Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
tribus de Dana à accomplir de pénibles
travaux pour lui. Ainsi Ogma, le champion [51] , devait-il apporter
chaque jour un fagot de bois de chauffage dans la maison de Bress ; et
Dagda, qui, déjà lui avait bâti sa maison, était contraint de lui construire
des forteresses. Et les nobles des tribus de Dana supportaient de plus en plus
mal les impôts que leur infligeaient les Fomoré ainsi que les injustices de
leur propre roi, Bress, fils d’Élatha.
    Un jour qu’il se trouvait dans la maison royale, Dagda
rencontra un aveugle du nom de Cridenbel. C’était un paresseux, un parasite,
mais il était satiriste et tout le monde le craignait [52] .
Or, Cridenbel trouvait que la part de nourriture qui lui était réservée était
trop petite par rapport à celle de Dagda.
    « Ô Dagda ! l’apostropha-t-il, sur ton honneur, je
veux que les trois meilleurs morceaux de ta part me soient donnés ! »
C’est ainsi que, dès lors, chaque soir, Dagda donnait les trois meilleurs
morceaux de son repas au satiriste. Pourtant, la part de celui-ci était
abondante, chaque morceau étant de la taille d’un bon cochon. Et comme Dagda
continuait, quoique privé d’un tiers de sa nourriture, à accomplir de pénibles travaux,
il s’affaiblissait de jour en jour.
    Un jour qu’il était occupé à creuser un fossé, son fils
Bobdh Derg vint le voir et s’étonna de le trouver si amaigri et sans force.
« Que t’arrive-t-il, ô Dagda ? demanda Bobdh Derg. Qu’est-ce qui te
donne si mauvaise mine ? – Hélas ! répondit Dagda, Cridenbel le
satiriste a exigé de moi que je lui donne chaque soir les trois meilleurs
morceaux de ma part de nourriture. – Je peux te donner un conseil », dit
Bobdh Derg. Il sortit sa bourse de sa tunique et, y prélevant trois pièces
d’or, les mit dans la main de Dagda. « Voici ce que tu vas faire,
reprit-il. Tu glisseras ces trois pièces d’or dans les trois morceaux que tu
lui donnes et que tu choisiras de sorte qu’ils soient vraiment les plus beaux
et les plus appétissants. Cridenbel les avalera gloutonnement, avec les pièces
d’or en plus. Ainsi, l’or tournera dans son ventre, et cela le fera mourir.
Alors, on ira dire à Bress que le satiriste est mort d’une herbe empoisonnée
que tu lui as fait prendre. Le roi, furieux, ordonnera que tu sois tué par
châtiment. Mais toi, tu te défendras. Tu diras que Cridenbel te demandait les
trois meilleurs morceaux de ta part et que, pour le satisfaire, tu lui as donné
trois pièces d’or, c’est-à-dire les trois meilleurs morceaux. Et tu ajouteras
que c’est pour avoir avalé l’or que Cridenbel a péri. »
    Dagda mit à exécution le conseil de Bobdh Derg. Le soir
même, il glissa les trois pièces d’or dans les trois meilleurs morceaux de sa
part et présenta ceux-ci à Cridenbel. Le satiriste dévora gloutonnement les
trois morceaux et, au matin, on le découvrit mort. Alors, les gens de la maison
allèrent avertir le roi que le satiriste était mort parce que Dagda lui avait
fait prendre une herbe empoisonnée. Bress fit venir Dagda et lui reprocha vivement
son forfait, le menaçant de le faire tuer s’il s’avérait qu’il était coupable.
« Je ne le suis pas, répondit Dagda. Cridenbel m’a demandé les trois
meilleures parts qui me revenaient. Ce que je possédais de meilleur était trois
pièces d’or. Je les ai donc données à Cridenbel, et ce n’est pas ma faute s’il
en est mort. Il n’a pas supporté l’or à l’intérieur de son corps. – Puisqu’il
en est ainsi, dit le roi, que l’on ouvre le ventre de Cridenbel, et nous
verrons si l’or s’y trouve. S’il n’y est pas, tu mourras. Sinon, tu sauveras ta
vie. »
    On ouvrit le ventre du satiriste et découvrit les trois
pièces d’or dans son estomac, ce qui disculpa Dagda, qui ne tarda guère à
recouvrer force et santé, maintenant qu’il n’était plus obligé de donner les
trois meilleurs morceaux de sa part de nourriture. Mais cela n’empêchait
nullement Dagda et tous les chefs des tribus de Dana de se plaindre des
injustices de Bress. Ils murmuraient grandement contre lui parce qu’il ne
graissait pas leurs couteaux et ne leur offrait jamais de festin où coulent la
bière et l’hydromel. Ils ne voyaient jamais de brillantes assemblées où les
poètes, les musiciens et les artistes de toutes sortes accomplissent des
merveilles pour le plus grand plaisir de tous. Ils n’assistaient jamais à de
grandes compétitions et

Weitere Kostenlose Bücher