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Les cons

Les cons

Titel: Les cons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Julien Boyer
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fontaine, j'ai pas pu lui dire au revoir mais je lui ai fait signe de la main.
        Le jour le plus long de ma vie. 40 heures sans dormir, un repas dans la journée, surcharge émotionnelle. J'ai fait trois pauses café, conduit 5% au dessus des limites de vitesse. C'était pas le moment de se faire arrêter.
        Sur les indication d'un pompiste, j'ai réussi à trouver l'endroit. Le temps que je me gare, coupe le moteur et que je ferme la portière, elle sortait du bâtiment. Timing invraisemblablement parfait. Elle était auréolée d'une sorte de lumière surnaturelle quand elle s'est mise à courir vers moi. Je me frottais les yeux. Y avait quoi dans ces cafés ? Elle m'a serré plus fort que j'avais l'impression de mériter. Comme si je l'avais sauvée de l'enfer ou un truc romantique à la con comme ça.
        Elle m'a raconté son coté de l'histoire après coup, et c'était pas du joli.
        Son « procès » à 3h du mat : Une salle d'attente avec une dizaine d'accusés et un juge au guichet, derrière une vitre blindée. On prend un ticket et on passe un par un, accompagné de l'officier qui t'a arrêté. Quand son tour est arrivé, elle est allée au guichet avec le flic. Le juge avait déjà sorti son dossier. Il l'a parcouru quelques secondes et a déclaré : « 2 000 $ de caution, procès dans une semaine, d'ici là : haute-sécurité ». À aucun moment il n'a levé les yeux du papier pour voir qui il condamnait. Je l'ai interrompue pour lui dire que le flic, qui était nouveau et dont c'était la première arrestation a été proprement choqué par ce procédé inhumain de condamnation quasi-industrielle. C'est là où il l'a perdue de vue.
        Ensuite dans une cellule éclairée au néon avec une dizaine d'autres meufs. Les chiottes dans un coin, tu pisse devant tout le monde. Les officiers bornés comme des programmes DOS, arrogants comme des... keufs étasuniens. Humiliation maximale. Ensuite le transport en cage roulante. Un petit kit de « nettoyage de fluides corporels » dans une armoire. Au cas où tu te chie dessus pour de vrai. Les autres détenues étaient accusées de meurtre ou de trucs dans le genre. Elle rigolaient quand Lorelei leur a dit pourquoi elle était là. Tous ça dans l'ignorance totale de ce que j'étais devenu, sans pouvoir prévenir sa famille, comme un caca dans l'évacuation des chiottes. L'impuissance la plus totale.
        Et puis la prison pour femmes... Aux états unis, quand t'as un casier judiciaire, tu peux pas trouver de taf (les employeurs y ont accès). Ce qui t'oblige un peu à vivre du crime jusqu'à la fin de ta vie, mais bon, j'imagine qu'ils y ont pas pensé à ce détail. Elle, elle était là en transit. Son procès avait pas encore eu lieu. Mais va faire comprendre ça à un programme DOS. Empreintes, photos, elle est passée par la procédure d'enregistrement, son avenir aux chiottes.
        Enfin, on a obtenu que ce soit annulé à sa libération.
        Quand elle est sortie, elle a remarqué qu'il y en avait pas une qui avait toutes ses dents. L'une des plus amochée était la depuis une semaine seulement...
        Voila. On a passé la semaine dans un motel qui a sucé le reste de nos économies. Dans un état de stress qui nous a bouffé vivants. Son procès était une comédie : Pas d'avocat, elle a du répondre oui à tous les chefs d'accusation en échange de quoi elle avait une peine un peu réduite. Justice, quand tu nous tiens... Faites gaffe, l'ex-ex ministre de l'intérieur qui est maintenant... heu ministre de l'intérieur (Nicolas Sarkozy) a essayé de mettre en place le même système en France ! J'ai récupéré la caution un peu plus tard. On est reparti délesté de plusieurs centaines de dollars, d'une semaine et demi de temps et chargés de quelques tonnes de haine pour moi et de souffrance pour elle.
        Ce qui me fait me demander pourquoi on fait nos essais nucléaires à Mururoa, alors qu'il y a plein de place pour ça de l'autre coté de l'Atlantique. J'imagine que ça serait manquer de considération pour les Canadiens et les Mexicains.
        J'ai un peu les mains qui tremblent, je reviens dans 20 minutes.

        Vendredi 28 juillet 2006
        Finalement on s'est levés. On est allés faire les course, je leur ai fait un cari poulet un peu fade. JP nous a lu un passage des Frères Karamasov, mais comme il pouvait pas s'arrêter, le livre a tourné de main en main, chacun en

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