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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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moi-même, je préfère qu’il y ait paix et amitié entre les
Hommes-Foudre et nous-mêmes. Que Bress aille trouver Sreng, fils de Sengann, et
qu’il lui propose l’arrangement suivant : que la bataille cesse de part et
d’autre et qu’il choisisse une province d’Irlande pour y habiter avec les gens
de son peuple. »
    Bress alla parler avec Sreng et lui transmit la proposition
des chefs des tribus de Dana. Sreng porta son choix sur la province de
Connaught. Alors, ils se jurèrent tous paix et amitié pour eux et tous leurs
descendants. Et Sreng, fils de Sengann, rassembla ceux des Fir Bolg qui avaient
échappé au massacre de Mag-Tured, et il s’en fut vers le Connaught dont il prit
possession [48] .
    Quant aux hommes des tribus de Dana, ils se réunirent une
nouvelle fois pour savoir ce qu’il convenait de faire en Irlande, alors qu’ils
étaient les maîtres de presque toutes les terres de l’Île Verte. Ils convinrent
unanimement qu’il fallait s’établir dans les plaines et dans les vallées et
faire fructifier le sol en y cultivant du blé et en élevant des troupeaux sur
les grandes prairies qui avoisinaient les rivières. Quant à Nuada, le roi
suprême des tribus de Dana, le médecin Diancecht, avec l’aide de l’artisan
Credné, lui fabriqua un bras d’argent doté de tous les mouvements de la main à
chaque doigt et à chaque jointure. Et Miach, fils de Diancecht, le lui
appliqua, jointure sur jointure, nerf sur nerf et veine sur veine, et le guérit
en trois fois neuf jours. Cependant, cette guérison excita la jalousie de
Diancecht. Il brandit avec tant de rage son épée au-dessus de la tête de son
fils qu’il lui coupa la peau jusqu’à la chair du cou. Mais le garçon guérit en
mettant en œuvre son art. Alors, Diancecht le frappa de nouveau et parvint à
l’os. Le garçon guérit encore par la même mise en œuvre de son art. De fureur,
Diancecht le frappa une troisième fois sur la tête et lui atteignit la
cervelle. Et voilà comment Miach mourut de la propre main de son père. Et
celui-ci dit que personne désormais ne pourrait le rendre à la vie.
    Puis il s’adressa aux hommes des tribus de Dana :
« Même si Nuada se présente à vous avec un bras, vous savez tous que ce
bras est d’argent. C’est d’ailleurs pour cela qu’on l’appellera désormais Nuada
au Bras d’Argent. Vous savez également que tout roi qui perd une partie de
lui-même n’est plus capable de régner, car l’intégrité du roi garantit
l’intégralité du royaume [49] .
Il convient donc de choisir parmi nous celui qui est le plus digne d’être notre
roi, car Nuada au Bras d’Argent, quels que soient ses mérites, n’est plus digne
d’occuper cette fonction. »
    Les chefs des tribus de Dana tinrent conseil.
« Diancecht a raison, dit Nuada. Je ne suis plus capable de régner sur
vous tant que j’aurai à déplorer la perte de mon bras. Choisissez donc parmi
vous celui qui vous semblera le plus digne d’être votre roi. »
    Alors, après force discussions, ils finirent par choisir
Bress, fils d’Élatha, parce qu’il était de sang royal, étant le fils d’un
prince des Fomoré. Et c’est ainsi que Bress fut roi d’Irlande pendant sept
années après la bataille de Mag-Tured où les tribus de Dana l’avaient emporté
sur les Fir Bolg. [50]

CHAPITRE III

Lug au Long Bras
    En apprenant que Bress, fils d’Élatha, était devenu roi des
tribus de Dana, les Fomoré se réjouirent grandement, car ils voyaient en lui
l’un des leurs et se faisaient fort, par son intermédiaire, d’imposer aux
habitants d’Irlande des charges aussi lourdes qu’à leurs ancêtres autrefois.
Aussi envoyèrent-ils des messagers à Bress, pour lui rappeler que, si sa mère
était issue des tribus de Dana, son père était Élatha, l’un des grands chefs
des Fomoré, ces géants qui habitaient des îles au milieu du brouillard.
    Et ainsi imposèrent-ils de lourds impôts aux tribus de Dana.
Les hommes d’Irlande devaient leur payer une taxe sur le blé, une taxe sur le
lait et le beurre, une taxe sur chaque pierre qui servait à construire une
maison. Ils devaient aussi leur payer une once d’or par personne, homme ou
femme, adulte ou enfant, sous peine de se voir impitoyablement couper le nez.
Pour comble, le roi Bress, depuis qu’il savait pouvoir compter sur les Fomoré,
abusait de ses prérogatives à son propre profit. Il s’était fait donner des
terres, et il obligeait les nobles des

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