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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la
maison royale et qu’il aurait sa part de chaque festin. Alors, il demanda un
délai de sept ans, et on le lui accorda. Sur quoi, Bress quitta la maison
royale de Tara.
    Mais, s’il avait demandé un délai, c’était par ruse, car il
était très fâché d’avoir été privé de la souveraineté sur l’Irlande. Il alla
trouver sa mère, Éri, et lui demanda comment il pourrait rencontrer son père, Élatha,
fils du roi des Fomoré. « C’est chose facile, répondit sa mère. Viens avec
moi. »
    Elle se rendit sur la grève et fit préparer des bateaux pour
aller jusqu’au pays des Fomoré. Puis, retirant l’anneau d’or que lui avait
donné Élatha lorsqu’il était venu vers elle, elle le tendit à Bress. Bress le
passa à son doigt du milieu, et il s’y adapta parfaitement. Jusque-là, Éri
l’avait gardé précieusement, sans le donner à aucun homme, ni par vente ni par
cadeau. Beaucoup de guerriers avaient pourtant essayé de l’enfiler à leur
doigt, mais il n’avait convenu à aucun d’entre eux.
    La mère et le fils allèrent ensuite sur la mer, et ils
atteignirent le pays des Fomoré, dans une île au milieu des brouillards. Ils
débarquèrent et se retrouvèrent dans une grande plaine où se tenaient des
assemblées. Ils se dirigèrent vers l’assemblée qui leur parut la plus belle, et
les gens qui se trouvaient là leur demandèrent de leurs nouvelles. Ils
répondirent qu’ils venaient d’Irlande. On leur demanda alors s’ils avaient des
chiens car, en ce temps-là, la coutume voulait que, lorsqu’une troupe étrangère
se mêlait à une assemblée, on fît des concours et des jeux communs. « Nous
en avons, répondit Bress, et nous les ferons courir contre les vôtres. »
    Ils lâchèrent donc leurs chiens, et ceux-ci coururent contre
les chiens des Fomoré, s’y distinguant par une plus grande vélocité. Alors, on
demanda aux nouveaux venus s’ils avaient des chevaux et s’ils consentaient à
les faire courir contre ceux des Fomoré. « Nous en avons, répondit Bress,
et nous les ferons courir contre les vôtres. »
    Et les chevaux des tribus de Dana furent à leur tour plus
rapides que ceux des Fomoré. Alors, on demanda aux nouveaux venus s’ils avaient
avec eux quelqu’un d’adroit à tirer l’épée. Mais les compagnons de Bress eurent
beau essayer, ils n’étaient pas plus rapides que les Fomoré. Alors, Bress tenta
l’épreuve. Mais, lorsqu’il mit la main à l’épée, son père reconnut l’anneau
d’or qu’il portait à son doigt et lui demanda qui il était. Sa mère répondit à
sa place, disant à Élatha que Bress était l’un de ses fils, et elle lui raconta
toute l’histoire depuis le moment où le guerrier étranger était venu la trouver
sur le rivage.
    Le père jugea que la situation était grave. Il dit à son
fils : « Quelle nécessité t’a donc poussé hors du pays dont tu es le
roi ? – Rien d’autre ne m’a poussé, répondit Bress, que l’injustice dont
j’ai fait preuve et l’arrogance avec laquelle j’ai traité ceux que je
gouvernais. Je les ai dépouillés de leurs biens et de leur nourriture, alors
que jamais auparavant ils n’avaient subi pareille humiliation ni pareil
dénuement. – Cela est mauvais, dit le père. Leur prospérité aurait été
préférable pour ta royauté, car un royaume riche fait de son roi un homme
riche. Et mieux valent des prières que des malédictions. – En outre, reprit
Bress, ils m’ont envoyé un poète qui a lancé une satire sur le royaume tant que
j’en serais le roi. – Voilà qui est fâcheux, dit le père. Car si ton peuple n’a
plus rien, il ne pourra nous remettre le tribut que nous lui avons imposé.
Pourquoi es-tu venu jusqu’ici, depuis la lointaine Irlande ? – Je suis
venu demander des champions pour m’aider, répondit Bress, car je veux reprendre
ce pays par la force. – Tu ne le prendras pas par injustice si tu ne l’as pas
obtenu par justice. Il convient que nous en parlions tous ensemble. »
    Alors, il mena Bress devant son père, Indech, roi des
Fomoré. Le roi convoqua les nobles et les champions parmi lesquels se
distinguait Balor, fils de Net, qui avait un œil maléfique. Ils examinèrent la
situation et convinrent qu’à moins de rétablir la souveraineté sur l’Irlande au
profit de Bress, fils d’Élatha, on perdrait tous les avantages que l’on avait
sur les tribus de Dana. Les Fomoré rassemblèrent donc aussitôt une multitude
d’hommes

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