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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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a joué sur l'éloignement, la fatigue. Tu n'es guère plus que sa maîtresse du moment, et quand il sera las de toi, il t'enverra promener.
    Il était mieux pour elle d'apprendre l'amère vérité, quelque cruelle qu'elle pût apparaître à ses yeux, sur 1 instant.
    — J'aime Rhea, fut la réponse de Dante. Je ne nierai pas que j'ai pu exercer une certaine influence sur elle. On peut même éventuellement m'accuser de l'avoir séduite.
    — Non, Dante. Je suis venue à toi volontairement.
    Elle sentait la main de son père se contracter dans la sienne.
    — Avais-tu le choix ? J'ai décidé que je te voulais. J'aurais honoré ta vertu, tu serais encore innocente.
    — Répugnant personnage ! fit froidement lord Dominick.
    Il saisit son épée.
    — Père, je vous en prie ! Vous ne comprenez pas ! Dante est mon mari !
    Elle agrippa à deux mains le poignet armé de son père et 1’empêcha de continuer son mouvement. Frappé dans le dos, le duc n'aurait pas fait plus horrible rictus. Loin de tempérer sa colère, cette nouvelle le fit éclater :
    — Ce mariage sera annulé ! Aviez-vous oublié qu'il y a une loi, ici ? Rhea n'est pas majeure, et sans mon consentement, rien n'est possible ! Vous n'êtes pas en Angleterre depuis assez longtemps pour...
    — Nous n'avons pas célébré ce mariage en Angleterre, ajouta Dante, tirant un plaisir coupable de 1’expression désemparée du duc. Nous nous sommes mariés à New Providence devant un prêtre et des témoins. Notre mariage est inscrit dans le registre paroissial, signé par nous deux, et c'est une chose indissoluble aux yeux de Dieu et des hommes. Ce mariage, ajouta-t-il, a été consommé.
    Lord Dominick n'eut pas l'air d'avoir entendu. Son comportement n'était qu'indifférence, et c'était là précisément le danger.
    —Alors, ma fille Rhea sera veuve avant la nuit, laissa-t-il finalement tomber.
    Dante n'entendit qu'imparfaitement la sentence, prononcée sans intonation particulière. Sir Morgan Lloyd, qui était resté en retrait, entendit également le raclement de 1’épée sortant de son fourreau. L'affaire était au plus haut point de tension, et l'officier aurait donné une grande partie de sa solde pour se trouver ailleurs. Il s'avança cependant d'un pas, avant de réaliser que Dante Leighton n'avait pas touché à son arme.
    — Je ne lèverai pas la main contre vous. Vous pouvez me provoquer, m'insulter, je ne me battrai pas, déclara Dante. Vous êtes le père de Rhea, Rhea est ma femme, et pour cette seule raison, je vous épargnerai. Je ne suis pas fou : ce duel ne m'apporterait que du malheur. Si je vous tue, votre fille se retournera aussitôt contre moi, et je la perdrai. Si vous voulez vraiment me tuer, prenez garde aux conséquences : ce serait certainement un meurtre, devant des témoins, en présence de votre propre fille. Vous y perdriez certainement Rhea.
    L'argument était de poids. Sir Morgan respira plus facilement. Il était impressionné par la logique et le sang-froid de Leighton. Cet homme possédait un instinct étonnant de survie, qui lui permettait non seulement d'échapper à son sort, mais aussi de tirer profit d'une situation périlleuse.
    Le coup avait-il porté ou non ? Nul ne le saurait jamais.
    — J'attends un enfant...
    Les deux hommes, qui étaient l'instant d'avant prêts à en venir aux mains, figèrent leur regard sur le mince visage de la jeune femme qui se tenait encore entre eux.

    Sir Morgan toussa discrètement pour attirer l'attention :
    — Je crois qu'il est temps pour moi de prendre congé, fit-il avec une certaine solennité. Je crains de m'être déjà trop attardé, mais soyez sans inquiétude, je serai discret.
    — Merci, sir Morgan, mais je n'ai jamais pensé un seul instant que vous né le seriez pas, répondit Rhea en s'avançant vers lui, la main offerte. Je ne saurai jamais vous remercier assez de vos attentions !
    — Lady Rhea, ce fut certainement un privilège, répliqua sir Morgan avec galanterie. Je n'aurai sans doute plus le plaisir de votre compagnie. Adieu donc, je vous souhaite un bonheur sans limites, lady Rhea.
    — Merci, sir Morgan. J'espère pourtant que nous pourrons vous revoir chez nous, à l'occasion d'une visite en Angleterre. Il s'agit d'une invitation.
    — Ce sera un honneur pour moi.
    Le duc et Dante Leighton attendaient en silence. Sir Morgan se tourna vers son ancien adversaire.
    — Capitaine, ce n'est certes pas de cette façon que je pensais finir notre partie.

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