Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les cons

Les cons

Titel: Les cons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Julien Boyer
Vom Netzwerk:
clés. J'ai insomnié une heure jusqu'au lever du jour. Il m'avait dit que la prochaine ville était à une heure de marche. Faut se méfier quand ce genre d'info est donnée par un obèse. Si j'avais pas fait de stop, ça m'aurait pris la journée.
        Les automobilistes du matin sont généralement très conciliant. Effectivement le premier qui passe s'arrête. J'allais à Georgestown, la capitale, pour avoir le résultat du procès. Il pouvait m'avancer jusqu'à mi-route. Évidemment, il était étonné de voir un autostoppeur sur la route avant 6h du mat. Alors je lui ai expliqué l'histoire. Premier retour-de-bâton nerveux, j'ai explosé en larmes dans la voiture. Et j'ai pas vraiment réussi à m'arrêter avant la destination. Le gars m'a laissé sortir à contre cœur : « Faut que tu mange quelque chose, attends je te donne 10 $ — Non j'ai pas le temps, je mangerais demain, merci encore ». Objectif, trouver un bus pour Georgestown.
        J'aurais du m'y attendre. Le mec de la mairie m'a regardé un moment avec la mâchoire pendante quand j'ai mentionné le concept de « transport public » devant lui. J'ai décidé de pas lui expliquer et de continuer en stop. Assez de temps perdu bordel.
        Le problème avec le stop c'est que ça sert à rien dans une ville, il faut atteindre la périphérie. Je me repère au soleil et commence à remonter l'avenue. Klaxon dans mon dos : C'est le même mec qui m'avait pris la première fois : « écoute gamin, je vais te conduire à Georgestown. Faut juste que je passe chez moi pour me changer avant ». Re-crise de larmes.
        Il m'a laissé dans le jardin pendant qu'il enfilait son déguisement de cadre. Et puis il m'a posé à Georgestown. Direction le tribunal.
        Son vrai procès aura lieu dans une semaine. Entretemps ils la gardent au frais en prison. Comme y a juste une prison haute sécurité dans cet état, c'est là qu'ils l'ont mise. Il n'est pas possible de communiquer de quelque manière que ce soit avec un détenu en haute sécurité. Une logique implacable comme vous pouvez constater. Sa caution a été fixée à 2 000 $, l'équivalent à l'époque de 2000 €. La prison où elle est en ce moment est juste au bord de Georgestown et c'est une prison masculine. Donc elle va être transférée à Wilmington, dans l'équivalent féminin, à 16h. Wilmington étant à 2h de route au nord, j'ai intérêt à me bouger le cul et à trouver 2000 $ avant qu'ils la déplacent.
        Avoir une grande famille c'est la louse quand il faut faire la bise à 50 tontons et taties qui se rappellent tous quand tu étais pas plus gros que ça, mais toi t'as l'impression de les voir pour la première fois. Mais des fois ça sert : J'ai essaye mes deux parents et la grand mère qu'il me reste, répondaient pas. Mon carnet contenait quelques numéros de ma famille en Métropole, j'essaye une de mes tantes. Elle décroche.
        Je lui ai expliqué la situation posément, pour pas qu'il y ait de confusion. Je lui ai dit que j'arrivais pas à joindre la Réunion. Je lui ai aussi rappelé que le décalage horaire nous laissait très peu de marges : 6 heures avec la France, 8 avec la Réunion. Il fallait agir avant la fermeture des banques et des bureaux de poste, 17h locale, c'est à dire 9h du mat pour moi. Chaud. Elle a écouté calmement et m'a demandé comme j'allais moi. « C'est pas le problème. J'irais bien quand elle sera dehors. En attendant, je suis son seul contact à l'extérieur ». « Ok, je m'occupe de ça toutes affaires cessantes. Rappelle moi dans une demi heure ». Cette femme s'appelle Françoise Michel. Si à sa mort elle n'entre pas au balcon VIP du paradis, je fais un procès à Dieu.
        Tu m'entends vieux corniaud ?
        J'ai décidé d'aller à la prison entre temps. Coup de chance, l'un des 5 bus de la journée est sensé passer dans 10 minutes. Évidemment, il était vide. Qui va aller prendre un bus qui passe que 5 fois par jour ?
        La prison était un gros blockhaus haut de 4 étages. Fossé, périmètre de sécurité, barbelés à mi hauteur des murs, miradors. Un camp de concentration. La partie administrative était détachée du bâtiment principal. Dedans, y avait une administrateuse qui faisait son boulot. Après 20 minutes de lutte avec elle, j'obtins qu'elle me répète ce que le tribunal m'avait dit. Au retour, un garde m'a crié de marcher plus loin des murs si je voulais pas me faire

Weitere Kostenlose Bücher