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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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souffrances
qu’il avait endurées l’avaient affaibli. Et c’est là qu’il fut enterré, sur
cette même grève, sous un tertre que les Fir Bolg élevèrent avec des pierres
qu’ils avaient apportées.
    Cette nuit-là, les Hommes-Foudre furent attristés et
découragés, tant leurs fatigues et leurs pertes étaient grandes. Ils se
reprochaient mutuellement de ne pas avoir apporté suffisamment d’ardeur au
combat. Chacun d’eux ensevelit ses gens, ses parents, ses amis et ceux de sa
famille. On éleva des tertres pour les nobles, on dressa des piliers pour les
héros, et l’on creusa des tombes aux autres combattants. Après quoi, Sreng,
fils de Sengann, convoqua l’assemblée des Fir Bolg pour tenir conseil et
décider de ce qu’il convenait de faire. Il dit aux Fir Bolg qu’il ne leur
restait plus que deux possibilités : ou bien quitter l’Irlande à jamais et
s’en aller dans un autre pays, ou bien se résoudre à partager l’île entre eux
et les tribus de Dana. « Sinon, ajouta-t-il, il nous faudra combattre
jusqu’à la mort du dernier d’entre nous. Et, sachez-le, nous ne sommes plus
assez nombreux pour prétendre obtenir une quelconque victoire. »
    Les Fir Bolg délibérèrent et leur décision fut qu’ils
n’abandonneraient jamais l’Irlande mais combattraient les tribus de Dana jusqu’à
la mort du dernier homme en état de porter les armes.
    Alors, ils reprirent leurs grands boucliers carrés, leurs
lances empoisonnées, leurs épées tranchantes de métal bleu, et s’en allèrent à
la rencontre des tribus de Dana, se préparant à un assaut terrible et désespéré
dont ils savaient ne devoir attendre que la mort. Une fois parvenu à l’endroit
où se trouvaient les tribus de Dana, Sreng, fils de Sengann, demanda la
bataille à Nuada, comme revanche du combat qui les avait déjà opposés tous
deux. Nuada fit bravement face, comme s’il n’avait pas été privé de son bras.
Il prit ses armes de sa main gauche et s’avança vers Sreng. Mais il lui
dit : « Si ce que tu souhaites est un combat convenable, attache-toi
le bras droit, car j’ai perdu le mien, et nous ne serions pas à égalité. Si tu
veux que notre combat soit juste, attache-toi le bras droit. – Rien ne m’y
oblige, rétorqua Sreng. Nous étions à égalité dans le premier combat où nous
nous sommes affrontés, et celui-ci n’est que la poursuite du premier. Je t’ai
coupé un bras, certes, mais tes guerriers ont tué mon roi, Éochaid, fils d’Erc,
et je suis de sang royal. Il m’appartient de venger le meurtre du roi suprême
d’Irlande, et ce sur le roi suprême des tribus de Dana. » Alors intervint
Bress, fils d’Élatha :
    « Sreng, valeureux guerrier, dit-il, souviens-toi que
nous avons échangé le serment de paix et d’amitié entre nous. Je suis, moi
aussi, de sang royal, et je pourrais combattre à la place de mon roi. Mais
comme ce serment d’amitié nous lie, nous ne pouvons plus nous retrouver face à
face. Finissons-en et réglons cette affaire dans la paix. – J’agirai comme tu
le désires, et je respecterai ainsi mon serment envers toi, ô valeureux Bress,
répondit Sreng. J’attends tes propositions. »
    Bress alla rejoindre les chefs des tribus de Dana et examina
la situation avec eux. « Quelles pertes avons-nous subies ? demanda
Nuada. – Noble Nuada, répondit Dagda, je t’avouerai que nous avons perdu
beaucoup de nos guerriers et de nos champions dans cette bataille. Nombre d’entre
nous, nos frères et nos fils, sont morts sous les terribles coups des Fir Bolg,
et si grandes sont nos pertes que bien peu pourraient les connaître et en
mesurer l’importance. Nous avions demandé aux Fir Bolg de partager l’Irlande
avec nous parce que nous sommes issus du même clan, celui du glorieux Nemed qui
fut notre ancêtre. Ce n’était que justice, et nous avions le droit d’habiter ce
pays autant qu’eux-mêmes. Ils n’ont pas voulu nous laisser la place qui nous
revenait par héritage, et nous avons dû la conquérir par les armes, en payant
lourdement le prix du sang pour nos héros et nos guerriers. Je pense qu’il est
temps de conclure un accord avec les Fir Bolg, car ils ne sont plus à même de
s’opposer à nous, et ce serait commettre une mauvaise action que de les tuer
jusqu’au dernier. – C’est la sagesse qui parle par ta bouche, ô Dagda, dit
Nuada. Et, malgré la douleur que me cause mon infirmité, malgré la colère que
j’en ressens en

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