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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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a le don de les raconter. Nous
n’avons décidément que faire de toi. – Mais je suis également sorcier, reprit
Lug. Je connais les incantations qu’il faut prononcer pour empêcher les sources
de couler, les hommes d’entendre le tumulte du combat. Je connais les
sortilèges qui font se lever les tempêtes et se répandre la brume sur les
ennemis. – Là aussi, reprit le portier, nous sommes mieux fournis qu’aucun
autre peuple. Nombreux sont nos sages et nos satiristes qui ont tout pouvoir
sur le vent, la pluie, la mer, la terre. Nous avons également trois
magiciennes, Bobdh, Macha et Morrigane, qui sont les filles d’Ernmas. Toutes
trois savent chanter des incantations au cours des combats et provoquer des
pluies de sang sur nos ennemis. – Toutefois, insista Lug, je suis médecin. Je connais
l’art de guérir tant les maladies que les blessures infligées au cours des
combats. – Tu nous serais bien inutile, répondit le portier, car nous avons le
plus habile médecin du monde. Il se nomme Diancecht, et son fils et sa fille
font également des merveilles. – Je suis également échanson, dit Lug. Je sais
distribuer la bière et l’hydromel au cours d’un festin à toute l’assistance, et
ce en fonction du rang et de la valeur de chacun. – Nous n’avons nul besoin de
toi, riposta le portier, car parmi nous se trouve un échanson qui vaut tous
ceux du monde. Il nous distribue la bière et l’hydromel avec sagesse, et sans léser
aucun de ceux qu’il sert. Ainsi, tu le vois, nous avons parmi nous des hommes
d’art et de science, des hommes et des femmes qui connaissent tous les secrets
du monde. – Eh bien ! dit Lug, va trouver ton roi et demande-lui s’il
connaît quelqu’un qui pratique à lui seul tous les arts que je viens d’énoncer.
S’il en connaît un seul, je renonce à entrer dans la maison royale de
Tara. »
    Le portier rentra donc dans la forteresse et vint à la
maison où se tenait l’assemblée des nobles et des champions des tribus de Dana
autour du roi Nuada au Bras d’Argent. « Roi suprême, dit-il, il y a là, à
l’entrée de la forteresse, un jeune guerrier qui prétend être Lug, fils de
Cian, et qui se dit expert dans tous les arts que cette maison pratique. Je
n’ai jamais vu ni entendu rien de pareil : c’est un homme qui sait tout
faire et qui est Multiple-Artisan [57] . »
    Alors, Nuada pria le portier d’aller chercher le jeu
d’échecs de Tara et d’engager une partie avec le jeune guerrier. Le portier
apporta donc le jeu d’échecs à Lug, et celui-ci gagna la partie. Sans plus
tarder, le portier s’en fut informer de la chose Nuada et les chefs des tribus
de Dana.
    « Qu’il entre donc dans la maison royale, dit Nuada,
car je n’ai jamais vu un homme capable d’autant de merveilles. »
    Le portier s’en fut donc chercher Lug et l’introduisit dans
la forteresse, puis dans la maison où se tenait l’assemblée. Lug y prit le
siège qui était réservé aux sages [58] car, à l’évidence, il était le plus sage de tous ceux qui vinrent jamais se
joindre aux nobles et aux champions des tribus de Dana.
    Entre-temps, Ogma alla chercher la grande pierre qui se
trouvait à l’extérieur de la maison, et qui ne pouvait être soulevée sans les
efforts de quatre-vingts personnes, et, la traînant à travers la maison, la
laissa devant Lug. C’était lui lancer un défi. Or, le jeune guerrier se leva
sans mot dire, prit la pierre et, d’un seul coup, la jeta si adroitement dehors
qu’elle y reprit sa place habituelle.
    « Que ce jeune guerrier nous joue de la harpe !
dit alors Dagda. Il nous faut de la musique si nous voulons nous trouver au
mieux de notre forme. »
    Lug saisit la harpe de Dagda qui était accrochée au mur et,
pour l’assemblée, joua un refrain de sommeil si parfait que tous dormirent une
journée entière, depuis cette heure-là jusqu’à la même heure du jour suivant.
Puis il joua un refrain de sourire, et tous furent en proie à la joie et la
gaieté pendant autant de temps. Enfin, il joua un refrain de tristesse, et tous
furent plongés dans l’angoisse pendant la nuit et jusqu’à la même heure du jour
suivant, se lamentant et versant des pleurs.
    Quand Nuada au Bras d’Argent comprit que le jeune guerrier
possédait des pouvoirs que nul autre n’avait, il réfléchit et se demanda si Lug
ne pourrait les délivrer du joug sous lequel les Fomoré tenaient les tribus de
Dana. Il consulta les nobles de

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