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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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soif
ardente qui les saisira lors de la bataille. Telles seront les prouesses que
nous accomplirons, ô sage Lug au Long Bras, fils de Cian. – Et toi, Craftiné,
reprit Lug en s’adressant au harpiste, quel sera ton haut fait dans la
bataille ? – Ce n’est pas difficile : je jouerai de la musique et de
si douces mélodies sur nos troupes que je les plongerai dans la torpeur du
sommeil jusqu’au lever du soleil le lendemain matin. Après quoi, j’irai
moi-même au combat et tuerai le plus d’ennemis que je pourrai. – Et toi, Bobdh
Derg, fils du vaillant Dagda, dit encore Lug, quelle prouesse sera donc la
tienne ? – Ce n’est pas difficile : je m’élancerai au combat, et il
tombera sous mes coups, dès mon premier assaut, plus de cent guerriers d’entre
les Fomoré. Et je ne cesserai de les poursuivre pour les anéantir et les tuer
aussi longtemps qu’il en restera un seul en vie. – Et toi, Dagda, le plus sage
d’entre nous, dit Lug, quelles prouesses seront les tiennes dans la bataille
contre les Fomoré ? – Ce n’est pas difficile : je me mettrai à
l’avant-garde des hommes d’Irlande, et j’avancerai le premier contre les
guerriers qui nous feront face. Et je les frapperai avec violence, et je
détruirai, tant par mes sortilèges que par mes armes, tous ceux qui me
résisteront. Sous ma massue [61] ,
leurs os seront broyés et aussi dispersés que les grêlons sous les sabots des
chevaux après l’orage. Quand le combat sera à son comble, et même si je suis
couvert de plaies et de blessures, je vous assisterai tous et vous protègerai.
– Et toi, Mananann, fils de Lîr, seigneur des Îles lointaines, dit Lug, quel
haut fait réaliseras-tu dans la lutte contre les Fomoré ? – Ce n’est pas
difficile : j’agiterai si bien mon manteau entre les Fomoré et nos héros
que les Fomoré ne se souviendront plus de la raison pour laquelle ils se trouvent
dans la plaine [62] . »
    Là-dessus, Lug se tourna enfin vers Nuada au Bras d’Argent.
« Et toi, Nuada, dit-il, roi suprême d’Irlande, quel sera ton haut fait
dans la bataille contre les Fomoré ? – Ce n’est pas difficile, répondit
Nuada. En tant que votre roi, je serai parmi vous mais ne combattrai pas. Je
serai toutefois en mesure de nourrir tous les guerriers que comporteront vos
armées, et je n’en laisserai aucun souffrir de la faim ou de la soif tant que
durera la bataille. »
    C’est ainsi que, dans la maison royale de Tara, au milieu de
l’assemblée des nobles et des chefs des tribus de Dana, Lug au Long Bras, fils
de Cian, s’entretint avec les uns et les autres dans l’intention de préparer la
grande bataille qu’il fallait livrer pour se libérer de l’esclavage des Fomoré.
Et il réconforta et harangua tous ceux qui se trouvaient là avec tant d’ardeur
et tant de courage que chacun y puisa la mentalité d’un roi ou d’un prince. Et
cela se passait une semaine avant la fête de Samain [63] .
    Sur ce, ils se séparèrent et se donnèrent rendez-vous la
veille de Samain . Mais, avant de quitter l’assemblée,
Lug, au cours d’une conversation avec Dagda, lui demanda de faire en sorte de
surveiller l’arrivée des Fomoré et de retarder ceux-ci le plus possible par
tous les moyens pour qu’eux-mêmes aient le loisir de se préparer au combat. Et
Dagda promit à Lug d’exaucer son vœu, puisqu’il était le protecteur des tribus
de Dana et devait, quoi qu’il advînt, veiller sur tous ceux de son peuple. [64]

CHAPITRE IV

La grande bataille de Mag-Tured
    Dagda s’était construit une maison dans le nord, dans la
vallée d’Étin. Et comme il y avait fixé rendez-vous à une femme, il ne
s’attarda pas à Tara mais, d’une traite, s’en fut vers le nord, tant le
pressait le désir de se trouver chez lui au jour et à l’heure dits.
    Près de la maison, à l’entrée de la vallée, coulaient deux
ruisseaux, l’un vers l’ouest, en direction du Connaught, l’autre vers le nord,
en direction de l’Ulster. À son arrivée, Dagda aperçut la femme qui se lavait.
Elle se baigna soigneusement le pied droit dans le ruisseau qui coulait vers le
Connaught et le pied gauche dans celui qui coulait vers l’Ulster. Et cette
femme n’était autre que Morrigane, fille d’Ernmas, la magicienne des tribus de
Dana.
    Or, comme Dagda s’étonnait de la voir se laver les pieds
dans deux ruisseaux différents : « Ce n’est pas difficile,
répondit-elle. Ce sont mes sortilèges que je

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