Les cons
tirer dessus.
Je pensais à Lorelei, j'essayais d'imaginer comment elle se sentait. Coupée du monde, dans une prison de haute sécurité. Mais j'y arrivais pas, tout ce que je sentait c'était le vide à coté de moi. Faut comprendre que depuis notre rencontre, on s'était éloignés l'un de l'autre de plus de 10 mètres un nombre comptable de fois. Et chaque fois on avait le stress irrationnel de ne plus se revoir. Pendant que je faisais du stop pour rentrer à Georgestown (le prochain bus était dans 3 heures), je cogitais dans le rouge : Si j'arrive pas à faire cracher 2 000 € à ma famille, je devrais attendre devant la prison une semaine avant d'avoir ne serait-ce qu'un signe d'elle. J'en serait mort de stress. De toute façon, j'avais nulle part ou aller, pas de quoi me payer un hôtel, et j'avais aucun moyen de la recontacter. Pas de téléphone portable, pas d'adresse... Je me préparais déjà à faire du stop jusqu'à Atlanta, avancer la date de mon départ, rentrer à la maison. Alors là je touchais vraiment le fond. Comment une idée pareille a-t-elle pu me traverser l'esprit.
« Bon, j'ai réussi à avoir ton père et ton oncle (qui habite en France). C'est trop tard pour la Réunion, mais ici on peut encore faire quelque chose. Ils sont d'accord pour t'avancer la somme. Ton oncle va faire l'opération et ton père lui versera sa part demain. - Envoyez ça par Western Union, ils ont une succursale dans tous les bureaux de Poste. Faites vite, ça va se jouer serré. - Western... Union... c'est noté, je lui transmet. - Merci, je vous en doit une. - Hé hé, tu nous en doit 2000 maintenant. - Je te tiens au courant au fur et à mesure. »
Le transfert à pris une éternité. J'ai reçu la thune à midi, il manquait 150 $.
De midi à 3h30, j'ai fait les banques une par une pour réussir à retirer 150 $, mais mon compte est plafonné. J'ai réussi à avoir que 100 $. Je suis allé au tribunal avec ça. « 1950 $ c'est pas 2000 $ ». J'ai même failli me retrouver enfermé moi même pour menaces. Finalement, un quarante-douzième distributeur de billet m'a craché les 50 manquants, il était 16h10, on m'a dit qu'elle avait été transférée.
Là c'en était trop. J'avais plus UN dollar suite au paiement de la rançon. Ces cons ils me l'emmenaient à 200 km. Je leur ai demande quelque chose de simple : Quand elle arrive, quand vous la libérez, faites lui savoir que je suis en route. Il faut qu'elle m'attende sinon je la perd pour de bon. Je savais qu'elle ne resterait pas plantée devant la porte de fer sans savoir si je venais. Niet, on communique pas avec un détenu. Je me suis concentré de toutes mes forces et le cerveau de tous les occupants du bâtiment a explosé repeignant les murs à la matière grise. Je suis sorti en enjambant les cadavres décapités et en échafaudant un nouveau plan.
Mon plan c'était de retourner voir le flic qui nous avait arrêté, je me rappelais de son nom, lui mettre le nez dans son caca : « REGARDE! Y a une fille innocente de 21 ans en prison haute-sécurité à cause de toi! » et essayer de l'utiliser comme intermédiaire pour parvenir à contacter Lorelei à son arrivée.
Un mec en Austin mini, la nouvelle, m'a pris en stop. Je lui ai raconté l'histoire, il a fait un grand détour pour me déposer devant le commissariat. Il m'a laissé sortir avec un regard qui s'excusait d'être citoyen de son pays de merde.
Le flic était là. Il m'a reconnu. La culpabilité se lisait sur son visage. Il m'a raconté la mascarade de procès auquel elle a eu droit. Sa mâchoire avait heurté le sol quand il apprit qu'elle allait en haute-sécu avec une caution de serial-killer. Il m'a prêté son téléphone pour que j'appelle la prison de Wilmington. Elle était encore en route, mais je voulais qu'il lui disent de m'attendre une fois qu'elle serait sortie. Je me suis fait raccrocher à la gueule. Pop le cerveau.
Alors le flic m'a pris dans son 4x4, et il m'a emmené à notre voiture. Il m'a déposé là et il m'a dit : « Fiston, ta voiture est là, tiens je te file les clés. Maintenant, je tiens à te rappeler que tu n'as absolument pas le droit de conduire. ». Je descends, il continue : « Maintenant je vais rentrer au poste. Une fois que je serais plus là, je veux pas savoir ce que tu feras avec ces clés et cette voiture. Tu prends tes responsabilités. » Je pleurais comme une
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