Les contrebandiers de l'ombre
j'allais enfin rentrer à la maison.
Elle s'appuya avec satisfaction sur l'épaule de Dante. Ses yeux étaient fermés, et elle ne vit pas l'étrange expression qui s'empara du visage de Dante.
— Tu t'es sentie en sécurité et heureuse avec moi, n'est-ce pas ?
Elle le regarda avec surprise :
— Mais bien sûr !
— Et tu es toujours heureuse d'être ma femme ?
— Bien entendu !
— Et d'attendre notre bébé ?
— Plus heureuse que je ne pourrais jamais l'exprimer, répondit Rhea, cherchant dans les yeux gris et fatigués de son mari ce qu'il pensait de cette paternité inattendue.
— Bien. N'oublie pas que tu es lady Rhea Claire Jacobi et que cet enfant sera un Leighton.
C'est le nom de ta famille et ta maison ne sera pas toujours Camareigh.
La mise en garde de Dante et son regard intense effrayèrent un peu Rhea. Elle répliqua pourtant avec sérénité :
— J'ai accepté cela quand je t'ai épousé, Dante, et je persiste à t'aimer, sois-en bien sûr !
La tension cessa de peser sur les traits de son mari.
— Je n'oublierai pas ces mots, promit Dante.
— Est-ce que cela te fait plaisir, le bébé? demanda-t-elle timidement.
Mais oui, la joie autant que, la passion se lisaient sur le visage de Dante Leighton. Ils se serrèrent fortement dans les bras l'un de l'autre.
— Tu ne m'échapperas pas, maintenant, mur-mura-t-il.
— Bientôt, ça me sera difficile ! plaisanta-t-elle.
— Je ne puis te persuader de rester ? demanda-t-il presque contre ses lèvres. Je ne serais pas long avec le partage. L'équipage est impatient, de toute façon.
— Je t'en prie, Dante. Ne rends pas les choses plus dures qu'elles ne le sont ! Il faut que j'y aille, fit-elle avec force, refoulant son désir de rester dans ses bras.
— Tu vas me manquer, soupira Dante, contre la douceur parfumée de ses cheveux. Je n'ai pas dormi seul depuis de nombreux mois. Comment vais-je faire pour me réchauffer ?
— Je donnerai des ordres pour qu'une chambrière mette une bouillotte dans le lit chaque soir, mais c'est tout, pas plus que la bouillotte.
Elle succombait rapidement à la sensualité de ses caresses. Il dessina de la main la courbe de ses seins. Le silence tomba dans la chambre jusqu'à ce qu'un bruit de pas s'approchant dans le corridor, derrière la porte close, tirât Rhea de son rêve. Elle libéra ses lèvres de celles de Dante.
— Je crois qu'il y a quelqu'un qui...
Dante acquiesça. Une malédiction les frappait dans cette auberge : ils étaient sans cesse dérangés. Avec regret, il dégagea Rhea de son étreinte quand les coups redoublèrent.
— Pas de doute, ce sont les chiens de garde de ton père.
Dante recula jusqu'au coin de la cheminée et contempla la danse des flammes, sans un geste, tandis que les femmes de chambre s'affairaient à plier les vêtements qu'elles avaient admirés la veille. Dante tourna le dos, refusant de participer au départ comme aux préparatifs de Rhea, mais il entendit les exclamations des jeunes filles qui aidaient sa femme à s'habiller, et il ne put résister à la tentation de jeter un coup d'œil.
Habillée de la robe rose décorée de fleurs sauvages et de papillons voletants, elle apportait toute la fraîcheur du printemps dans la morne chambre londonienne. Ses cheveux d'or étaient simplement rejetés en arrière, retenus par un nœud. C'est avec une profonde tristesse que Dante vit ses épaules d'ivoire disparaître sous la cape de velours bleu.
Il détourna le regard. Aucun feu au monde n'aurait pu le réchauffer à ce moment. Dès que le duc serait rentré à Camareigh avec Rhea, il ferait certainement tout ce qui serait en son pouvoir pour ruiner ce mariage. Il sentit une douce main, légère comme une plume, se poser sur son épaule. Il prit cette main et fixa l'anneau qui l'ornait.
— Viendras-tu bientôt? demanda Rhea, connaissant les appréhensions de son mari.
— Très bientôt ! Et je parie même que tu seras à l'affût de mon arrivée. Mais je doute que ton père m'autorise à franchir les portes de son domaine.
— Je suis désolée que cette première rencontre se soit si mal passée, mais tu dois admettre que les circonstances de notre mariage ont été assez bizarres. Souviens-toi qu'au départ il pensait que tu m'avais enlevée. Donne-lui un peu de temps pour t'accepter. Quand il verra combien nous nous aimons, il ne mettra plus d'objections à notre union. Les autres membres de ma famille seront très heureux, et impatients de
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