Il la regarda et lui demanda :
    — Qu’est-ce que cette bague que vous portez au cou ?
    Afra saisit la bague et la pressa contre sa poitrine.
    — Un porte-bonheur. On me l’a offert.
    Afra glissa amoureusement ses doigts dans les cheveux touffus du jeune homme et pressa sa tête entre ses seins. Jakob n’osait plus bouger. Il passa ses bras autour de sa taille. Ils restèrent ainsi quelques minutes tendrement enlacés.
    — Quel âge as-tu ? finit par demander Afra.
    — Je sais, répondit Jakob avec une voix presque sanglotante. Je suis trop jeune pour une femme de votre âge ! C’est ce que vous pensez, n’est-ce pas ?
    — Ne dis pas de bêtises ! Il n’y a pas d’âge pour s’aimer.
    — Pourquoi m’avoir alors demandé mon âge ?
    — Comme ça !
    Afra sentait sa langue lécher son nombril. Elle avait dû attendre de se retrouver dans une roulotte avec un saltimbanque pour éprouver cet émoi délicieux et indéfinissable.
    — Comme ça, répéta Afra en essayant de cacher le désir qui montait en elle. De deux choses l’une, soit tu parais plus jeune que tu ne l’es en réalité, soit la vie t’a obligé à faire des choses qu’un garçon de ton âge ne fait pas habituellement.
    Jakob leva les yeux.
    — J’ai l’impression que vous possédez un sixième sens. Vos deux hypothèses sont toutes les deux justes. Mon père et ma mère étaient funambules. Ils étaient célèbres, connus au-delà des frontières. Il n’y avait pas un clocher d’église suffisamment haut, un fleuve suffisamment large qu’ils ne veuillent traverser sur un fil. Vu d’en bas, cela

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